Le journaliste Nadir Dendoune est détenu dans une prison de Bagdad depuis plus d'une semaine pour avoir pris des photos sans autorisation. Du 9-3 à l'Everest, en passant par l'Australie, portrait d'un homme qui laisse une trace partout où il passe.
Nadir Dendoune, 40 ans, s'était rendu en Irak pour réaliser des reportages sur le 10e anniversaire de l'invasion du pays destinés au mensuel français Le Monde Diplomatique. Journaliste indépendant, il collabore régulièrement avec L’Humanité et Le Courrier de l’Atlas, et a également publié plusieurs articles sur le site Rue 89. Pourtant, Nadir Dendoune est venu au journalisme sur le tard.
Né en 1972, à Saint-Denis (93), il suit une scolarité normale, esquivant de temps en temps la délinquance qui l'entoure (un passage de deux semaines à Fleury-Mérogis, en mandat de dépôt, lui suffira).
En 1993, avec un bac économique en poche mais pas d'opportunité, il décide de s'envoler pour l'Australie. Il y reste sept ans et acquiert même la nationalité. En 2001, il se lance dans un tour du monde à vélo pour récolter des fonds destinés à la Croix-Rouge. Un road trip qui le fais revenir en France quelques temps.
Bouclier humain en Irak
2003, la guerre éclate en Irak. Après plusieurs manifestations à Paris, Nadir Dendoune s'envole pour Bagdad où il va faire le bouclier humain durant des semaines pour empêcher les bombardements américains. De cette expérience naîtront une exposition photo et un livre, Journal de guerre d'un pacifiste (2005). Une première expérience de photo-journalisme qui en appellera d'autres.
Sorti diplômé du Centre de Formation de Journalistes (CFJ) en 2006, il commence à travailler pour différents médias nationaux (Le Parisien, France 3). L'année suivante, il publie son deuxième ouvrage, Lettre ouverte à un fils d'immigrés, adressé au ministre de l'Intérieur de l'époque Nicolas Sarkozy.
Alors qu'on pourrait penser que Nadir Dendoune a gravi tous les échelons, le franco-algéro-australien voit encore plus haut. Et quoi de plus haut que l'Everest ? Le 25 mai 2008, il atteint le sommet du célèbre mont de l'Himalaya, devenant par la même occasion le premier algérien à réaliser cette performance. Un récit raconté dans Un tocard sur le toit du monde (2010).
En ce début d'année 2013, le "tocard" s'est donc rendu en Irak, dix ans après y avoir servi de bouclier humain. Là aussi il fait parler de lui, mais il aurait sûrement préféré qu'il en soit autrement.
Et aussi sur DirectMatin.fr :
Un journaliste français incarcéré à Bagdad pour des photos non autorisées