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Jordanie : des manifestants appellent au départ du roi

Des manifestants à Amman en Jordanie, le 16 novembre 2012 [Khalil Mazraawi / AFP] Des manifestants à Amman en Jordanie, le 16 novembre 2012 [Khalil Mazraawi / AFP]

Des milliers de Jordaniens sont descendus dans la rue vendredi pour protester contre la hausse des prix de l'énergie et, pour certains, réclamer le départ du roi Abdallah II, une revendication inédite dans le royaume.

Dans la foulée du Printemps arabe, la Jordanie est secouée depuis janvier 2011 par des manifestations, petites mais régulières, appelant à des réformes politiques et économiques, mais c'est la première fois que des slogans visent directement le roi.

"Le peuple veut la réforme du régime. Liberté, à bas Abdallah", ont scandé à Amman quelque 10.000 manifestants, selon une estimation de l'AFP, parmi lesquels des islamistes, des militants de gauche et des mouvements de jeunesse. Les manifestants étaient 25.000 selon les organisateurs, 3.000 selon la police.

"La liberté vient de Dieu. Abdallah, ton temps est révolu", ont-ils encore crié devant la mosquée Husseini, dans le centre de la capitale, alors que les appels au départ du roi ou les insultes contre sa personne sont passibles de prison.

La police a empêché les manifestants de prendre la direction du palais, situé à environ 8 km du lieu de rassemblement, sans que cela n'entraîne de heurts, selon un journaliste de l'AFP.

"Le nombre de ceux qui réclament la chute du régime est en train d'augmenter à cause des politiques erronées qui ne tiennent pas compte des exigences du peuple", a déclaré Zaki Bani Rsheid, un dirigeant des Frères musulmans jordaniens, principale force de l'opposition.

"Cela ne peut pas et ne doit pas être ignoré. Le régime doit mener des réformes avant qu'il ne soit trop tard", a-t-il prévenu.

Nouveau rassemblement bloqué

Un manifestante jordanienne, le 16 novembre 2012 [Khalil Mazraawi / AFP]
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Un manifestante jordanienne, le 16 novembre 2012
 

A Baqaa, le plus grand camp de réfugiés palestiniens du pays, près d'Amman, 2.000 personnes ont manifesté contre la hausse des prix. La police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser 200 manifestants qui lançaient des pierres et tentaient de bloquer la route principale du camp, a déclaré à l'AFP un responsable de la Sécurité.

Des manifestations similaires mais de moindre ampleur ont eu lieu à Tafileh, Kerak et Maan (sud), ainsi qu'à Irbid et Jerash (nord).

Un nouveau rassemblement prévu en début de soirée près du ministère de l'Intérieur a tourné court: les manifestants n'étaient qu'une centaine, face à 2.000 policiers anti-émeute interdisant l'accès à la zone et à 200 loyalistes qui ont fait fuir les opposants, selon un journaliste de l'AFP.

Le gouvernement jordanien a décidé mardi soir d'augmenter les prix de l'énergie, jusqu'à 53% pour le gaz domestique et 12% pour l'essence, afin de faire face à un déficit budgétaire de 5 milliards de dollars.

La mesure a provoqué des manifestations qui ont dégénéré mercredi et jeudi en violences ayant fait, selon la police, un mort et 71 blessés, dont 54 policiers. Plus de 150 personnes ont été arrêtées au cours des deux jours, dont 30 ont été remises en liberté vendredi, selon un communiqué de la police.

Les Frères musulmans ont demandé au roi d'annuler la hausse des prix de l'énergie et de reporter les élections législatives anticipées prévues le 23 janvier. La confrérie avait déjà annoncé son intention de boycotter ces élections, en l'absence des réformes qu'elle réclame sur le mode de scrutin et sur les pouvoirs du Parlement.

Malgré ces troubles, la diplomatie américaine a estimé jeudi que la Jordanie restait un "partenaire stratégique important". Mais les Etats-Unis et l'Arabie saoudite ont appelé leurs ressortissants à éviter les lieux de rassemblement en Jordanie.

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