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DSK : "Tout ça pour faire de l'argent"

Dominique Strauss-Kahn au tribunal de grande instance de Paris, mardi 26 février 2013[KENZO TRIBOUILLARD / AFP]

Dominique Strauss-Kahn, décrit comme "mi-homme mi-cochon" dans le livre "Belle et Bête" de l'essayiste Marcela Iacub, s'est présenté mardi devant la justice pour attaquer l'ouvrage dont il demande l'interdiction, avant de s'exprimer devant la presse.

"Beaucoup de gens s'expriment en mon nom et maintenant ça va trop loin", a débuté Dominique Strauss-Kahn à la sortie du tribunal. "Je suis complètement dégoûté par le caractère méprisable de ce texte et par le fait qu'il est totalement mensonger", a-t-il ajouté en faisant référence au livre de Marcela Iacub. 

"Au-delà de ça, je suis horrifié par le procédé malhonnête mis en oeuvre pour écrire ce livre (...) On a caché la sortie de ce livre, on a caché la couverture de ce livre, tout ça pour faire de l'argent", a confié l'ancien compagnon d'Anne Sinclair. Il a clôs son intervention devant les journalistes en s'exclamant : "J'en ai assez qu'on se serve de moi et je voudrais une seule chose, qu'on me laisse en paix". 

Quelques minutes avant il s'exprimait devant la cour du tribunal de grande instance de Paris. Un texte écrit "en faisant fi de la dévastation de ma vie privée, de ma vie familiale, de la psychologie de mes enfants", a déclaré l'ancien patron du FMI devant la juge Anne-Marie Sauteraud.

Après avoir entendu les avocats de Marcella Iacub, des éditions Stock et du Nouvel Observateur, la juge rendra son jugement ce mardi à 19h30.

 

"Mi-homme, mi-cochon"

L'ex-directeur général du FMI a assigné en référé (procédure d'urgence) Marcela Iacub et son éditeur, Stock, devant le tribunal de grande instance de Paris pour "atteinte à l'intimité de la vie privée".

Dans "Belle et Bête", l'auteur relate sa liaison avec Dominique Strauss-Kahn de janvier à août 2012.

Même si l'ancien ministre n'est jamais nommément désigné dans le livre, l'auteur confirme dans un long entretien au Nouvel Observateur qu'il s'agit bien de DSK, tout en précisant que l'ouvrage contient des éléments de fiction.

Le personnage principal y est décrit comme un être "mi-homme mi-cochon".

Il a demandé à la justice de mettre un "coup d'arrêt" aux pratiques d'éditeurs, de journalistes "prêts à n'importe quoi pour faire de l'argent".

 

"Sacraliser l'indiscrétion"

Selon Me Jean Veil, l'un des conseils de DSK, son client est victime d'une "véritable machination", d'un "véritable piège". Il a lu un mail de Marcella Iacub adressé à son client quelques jours avant qu'elle n'achève son livre, message dans lequel elle explique que sa "conscience" la "travaille".

La couverture du livre de Marcela Iacub, le 21 février 2013 [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]
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La couverture du livre de Marcela Iacub, le 21 février 2013
 

Elle dit avoir été "utilisée", affirmant qu'elle ne voulait pas "nuire" à DSK, selon le texte lu par l'avocat. "Il m'a fallu faire croire que j'étais éprise de toi", selon ce message dans lequel elle demande "pardon" à DSK, et lui demande d'effacer ce message.

"Ce ne sont pas des gens méchants mais un peu inconscients et fous", conclut-elle.

"C'est un livre qui devrait être dans les cabinets de complaisance et dont on devrait pouvoir faire l'usage intime de son choix", a ajouté Me Veil.

"On ne peut pas aller plus loin dans la violation de la vie privée que là où va ce livre", a renchéri son confrère Me Richard Malka, "sous couvert de littérature, on vous demande de sacraliser l'indiscrétion".

Aujourd'hui, Dominique Strauss-Kahn fait "confiance à un juge", a plaidé pour sa part Me Henri Leclerc. "Sur cette décision repose une partie de sa survie et d'une certaine façon de l'honneur de notre société".

M. Strauss-Kahn demande l'insertion d'un encart dans chacun des exemplaires de "Belle et bête", ainsi qu'"à titre subsidiaire" une interdiction de diffusion du livre à paraître mercredi.

Une telle mesure est rarissime. En 1996, deux jours après la mort de François Mitterrand, le livre de son ancien médecin, détaillant le cancer de l'ancien président, avait été retiré de la vente. Après une condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l'Homme, l'ouvrage a finalement été réédité en 2005.

 

Et aussi sur Direct Matin.fr : 

Vie privée : petite histoire des livres interdits par un juge

Qui est Marcela Iacub ?

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