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Mali : la guerre quasi invisible

Des reporters au Mali. [FRED DUFOUR / AFP]

Les images des combats menés au Mali sont quasi inexistantes dans les médias télévisés. L’armée veille sur leur diffusion.

Pas une journée ne passe sans que les médias ne fassent état des avancées des forces franco-maliennes au Nord-Mali. Pourtant, à la télévision, on ne voit aucune image des combats. Les téléspectateurs des journaux télévisés doivent se contenter de reportages dans les villes libérées, et des vidéos fournies par l’Ecpad (l’Etablissement de communication et de production des armées). Une stratégie étudiée.

 

Une communication encadrée

«Tous les jours, on envoie des images photo et vidéo à la presse», même si ce ne sont que «des prises de vue militaires», expliquait récemment le ministère de la Défense.

Pour les journalistes sur place, la situation est difficile à vivre. Ceux qui se sont rendus sur place se plaignent des contraintes qui leur ont été imposées, notamment la présence de barrages sur les routes tenus par les troupes maliennes. «Une fois là-bas, on en vient à se poser des questions sur la réalité de cette guerre, nous a expliqué Hugues Huet, grand reporter pour France 3. Lorsque nous avons enfin été autorisés à entrer à Tombouctou, nous avons vu un campement de jihadistes brûlé, des pick-up brûlés, mais pas de cadavres.»

Les zones de combat, où opèrent les forces spéciales, demeurent étroitement verrouillées. Et il est quasi impossible pour les journalistes de passer outre. «Il y a peu de routes, et la nature de l’adversaire, qui implique un risque élevé d’enlèvements, fait qu’on ne peut pas couvrir le conflit de son côté», explique Hugues Huet.

L’armée, de son côté, souhaite éviter au maximum que les journalistes ne s’exposent. Le colonel Burkhard, porte-parole de l’état-major des armées, rejette toute volonté de censure. Selon lui, il s’agit aussi «de ne pas mettre en danger les soldats sur place», car les journalistes sont susceptibles de révéler, sans le vouloir, de précieuses indications à l’ennemi : outre la position des troupes, on pourrait craindre qu’ils donnent des informations mettant en danger les otages retenus dans la région.

 

Ménager l’opinion

L’absence d’images de cadavres pourrait aussi répondre au souci de ménager l’opinion. Lors de la guerre du Vietnam, les images de cadavres rapportées par les journalistes avaient profondément traumatisé les Etats-Unis, alimentant les rangs des mouvements pacifistes. «C’est le problème de toute guerre, il faut éviter à tout prix que l’opinion ne voie les morts que son armée nationale a faits, ou qu’elle a enregistrés, à l’heure du repas», analyse François-Bernard Huygue, spécialiste à l’Iris.

Mais selon le colonel Burkhard, il s’agit surtout de préserver la dignité des victimes : «J’ai l’impératif de préserver la dignité de mes soldats. Et je ne me vois pas montrer des photos de cadavres ennemis pour la même raison. Je suis parfois surpris de l’attitude morbide des journalistes».

 

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