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Syrie : les islamistes s'emparent d'une base gouvernementale

L'entrée de la base cheikh Souleimane, située à 25 km de la ville syrienne septentrionale d'Alep, le 9 décembre 2012 [Herve Bar / AFP] L'entrée de la base cheikh Souleimane, située à 25 km de la ville syrienne septentrionale d'Alep, le 9 décembre 2012 [Herve Bar / AFP]

Des radicaux islamistes ont conquis dimanche une grande partie de la base cheikh Souleimane assiégée depuis plusieurs semaines par des rebelles dans le nord-ouest de la Syrie, prenant de vitesse les unités de l'Armée syrienne libre (ASL) participant au siège.

L'étendard des jihadistes, le drapeau noir frappé du sceau du prophète, flotte sur la base cheikh Souleimane.

Les combats à l'arme légère se poursuivaient dans la soirée pour conquérir le reste de la caserne, située à 12 km au nord-ouest d'Alep, et qui s'étend sur plusieurs kilomètres carrés de collines caillouteuses.

Il s'agit de la dernière garnison gouvernementale d'importance à l'ouest d'Alep, la métropole du nord, dans une région désormais presque entièrement sous contrôle rebelle.

Un grand nombre de combattants sont des étrangers, arabes ou originaires du Caucase. L'un de leurs chefs est un Ouzbek se faisant appeler Abu Talha, que le journaliste de l'AFP avait déjà croisé dans la région. Très hostile à la présence de journalistes, ils ont refusé de préciser à quel groupe ils appartiennent.

"Ici nous sommes tous musulmans", a lancé Abu Talha, interdisant l'accès de la zone des combats à quiconque n'est pas membre de son groupe.

L'étendard des jihadistes, le drapeau noir frappé du sceau du prophète, flotte sur la base cheikh Souleimane, près d'Alep, le 9 décembre 2012 [Herve Bar / AFP]
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L'étendard des jihadistes, le drapeau noir frappé du sceau du prophète, flotte sur la base cheikh Souleimane, près d'Alep, le 9 décembre 2012
 

Une colonne de combattants presque tous vêtus de noir pouvait être vue, à quelques centaines de mètres de là, montant en première ligne, chargés de caisses de munitions, tandis que résonnaient à intervalles réguliers de sourdes explosions.

Aucun membre de l'ASL ne participait aux combats dans la zone visitée par l'AFP. Les seuls combattants de l'ASL présents étaient quelques hommes des villages voisins, tenus à l'écart par les jihadistes, qui se contentaient de regarder le champ de bataille à la jumelle.

"Les islamistes ont pris de court les combattants de l'ASL en attaquant seuls samedi soir la caserne", a reconnu un membre local de l'ASL: "nous nous sommes faits doubler".

Quelques unités isolées de l'ASL ont par la suite rejoint l'assaut, notamment le groupe d'Abu Jalal venu de Darret Ezza, selon une source rebelle.

Des habitants ont manifesté leur joie dimanche soir dans cette même localité régulièrement la cible des bombardements d'artillerie depuis la base.

Un rebelle syrien se tient près d'une pièce d'artillerie à l'entrée de la base cheikh Souleimane, près d'Alep, le 9 décembre 2012 [Herve Bar / AFP]
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Un rebelle syrien se tient près d'une pièce d'artillerie à l'entrée de la base cheikh Souleimane, près d'Alep, le 9 décembre 2012
 

"L'ASL a essayé à cinq reprises de prendre la base, sans succès. Pourquoi les jihadistes ne pouvaient pas essayer à leur tour?", a commenté un commandant islamiste local.

Les combats ont débuté samedi en début de soirée et ont duré toute la nuit. Les assaillants se sont d'ores-et-déja emparés d'une grande quantité de matériels, dont une dizaine de batteries anti-aériennes. "Il reste encore beaucoup d'armes à prendre sur la base", a expliqué l'un d'eux, au côté d'un Daguestanais et d'un asiatique s'exprimant en russe.

"Nous avons eu des martyrs, mais l'ennemi a eu au moins une cinquantaine de tués", a affirmé ce combattant.

Selon lui, les officiers et les soldats loyalistes se sont retranchés dans le "centre de recherche scientifique de la base" et certains portaient des masques à gaz.

Le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) Rami Abdel Rahmane avait annoncé dans la matinée que des rebelles islamistes "s'étaient emparés dimanche matin après de violents combats du poste de commandement du bataillon 111 et des postes de trois compagnies".

Citant des prisonniers, M. Abdel Rahmane a indiqué que 140 militaires se sont réfugiés dans le centre de recherche scientifique de la base. Il a précisé qu'il doutait que ce centre contienne des armes chimiques.

Samedi, un commandant de l'ASL de la région, cheikh Azam Ajamar, avait affirmé que ses troupes n'allaient pas attaquer avec des armes lourdes pour ne pas endommager le centre de recherche, évoquant "une forte probabilité pour qu'il y ait des armes chimiques".

Les trois principales brigades de l'ASL faisant le siège de la base, les brigades Nourredine Zinki, Al-Beït et Al-Ansar, unités elles-mêmes à forte composante islamiste, ont été prises de vitesse par les groupes jihadistes participant au siège, selon des sources concordantes.

Le scénario est presque le même que pour la Base 46, autre garnison à l'ouest d'Alep dont les rebelles s'étaient emparés après des mois de siège, mettant la main par la même occasion sur une grande quantité de matériels, dont des missiles sol-air.

Un groupe islamiste parmi les sept unités faisant le siège de cette base avait attaqué et pris ainsi tous les autres groupes de vitesse, précipitant l'assaut général.

L'assaut de la base militaire de cheikh Souleimane intervient deux jours après l'annonce de la création d'un nouveau commandement chapeautant la plupart des groupes insurgés, à l'exception des jihadistes, en particulier le Front al-Nosra, très combatif et force montante au sein de la rébellion. particulier

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