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La torture, une pratique "tenace dans un pays sur deux"

Lors d'une manifestation aux Etats-Unis contre la pratique de la torture dans le camp de Guantanamo. [SAUL LOEB / AFP]

Dans son nouveau rapport annuel, l'ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture) dresse le bilan de la pratique de la torture dans le monde et dénonce les "filières de formation des bourreaux" ainsi que le "commerce florissant" des instruments de torture.

Pour ce nouveau rapport, l'ONG a analysé 19 pays "autoritaires ou démocratiques", complétant ainsi sa cartographie de la torture dans le monde (64 pays étudiés au total). Et le constat est édifiant : "Un pays sur deux pratique la torture, écrivions-nous en 2010. Cela reste hélas d'actualité". La torture est "une pratique endémique et tenace", souligne encore l'ACAT.

Selon le rapport, les victimes des tortionnaires sont toujours les mêmes : opposants politiques, journalistes, syndicalistes, défenseurs des droits de l'Homme, membres de minorités ethniques ou religieuses, peuples autochtones et surtout délinquants de droits commun. "La plupart des personnes torturées dans les locaux de la police sont accusées de crimes ou délits ordinaires", note les auteurs. Et la torture concerne aussi bien les pays démocratiques que les pays aux régimes totalitaires.

L'ACAT souligne également la persistance des systèmes tortionnaires après la chute des régimes dictatoriaux. "Quand la torture a gangréné tout un système, elle ne peut s'arrêter du jour au lendemain, on peut parler d'une véritable 'inertie' de la torture", relève Jean-Etienne de Linares, délégué général de l'ACAT. Le rapport cite en exemple le cas de la Tunisie où, selon l'ONG, beaucoup de policiers et de gardiens de prisons "continuent en toute impunité de maltraiter les détenus". L'organisation identifie deux raisons à cette caractéristique : le manque de formations et de ressources financières. Les policiers ne savent pas comment "procéder autrement" et il est plus aisé et "moins onéreux d'obtenir des aveux en frappant les suspects qu'en recherchant des preuves matérielles". L'autre explication est celle de "l'existence d'un système judiciaire affaibli". 

Le rapport se penche également sur le "commerce florissants" des instruments de torture. En effet, outre le détournement d'objet ou de technologie de leur usage, certains objets sont "spécifiquement destinés" à la torture (matraques à pointes, ceintures infligeant à distance des décharges électriques…). S'appuyant sur les données de l'ONG Omega Research Foundation, l'ACAT souligne ainsi que "certaines armes à létalité réduite, censées servir au maintien de l'ordre ou à restreindre les mouvements des détenus, sont en réalité conçues pour infliger des douleurs violentes".

L'organisation analyse aussi "les filières de formation des bourreaux" et notamment le cas de "L'Ecole des Amériques", dont "le programme principal était la contre-insurrection". Elle a abouti à la formation de 59.000 militaires, policiers et civils en Amérique latine, dont beaucoup ont été impliqués dans des phénomènes de torture.

Ce troisième rapport de l'ACAT fait ainsi un état des lieux de la torture dans le monde et analyse également le phénomène car l'organisation considère "qu'informer, dénoncer et agir sont des enjeux majeurs pour tous". 

 

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