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"Libye, Tunisie et Egypte ne sont pas revenus à la case départ"

[ ©AFP PHOTO/MOHAMMED ABED
]

Alors que la Libye célèbre les deux ans de la révolte populaire qui a renversé en 2011 le régime de Mouammar Kadhafi, Pierre Vermeren, spécialiste de la région et auteur de Idées reçues sur le monde arabe (ed. le cavalier bleu), fait le point sur le printemps arabe. Pour lui, même si les espoirs sont loins, "ces pays ne sont pas pour autant revenus à la case départ".

 

Comment expliquer ce "contre coup" deux ans après les révoltes arabes ?

Après l’euphorie de la révolution, les élections libres ont fait naître des espoirs. Mais le processus a été plus long que prévu. La tension est montée, et avec elles les premières violences. Si l'on ajoute à cela la crise… Mais ces pays ne sont pas pour autant revenus à la case départ. Personne ne s’attendait à ce que ce soit facile. L’histoire s’écrit toujours dans des conditions difficiles.

 

Quel est le point commun entre La Libye, la Tunisie et l'Egypte ?

Le point commun entre les trois est l’existence de combats idéologiques entre islamistes et républicains, entre libéraux et traditionalistes. Il n’y a pas de consensus mais une dynamique politique porteuse d’espoirs.

 

Quelle est la particularité de la Libye ?

Le bilan est inachevé, mais le processus constitutionnel est en cours. Il y a une grande faiblesse de l’Etat car il n’y a jamais vraiment eu d’Etat par le passé. Il y a des groupes régionaux, tribaux, des milices très importantes, donc des opinions différentes selon les régions. L’insatisfaction se trouve surtout à l’Est, là où tout a commencé il y a deux ans. Cette région s'oppose au pouvoir central. Mais les revendications se font sans trop de violence car il y a un vrai attachement à la Libye.

 

Et en Tunisie, là où les révoltes arabes ont commencé ?

La liberté d’expression est revenue mais les problèmes politiques sont nombreux. Les tensions entre islamistes et libéraux empêchent la rédaction de la Constitution. Le meurtre du leader d'opposition Chokri Bélaïd a été un révélateur. Depuis des mois, le pays fait face à des violences politiques. Heureusement, il y a une volonté, notamment parmi les élites du pays, d’éviter le chaos.

 

La situation semble un peu la même en Egypte ?

Il existe de grandes similitudes avec la Tunisie, sauf qu’en Egypte, les islamistes sont majoritaires. Ils ont imposé la constitution et ont voulu mettre la main sur les institutions de manière unilatérale.

Mais comme en Tunisie, les islamistes ont de grandes difficultés à gérer le pays d’un point de vue économique. Ils sont contestés par une partie de la population et ont peur de perdre de nouvelles élections.

 

 

 

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