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Le TPIY acquitte à nouveau l'ex-Premier ministre kosovar

Des partisans de l'Ex-Premier ministre Ramush Haradinaj célèbrent son acquittement, le 29 novembre 2012 à La Haye [Jan Hennop / AFP] Des partisans de l'Ex-Premier ministre Ramush Haradinaj célèbrent son acquittement, le 29 novembre 2012 à La Haye [Jan Hennop / AFP]

L'ancien Premier ministre kosovar a de nouveau été acquitté jeudi par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de crimes commis pendant la guerre du Kosovo (1998-1999), une décision perçue comme une gifle par la et qui pourrait compromettre la réconciliation entre Belgrade et son ancienne province.

Deux semaines après l'acquittement de l'ancien général croate Ante Gotovina, le TPIY a une nouvelle fois disculpé un accusé pour des crimes présumés commis contre des Serbes au cours des conflits qui ont accompagné le démantèlement de la Yougoslavie dans les années 90.

M. Haradinaj est arrivé en début de soirée à Pristina et a été accueilli avec les honneurs militaires par le Premier ministre Hashim Thaçi.

"Je suis content que la justice internationale ait confirmé que notre route vers la liberté a été juste et propre", a-t-il déclaré à la presse à l'aéroport.

Ramush Haradinaj devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), le 29 novembre 2012 [Koen van Weel / AFP]
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Ramush Haradinaj devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), le 29 novembre 2012
 

"Je vous garantis que nous allons oeuvrer avec vous tous pour faire face aux défis et parvenir à de nouvelles victoires", a-t-il ajouté.

Ultérieurement, il a été acclamé par une foule d'environ 4.000 personnes rassemblée sur la place centrale de Pristina devant laquelle il a tenu un bref discours.

Ancien dirigeant de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), il est considéré comme un héros par la majorité albanaise du Kosovo.

En liberté provisoire depuis le 10 mai, M. Haradinaj, 44 ans, avait fait le déplacement pour assister à son jugement à La Haye. Le TPIY a ordonné jeudi sa libération définitive, estimant les témoins de l'accusation trop peu fiables.

Les deux autres hommes jugés avec M. Haradinaj, Idriz Balaj, 41 ans, commandant spécial des "Aigles noirs" au sein de l'UCK, et Lahi Brahimaj, 42 ans, un autre ex-responsable de l'UCK, ont eux aussi été acquittés des meurtres et tortures qui leur étaient reprochés dans ce deuxième procès en première instance. L'accusation avait requis au moins 20 ans de prison contre les trois hommes.

Des supporters de l'ancien Premier ministre Ramush Haradinaj tiennent le drapeau de l'Albanie, le 29 novembre 2012 [Koen van Weel / Pool/AFP]
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Des supporters de l'ancien Premier ministre Ramush Haradinaj tiennent le drapeau de l'Albanie, le 29 novembre 2012
 

Plus haut responsable kosovar jamais poursuivi par le TPIY, M. Haradinaj avait déjà été brièvement Premier ministre en 2004-2005 avant de se livrer volontairement au tribunal.

Condamnant son acquittement, le président serbe Tomislav Nikolic a assuré que le TPIY avait "été créé pour juger le peuple serbe". "Personne ne sera condamné pour les crimes horribles commis contre les Serbes du Kosovo", a-t-il dit. Aucun haut responsable politique ou militaire n'a été condamné par le TPIY pour des crimes commis contre des Serbes dans les conflits qui ont déchiré l'ex-Yougoslavie.

A Belgrade, dans la soirée, environ 300 personnes, notamment des jeunes sympathisants de mouvements nationalistes, ont protesté dans le centre-ville contre l'acquittement de M. Haradinaj et exhorté le gouvernement de cesser tout contact avec Pristina.

MM. Haradinaj et Balaj avaient été acquittés en 2008 après avoir été l'objet de 37 chefs d'accusation de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre. M. Brahimaj avait été condamné à six ans de prison pour tortures tout en étant acquitté pour les autres charges pesant contre lui.

 
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MM. Haradinaj et Balaj étaient rejugés pour six chefs d'accusation et M. Brahimaj pour quatre chefs d'accusation, tous concernant des crimes présumés commis dans le centre de détention improvisé de Jablanica.

"S'il ne sont pas coupables, qui a commis ces crimes de guerre ?", a pour sa part interrogé l'ONG Amnesty International dans un communiqué: "Quelqu'un sera-t-il jamais amené à répondre de cela devant la justice ?"

L'indépendance du Kosovo, proclamée en 2008, a été notamment reconnue par les Etats-Unis et par 22 des 27 membres de l'UE, mais est rejetée par la Russie et par la Chine, qui se sont rangées du côté de la Serbie, pour laquelle le Kosovo est toujours une de ses provinces.

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