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Un agent de la CIA condamné à 30 mois de prison

Le logo de la CIA [Saul Loeb / AFP/Archives] Le logo de la CIA [Saul Loeb / AFP/Archives]

Un ancien agent de la CIA a écopé d'une peine de deux ans et demi de prison vendredi pour avoir divulgué le nom d'un collègue impliqué dans le programme d'interrogatoires musclés des prisons secrètes de la CIA, dont il avait dénoncé vigoureusement la pratique.

John Kiriakou, 48 ans, salarié de l'agence américaine de renseignement de 1990 à 2004, avait plaidé coupable en octobre devant le tribunal fédéral d'Alexandria (Virginie, est), pour éviter un procès.

Il avait reconnu avoir divulgué à un journaliste le nom d'un agent de la CIA sous couverture, impliqué dans le programme d'interrogatoires de détenus soupçonnés d'appartenir à Al-Qaïda dans les prisons secrètes de la CIA. Certaines de ces techniques d'interrogatoires avaient été assimilées à des actes de torture.

Mais le nom de l'agent sous couverture avait été retrouvé en possession de l'avocat d'un détenu de "grande valeur" de la prison de Guantanamo, à Cuba, qui était passé par ces prisons secrètes. Cette découverte avait déclenché une enquête fédérale en 2009 et permis de remonter jusqu'à John Kiriakou.

Celui-ci s'était rendu célèbre en décembre 2007, sous l'administration Bush, en accordant un entretien à la chaîne de télévision ABC, lors duquel il avait confirmé pour la première fois que la technique de la simulation de noyade avait été utilisée contre Abou Zoubaydah, détenu de Guantanamo passé par ces prisons secrètes.

"John Kiriakou est le seul agent de la CIA qui va être emprisonné en raison de ce programme de torture, sans avoir jamais torturé personne", a dénoncé devant le palais de justice Jesselyn Radack, du Governmental Accountability Project, qui a participé à la défense du condamné.

"Sa condamnation n'a rien à voir avec ce débat", a rétorqué le procureur fédéral Neil MacBride, "il a été poursuivi à cause de ce qu'il a dit plusieurs années plus tard", a-t-il affirmé à la presse.

Il a "trahi une confiance solide"

Selon des documents de justice, John Kiriakou a admis "volontairement" avoir donné des informations secrètes sur deux agents de la CIA à deux journalistes entre 2007 et 2009.

"John Kiriakou a trahi la confiance que les Etats-Unis avaient mise en lui et a trahi ses collègues dont la couverture secrète est la seule sécurité", a ajouté le procureur, soulignant que, pendant ses 15 ans de service, le condamné s'était engagé à neuf reprises à ne pas divulguer les identités de ses confrères.

"30 mois de prison c'est beaucoup trop léger", a fustigé la juge fédérale Leonie Brinkema, en prononçant le verdict, soulignant que sans la recommandation du gouvernement, elle l'aurait condamné à une peine plus lourde.

Pour la juge, "Ce n'est pas le dossier de quelqu'un qui a des dénonciations à faire mais c'est le dossier de quelqu'un qui a trahi une confiance solide".

Le défenseur de Kiriakou, Robert Trout avait plaidé que son client, "inquiet de certaines pratiques utilisées contre les terroristes", n'avait "naïvement" livré des noms qu'avec "l'espoir que ceux-ci en parleraient" à leur tour. "Il n'a jamais voulu nuire aux Etats-Unis ni à la CIA", a-t-il insisté devant le tribunal.

"C'est le seul agent de la CIA à aller en prison pour une fuite à la presse", a encore fustigé Jesselyn Radack, "quand le directeur de la CIA a livré des informations classifiées à sa maîtresse et le numéro 2 (de l'agence) a donné des sources et des méthodes à Hollywood" pour le film sur la traque de Ben Laden "Zero Dark Thirty".

"Ce matin, j'ai été condamné à 30 mois de prison pour une infraction pour laquelle j'avais plaidé coupable", a déclaré sobrement M. Kiriakou, en sortant libre du palais de justice d'Alexandria. "Je veux dire que je sors du tribunal avec un esprit positif, confiant et optimiste", s'est-il contenté de dire. Il devra se rendre plus tard aux autorités pénitentiaires.

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