En direct
A suivre

Xavier Baron : "La Russie est la clé du problème syrien"

La ville d'Alep, dévastée par les combats et les bombardements. [ALEPPO MEDIA CENTER / AFP]

Plus de 70.000 morts, un million de réfugiés et un pays en ruine. Tel est le constat de la situation en Syrie deux ans après le début de la révolte. Xavier Baron, journaliste et ancien directeur de l'AFP pour le Proche-Orient explique à Directmatin.fr les enjeux et les blocages de la situation syrienne.

 

Deux ans après le début de la révolte syrienne, la situation semble paralysée…

Aucune initiative diplomatique n'a abouti et aujourd'hui la situation est au point mort.

Sur le terrain, contrairement à ce que certains avançaient au début du conflit, les forces de Bachar al-Assad tiennent. Et en face, les rebelles qui gagnent du terrain n'ont pas les moyens de battre l'armée du régime. Il y a un réel équilibre des forces et cela peut donc durer encore un certain temps.

 

Y-a-t-il encore un espoir de sortie de crise, des solutions ?

Dans tout conflit, on finit par trouver des solutions. Encore faut-il avoir une vision globale de la situation.

Depuis le début, il est assez clair que la Russie est la clé du problème. Or, la diplomatie n'a pas mis assez de moyens pour les faire changer de position. La Russie ne veut pas être écartée de son seul point d'ancrage dans la région (la base militaire de Tartous, ndlr). Les Russes ne lâcheront pas le régime tant qu'une solution ne leur garantira pas de conserver leurs intérêts.

 

Pourquoi jusqu'ici la Coalition nationale syrienne n'est pas parvenue à se structurer ?

C'est aussi un des problèmes majeurs, dont les Occidentaux ne se sont pas assez préoccupés.

Il y a eu le Conseil national syrien puis aujourd'hui la Coalition nationale syrienne. Cette opposition est bloquée par ses divergences internes. Le constat, deux ans après, c'est qu'elle n'a toujours pas été en mesure de présenter un programme, un projet pour le pays.

 

Que penser de l'appel de Paris et Londres à lever l'embargo sur les livraisons d'armes à l'opposition

C'est assez troublant. Cela montre d'abord que la diplomatie occidentale est en échec depuis deux ans dans ce conflit.

Et surtout, où ces armes vont-elles aller ? Qui peut le savoir ? On sait déjà que les armes envoyées par l'Arabie Saoudite et le Qatar atterriront un jour entre les mains des jihadistes. Rien ne garantit que les armes ne tomberont pas là où on ne veut précisément pas qu'elles tombent.

Il serait beaucoup plus utile de discuter avec les Russes et l'opposition.

 

Jusqu'à hier, François Hollande était fermement opposé à une telle démarche. Comment peut-on expliquer ce revirement ? 

Pour moi, c'est un constat d'échec. Je ne l'explique pas autrement.

 

Xavier Baron publie "Aux origines du drame syrien - 1918-2013" (Editions Tallandier)

 
 
Et aussi sur Directmatin.fr : 
 
 
 
 
 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités