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André Kaspi : "Ceux qui ont voté pour Obama sont déçus"

Barack Obama peine à raviver la flamme de 2008.[JIM WATSON / AFP]

L’ère de l’«Obamania » est bel et bien révolue. Alors que démarre mardi à Charlotte (Caroline du Nord) la convention du parti démocrate – au cours de laquelle Barack Obama doit être officiellement désigné comme candidat à la Maison Blanche, le président sortant peine à raviver la flamme de 2008.

Son rival, Mitt Romney, le dépasse même dans certains sondages nationaux. André Kaspi, professeur émérite à la Sorbonne et co-auteur des Présidents américains avec Hélène Harter (Tallandier), décrypte les forces et faiblesses du démocrate.

 

Barack Obama peut-il perdre ?

André Kaspi: C’est possible, car nombre de ceux qui ont voté pour lui sont déçus et lui reprochent de ne pas avoir tenu ses promesses, comme le retour à la croissance, la baisse du chômage ou une gestion saine de finances publiques. Ils ne remettent pas en cause les  circonstances économiques, mais lui reprochent d’avoir trop promis. Beaucoup de ses soutiens de 2008 pourraient s’abstenir de voter. Par ailleurs, il a en face de lui un adversaire déterminé à le faire perdre. Mais Mitt Romney est loin de faire l’unanimité, il manque de charisme et propose des solutions difficiles à accepter, comme la baisse des dépenses sociales.

 

Peut-il encore compter sur les jeunes?

Les jeunes, qui ont voté en grande majorité pour Barack Obama en 2008 [plus de 66% des moins de trente ans, ndlr] sont une catégorie flottante, incertaine.  Le danger pour Obama, c’est leur abstention. C’est pourquoi il multiplie les interventions dans les universités.

 

Quel message le camp Obama va-t-il véhiculer pendant la convention ?

Les démocrates vont sans doute faire passer deux messages : l’un, négatif, sur le côté girouette de Mitt Romney, et les projets abracadabrantesques, selon eux, de son colistier Paul Ryan. L’autre message, positif cette fois, visera à défendre le bilan d’Obama (sa réforme du système de santé, l’assaut contre Oussama Ben Laden, le retrait d’Irak et le désengagement progressif d’Afghanistan).

 

Le choix de Paul Ryan comme colistier de Mitt Romney est-il un atout pour Obama?

Paul Ryan n’est pas Sarah Palin. La colistière de John McCain avait suscité l’enthousiasme des républicains au début, avant qu'ils ne se rendent compte qu’elle n’était pas assez compétente. Ryan est un homme d’expérience, qui siège au Congrès depuis des années. Certaines de ses propositions, radicales, peuvent faire peur. Son projet de tailler dans les dépenses sociales comme [le système de couverture sociale pour les personnes âgées] Medicare, risque par exemple d’éloigner bon nombre d’électeurs de plus de 65 ans. Mais ses projets, différents, peuvent aussi séduire certains.

 

Est-ce lors de la convention que tout se joue ?

Les conventions ont toutes les mêmes objectifs : il faut qu’elles aient un impact médiatique, qu’elles donnent un éclairage à la candidature de celui qui veut être président. Mais ce sont avant tout de grandes fêtes pour les membres d’un  parti. Ce qui va être important, ce sont les débats télévisés entre les candidats à la présidence (et à la vice-présidence). Ils devront convaincre les quelque 5% d’indécis, dont le vote pourrait bien faire l’élection.

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