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Jean-Louis Thiériot : "Il n'y a pas de modèle allemand"

Vueintérieure du Bundestag à Berlin Vueintérieure du Bundestag à Berlin[BARBARA SAX / AFP]

Cinquante ans après le traité de l’Élysée, le couple franco-allemand est-il équilibré ? L’analyse de Jean-Louis Thiériot, avocat, auteur avec Bernard de Montferrand de « France Allemagne : l’heure de vérité » (Tallandier).

 

Le traité de l’Élysée a été signé à Paris, on le commémore à Berlin : cette évolution géographique traduit-elle un changement de leadership ?

Parler d’une inversion de leadership me semble caricatural. Certes, l’influence et le poids de l’Allemagne ont augmenté grâce à la réunification et à son dynamisme économique. Parallèlement, la position de la France n’est pas facile : elle a besoin d’argent et dans une telle situation, on n’est jamais très à l’aise face à son banquier ! Mais ce rééquilibrage est relatif.

 

L’Allemagne n’est donc pas hégémonique dans ce couple ?

Non. Notamment parce que l’Allemagne ne rêve pas d’avoir un rôle de grande puissance mondiale, comme le démontre sa position face au conflit malien. De la même façon, l'Allemagne n'a pas de siège permanent au conseil de sécurité de  l'ONU, ce qui fait qu'elle n'est pas une puissance mondiale, mais elle le réclame néanmoins. Fêter l’anniversaire du traité de l’Élysée à Berlin relève donc plus de la politesse que du symbole.

 

Comment expliquer dès lors la fascination française pour le « modèle allemand », toutes tendances politiques confondues ?

Ce n’est pas une fascination tant pour la modèle allemand que pour ce qui marche. D’ailleurs, je n’aime pas beaucoup ce terme de « modèle ». Chaque pays à un ADN particulier – fédéraliste en Allemagne, centralisé en France : les mêmes politiques ne peuvent produire les mêmes effets. Il n’existe pas de modèle allemand, mais des « qualités allemandes ».

 

Lesquelles ?

On distingue des forces évidentes en Allemagne comme le sens du dialogue ou l’absence de lutte des classes, contrairement à la France où l’héritage de la Révolution française – qui voit en chaque « plus riche que soi » un ennemi – pèse encore lourd. Plus concrètement, on trouve aussi en Allemagne un goût du travail bien fait. La fameuse « perfection du banal » dont parlait Würth.

 

Les Français ont donc de quoi s’inspirer Outre-Rhin ?

Sans doute. Mais il ne faut pas oublier que l’Allemagne n’a pas toujours connu le dynamisme économique qu’elle connaît aujourd’hui. Dans les années 90, on la surnommait « l’homme malade de l’Europe ». Il a fallu conduire des réformes de fond - plus de flexibilité et moins de déficits – pour redresser la barre. Et l’artisan de ces réformes, ce fut Gerhard Schröder, un socialiste.

 

Quel bilan tirez-vous du couple Merkel-Hollande huit mois après l’élection de ce dernier ?

François Hollande a passablement agacé l’Allemagne au début de son mandat, notamment en critiquant le pacte de stabilité. Des projets symboliques – comme la taxation  à 75% des hauts revenus ou la nationalisation de Florange – ont également irrité notre voisin. Mais in fine le principe de réalité l’a emporté. François Hollande a cédé sur tout.

 

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