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Chypre organisera l'évacuation des étrangers de Syrie

La ministre chypriote des Affaires étrangères, le 15 juin 2012 lors d'une interview à l'AFP à Nicosie[AFP/Archives]

Chypre, qui va prendre la présidence semestrielle de l'Union européenne le 1er juillet, est prêt à organiser avec ses partenaires européens une opération d'évacuation de ressortissants étrangers de Syrie, indique la ministre des Affaires étrangères chypriote.

"Nous sommes seulement à 100 kilomètres des côtes libanaises et syriennes. Quoi qu'il se passe là-bas, cela nous affectera", souligne Erato Kozakou-Marcoullis dans un entretien accordé à l'AFP.

"Nous sommes extrêmement préoccupés par la situation, surtout en Syrie, et c'est pourquoi nous avons pris dès le début la position que nous devions éviter à tout prix une intervention militaire. A notre avis, une opération militaire en Syrie créera une situation explosive dans toute la région, qui ne se limitera pas à la Syrie", ajoute-t-elle.

Rappelant le rôle de Chypre dans l'évacuation de 65.000 ressortissants étrangers du Liban en 2006 lors de la guerre entre ce pays et Israël, elle précise avoir rappelé à ses homologues européens la situation géographique de l'île face à une telle éventualité.

"Nous passons notre temps à leur rappeler. Lors de chaque Conseil des ministres des Affaires étrangères, je rappelle non seulement notre proximité géographique mais aussi les dangers et les menaces", lance Mme Kozakou-Marcoullis.

"Si ces réfugiés potentiels et demandeurs d'asile n'arrivent pas par la mer, ils arriveront par le biais des zones occupées et c'est notre plus grand problème actuellement", déclare la ministre.

La Turquie occupe depuis 1974 le tiers nord-est de Chypre qui est séparé de la République de Chypre par une "ligne verte" dont la surveillance est confiée aux Nations Unies. La partie nord-est de Chypre s'est auto-proclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN) mais n'est reconnue que par Ankara.

Dialogue avec la Turquie

"Imaginez qu'il y ait un bouleversement gigantesque au Moyen-Orient, la plupart des réfugiés arriveront par cette voie", redoute Mme Kozakou-Marcoullis.

Evoquant le récent "afflux de réfugiés en Italie et à Malte" à la suite des "soulèvements en Afrique du nord", elle estime que dans ce contexte un des dossiers prioritaires dont elle héritera à la tête de l'UE est la politique commune en matière d'asile.

Selon elle, "le fardeau doit être partagé entre les pays du sud de l'Union européenne et les pays du nord", les premiers supportant l'essentiel du coût de l'accueil des réfugiés chassés de leur pays par le Printemps arabe.

"Nous avons récemment pris la décision de ne pas renvoyer en Syrie les demandeurs d'asile et les immigrants illégaux qui sont ici, tant que la situation ne s'éclaircira pas. Mais il y a une limite à ce que nous pouvons faire, nous sommes un petit pays", ajoute-t-elle.

"Nous nous préparons maintenant avec nos partenaires de l'UE pour une possible évacuation (de Syrie). Nous avons un centre de gestion de crise que nous avons renforcé".

Concernant le règlement de la question de la partition de Chypre, Erato Kozakou-Marcoullis indique ne pas s'attendre à ce qu'il soit favorisé par le fait que Chypre exercera pour six mois la présidence de l'UE.

Ankara a décidé de geler les contacts avec la présidence de l'UE tant qu'elle sera exercée par la République de Chypre.

"Cela n'a jamais été à l'agenda et cela ne nous appartient pas en tant que présidence de l'inscrire à l'agenda", assure la chef de la diplomatie chypriote, tout en précisant que le thème des relations avec la Turquie est régulièrement évoqué lors des réunions des ministres des Affaires étrangères et des chefs de gouvernement de l'UE.

"Nous avons toujours souhaité un dialogue avec la Turquie. Le problème est que la Turquie a construit une barrière, une barrière en béton, et non seulement ils ne nous reconnaissent pas mais ils ne veulent même pas nous parler. Il y a donc une impasse totale en ce qui concerne un dialogue avec la Turquie", constate Mme Kozakou-Marcoullis.

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