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Rotenberg : "Nous n'avons pas été arrêtés comme des bandits"

Stéphane Rotenberg, animateur de Pékin Express (M6) Stéphane Rotenberg, animateur de Pékin Express (M6)[©Patrick ROBERT/M6]

Pour ses dix ans d’existence, Pékin Express, le jeu d’aventure de M6,  fait peau neuve ou presque... Les équipes de production sont revenues aux fondamentaux du programme: l’aventure et les échanges humains. Stéphane Rotenberg est revenu sur ces aventures au bout du monde.

 

Cette année la production a fait le choix de se rendre dans des pays beaucoup plus fermés au tourisme. Pourquoi ?

C’est un retour aux sources. C’est vrai que durant la première saison, on avait traversé la Russie, la Mongolie et la Chine. Pendant presque 60 ans, ces pays étaient restés totalement fermés au monde extérieur. Nous étions allés dans des endroits très reculés, avions rencontré des gens qui n’avaient jamais vu d’occidentaux et croyaient bien faire en nous dénonçant aux autorités locales.

Là pour la Birmanie, c’est un peu pareil, le pays est ouvert depuis très peu de temps, nous étions d’ailleurs la plus grosse équipe télé à rentrer en Birmanie depuis très longtemps. Il y a eu beaucoup d’équipes de reportages mais des équipes comme la nôtre, 120 personnes et 17 cameramen, ils n’avaient jamais vu ça. Concernant le Sri Lanka, ils sortent tout juste d’une guerre civile qui a duré 20 ans. Enfin l’Inde est certes un pays ouvert depuis très longtemps, mais nous avons fait le choix de nous rendre au Nagaland,  une région presque autonome, très reculée.

 

L’organisation a dû être très compliquée…

Nous sommes rôdés. Et ce n'est pas forcément dans les pays les moins touristiques que les problèmes sont les plus grands. Dans des pays qui paraissent très "simples" comme l’Australie ou les États-Unis, nous avons dû faire face à l’interdiction de l’auto-stop dans de nombreux états. Pour nous, c’est évidemment un souci. Des shérifs aux États-Unis nous ont interdit d’entrer dans leur ville. Donc ce n’est pas forcément simple non plus dans des pays dits « ouverts ».

Là, nous étions dans des pays qui n’ont pas l’habitude de gérer des équipes de télé et surtout de divertissement. C’était donc un peu particulier pour eux.

 

Votre équipe a connu des démêlés avec les autorités indiennes et trois personnes de l’équipe seraient toujours là-bas. Y a-t-il des évolutions favorables à cette affaire ?

Pour l’instant, on est au même point. Trois des personnes de la société qui organise notre logistique sont encore sous contrôle judiciaire là-bas. On attend que la justice suive son cours, pour l’instant on ne peut trop rien dire car il ne faut pas gêner la justice indienne qui a son rythme, assez proche du notre d’ailleurs. Il faut respecter ce rythme-là. Ils sont libres de leurs mouvements mais n’ont pas le droit de quitter le pays, en attendant que la procédure suive son cours. Ça peut prendre encore quelques semaines.

 

Avec le recul, comment percevez-vous cette affaire ?

Nous n’avons pas été arrêtés comme des bandits de grand chemin. On est venu nous voir à l’hôtel, on nous a pris nos passeports. La situation s’est tendue progressivement, s’est enlisée.

 

Le jeu a pris un ton plus « magazine » cette saison, un peu comme « rendez-vous en terre inconnue ». Vous assumez cette comparaison ?

Nous avons beaucoup de rushs (1200-1300 heures de rushs pour 24 heures de diffusion) ce qui permet un choix très grand dans le montage. D’autre part, en arrêtant la course plus tôt dans l’après-midi et en donnant la possibilité aux candidats de rester deux nuits au lieu d’une seule chez les gens, la proportion entre temps chez l’habitant et temps de course est quasiment équilibrée.

Concernant la comparaison avec « Rendez-vous en terre inconnue », j’oserais dire qu’on est arrivés bien avant eux ! Et fondamentalement, le programme va depuis toujours à la rencontre des gens, même si c’est aussi pendant les temps de course. Pour avancer, il n’y a pas d’autre choix que de provoquer l’empathie chez la personne qui va vous aider.

 

Vous avez quand même fait l’effort de faire appel à un traducteur. Il y a une vraie volonté de partager avec les habitants…

Le sel de Pékin était aussi de faire en sorte que les candidats soient totalement perdus, sans aide extérieure, même pas avec un peu d’argent, qui est le sésame pour faciliter la vie au touriste. Effectivement, on a "enfoncé un coin" dans le concept d’origine avec le traducteur. Les candidats ont fait appel à lui uniquement en fin de soirée. Nous avons longtemps hésité à le faire mais cela marche très bien finalement.

 

Comment avez-vous sélectionné les candidats ?

L’idée était de prendre des binômes inédits. Les candidats ont créé une envie chez leurs proches et nous l’ont souvent raconté. ça nous a donné l’idée de prendre des vétérans du programme et leur laisser le choix du partenaire, quelqu’un de vierge de tout ça : l’expérimenté et le candide, ça donne des duos surprenants !

 

Cette année, vous avez pris le parti de ne pas faire appel aux people. Est-ce que c’est en rapport avec le tassement des audiences de ces dernières saisons ?

C'est surtout que n'avons pas voulu que ça devienne une habitude systématique. mais nous avons toujours des éditions avec des personnalités dans nos cartons. Mais rien n’est figé.

 

Vous, par exemple, vous vous verriez faire ce programme en tant que candidat ?

Pendant très longtemps, je me disais que j’en serais incapable. Et puis, quand j’ai vu des gens qui n’étaient pas physiques, ou qui ne savaient parfois pas lire une carte, ce qui était à peu près mon cas, j’ai commencé à me dire que je pouvais y arriver. Les éléments clés sont vraiment un sens du contact et une détermination hors pair, la capacité à surmonter les difficultés, à ne pas lâcher prise. Le reste ne sert à rien. Est-ce que j’ai ces qualités ? Je ne sais pas, mais je peux éventuellement m’en sortir pas trop mal. Est-ce que je gagnerai Pékin Express ? C’est une autre affaire.

 

Quels sont vos rapports avec les candidats?

Je suis un cas particulier car j’ai à la fois un rôle d’animateur mais aussi de directeur de course, un rôle réel. Il y a quand même des gens éliminés et un gain de jeu derrière. Il faut que je garde une forme de distance malgré le fait que nous vivions "en vase clos"… Si je me mets à discuter un peu plus avec un binôme qu’un autre, cela peut me porter préjudice. J’essaye donc de garder une sorte de neutralité.

 

Quels sont vos pires et vos meilleurs souvenirs dans Pékin Express ? 

Ce qui nous est arrivé en Inde cette année est de très loin le plus mauvais souvenir, à côté mon accident en 2012 est vraiment une péripétie. On a du réécrire des étapes de manière précipitée, trois personnes sont encore là-bas,  et ce n’est jamais agréable d’être retenus contre son gré. Parmi tous les bons souvenirs, je me souviens notamment de la première édition, car c’était vertigineux. Nous n'avions pas les moyens de communication d’aujourd’hui: le premier jour quand j’attendais les candidats sur la place rouge, je ne savais vraiment pas si les candidats allaient venir. Lorsque la première équipe est arrivée, cela faisait trois jours que je n’avais pas vu les candidats et après le tournage de la séquence, le caméraman, pourtant très expérimenté, m’a dit « ce que je viens de faire est absolument dingue ». Je me suis dit " on tient quelque chose".  Cette première saison était  compliquée à mettre en place, nous étions un peu paumés mais nous avons posé les bases d’un programme qui dure depuis dix saisons.

 

Pekin Express, le mercredi à 20h50 sur M6 

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