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Eric Denécé : "Les djihadistes ont commis leur seconde erreur"

Le site gazier d'In Amenas en décembre 2012 Le site gazier d'In Amenas en décembre 2012[Ennahar TV / AFP]

Le dénouement en cours de la prise d’otages d’In Amenas marque-t-elle un tournant dans la crise sahélienne ? L’analyse d’Éric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R).

Le début des opérations françaises au Mali se présentait sous un angle favorable. La prise d’otages d’In Amenas vient-elle compliquer la donne ?

Pas du tout. Les djihadistes ont commis leur seconde erreur. En conduisant des contre-offensives au Mali, ils se sont fait étriller. Et en Algérie, ils n’ont pas réussi à faire plier le gouvernement algérien et n’ont pas obtenu de tribune médiatique. On peut parler d’un double échec.

 

L’intransigeance du gouvernement algérien ne va-t-elle pas compliquer ses relations avec la France ?

Je ne pense pas d’autant plus que le gouvernement français a été l’un des plus mesurés dans ses considérations à l’égard des choix algériens. Cela n’a pas été le cas de la part de la Grande-Bretagne ou des États-Unis dont le comportement a été ridicule. Les États-Unis n’ont pas de leçon à donner à l’Algérie en la matière.

 

Les Algériens n’auraient-ils pas dû laisser davantage de place à la négociation ?

Tous ceux qui s’attendaient à une autre solution qu’un assaut massif ne sont manifestement pas informés. L’Algérie a affronté le terrorisme pendant des années et n’a jamais négocié. Si la mort des otages est évidemment une tragédie, que se serait-il passé si les forces algériennes n’étaient pas intervenues ? On peut raisonnablement penser que les terroristes auraient exécuté des otages, y compris devant des caméras.

 

Est-ce que cette prise d’otages peut avoir des conséquences opérationnelles pour la France sur le terrain malien ?

Contrairement à ce que l’on peut entendre ça et là, l’armée française n’est pas piégée au Mali. En quelques jours, elle a éliminé entre 100 et 150 terroristes ce qui représente environ 10% de l’effectif djihadiste total. On n’a pas vu cela depuis 2001 et la bataille de Tora-Bora en Afghanistan. En outre, en sortant de leurs refuges pour mener des opérations,  les combattants islamistes ont commis une erreur qui pourrait leur être fatale.

 

Le renfort annoncé de forces africaines pour épauler les Français engagés dans l’opération Serval peut-il accélérer le règlement du conflit ?

Cela dépend de la stratégie qui sera mise en place. Mais incontestablement, ces forces seront utiles pour prévenir une seconde attaque des djihadistes le jour où l’opération française prendra fin. Cependant, je pense que la reconquête du nord du Mali n’est pas pour maintenant et elle devra être l’œuvre de forces internationale, y compris occidentales.

 

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