La presse française s'est enrichie d'un nouveau titre au mois de mai : "La Boussole", publié par les éditions du Cerf. Bruno Jauffret et Louis Daufresne, les fondateurs de ce "mook", imprégné par l'humanisme chrétien, dressent un premier bilan de ce lancement.
Le premier numéro de La Boussole est sorti en librairie. Quelle est l'ambition de ce nouveau venu ? A quel public s’adresse-t-il ?
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Bruno Jauffret : La Boussole a pour ambition de répondre à une attente des femmes et des hommes de notre temps de se réapproprier le cours de leur vie, ou de leur offrir les moyens de la construire, en faisant les bons choix. Cette dimension axée sur le bien commun est essentielle. Il ne s’agit pas simplement de divertir avec un produit de haute qualité esthétique ; il s’agit de contribuer au développement personnel, familial, professionnel, citoyen et spirituel.
Vous ne cachez pas l'inspiration chrétienne qui anime la ligne éditoriale. Est-ce un support catholique pour les catholiques ?
(DR)
Louis Daufresne : Les catholiques occupent naturellement une place essentielle dans le lectorat. Mais ce n’est pas un support des uns contre les autres. L’ouverture d’esprit, la bienveillance, l’empathie sont des qualités premières. Nous pensons ainsi toucher un public "en périphérie", sensible aux valeurs de l'humanisme chrétien mais qui ne se reconnaît pas directement dans les codes ou les publics peuplant les églises. Nous assumons notre héritage tout autant que notre présence dans le monde tel qu’il est, animés par la logique de rendre service à nos contemporains, sans agiter les peurs, sans les manipuler, sans cliver l’opinion. Les sujets de proximité, les exercices pratiques illustrent cette démarche. Nous pensons que La Boussole cultive, à sa manière, un type d'anticonformisme très moderne qui tire tout le monde vers le haut, l'emmène plus loin.
Vous avez choisi le format du mook, entre le livre et le magazine : à l'heure du zapping permanent, n'est-ce pas prendre un risque ?
BJ : La Boussole prend précisément le contre-pied du zapping. Je travaille dans le numérique, où une information chasse l'autre, et je pense qu'il y a également aujourd'hui un besoin de se réapproprier le temps. Pour creuser un thème en profondeur, nourrir sa réflexion et décider de pistes concrètes d'actions, il faut du temps… Est-ce un risque ? Oui, bien-sûr. Tout lancement est aussi un pari. Mais Louis Daufresne et moi-même avons la conviction qu'un magazine-book sachant à la fois surprendre et séduire un public qui veut avancer dans sa vie a toute sa place dans les librairies.
"L'autorité positive" est le thème de ce numéro inaugural. Pourquoi avoir choisi cette problématique qui n'est pas la plus simple de prime abord ?
LD : Au sommaire de chaque numéro, nous souhaitons proposer à nos lecteurs des enquêtes approfondies, des témoignages, des exercices et des conseils d'experts... Pour le premier numéro, la question de l'autorité est apparue commue un sujet de préoccupation de nos contemporains. Non pas l'autorité vue sous l'angle de l'excès, de l'autoritarisme, mais une autorité qui sait conjuguer la fermeté et la bienveillance. Qu'il s'agisse de nos ados, des mineurs à la dérive, de nos gouvernants épris d'ambition, de la relation professeurs-élèves, des cuisines d'un grand chef, des radios qui parlent aux jeunes, des objectifs de l'entreprise, nos reportages illustrent que l'autorité bien comprise reste à découvrir et à faire vivre au quotidien.
Quels premiers échos avez-vous déjà enregistrés ? Quel sera le thème du n°2 ?
BJ : Les retours de nos lecteurs sont très encourageants ! Nous avons reçu de nombreux messages qui confortent nos choix. Mais nous savons qu'un tel lancement est une entreprise de longue haleine. Nous avons fait le choix de ne dépendre que de nos lecteurs ! Quant au second numéro, il portera sur la place que chacun a dans ce monde. Suis-je à la bonne place ? Quelle est ma juste place ?
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