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Si les doigts se fripent dans l'eau, c'est pour mieux saisir les objets mouillés

Une personne passe sa main sous l'eau d'un robinet Une personne passe sa main sous l'eau d'un robinet [Marion Berard / AFP/Archives]

Si nous avons les doigts fripés après être restés trop longtemps dans l'eau, ce n'est pas parce que notre peau est trop spongieuse. Au contraire, la nature a tout prévu et nous offre ainsi une meilleure prise sur des objets humides, affirme une étude publiée mercredi.

"Nous avons démontré que les doigts ridés assurent une meilleure prise dans des conditions humides. Cela pourrait fonctionner comme les sillons sur les pneus de nos voitures qui permettent à une plus grande surface du pneu de rester en contact avec la route et donnent une meilleure adhérence", résume Tom Smulders, de l'Université britannique de Newcastle.

Lorsque nos mains et nos pieds restent immergés trop longtemps, ils se plissent, et les biologistes ont longtemps pensé que ce phénomène était dû à l'eau qui passait sous la peau et la faisait gonfler. On sait à présent qu'il s'agit d'un processus actif commandé par le système nerveux et causé par la contraction des vaisseaux sanguins.

"Lorsque le corps détecte que les doigts sont restés mouillés pendant un certain temps, le système nerveux rend les vaisseaux sanguins plus fins sur le bout des doigts. Le volume des doigts se réduit mais comme la peau garde la même taille, elle se plisse", explique à l'AFP Tom Smulders.

Si le système nerveux central est à l'oeuvre, cela impliquerait que le plissement a une fonction spécifique, restée jusqu'alors mystérieuse.

Tom Smulders et son équipe ont donc recruté des volontaires et leur ont demandé d'attraper des billes de différentes tailles, d'abord avec les mains sèches puis après les avoir plongées durant 30 minutes dans de l'eau chaude.

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De l'eau coule dans un évier
 

Les cobayes attrapaient plus rapidement des billes mouillées lorsque leurs doigts étaient ridés mais aucune différence notable n'a été enregistrée lorsqu'il s'agit de saisir des objets secs.

"Si on remonte dans le temps, ce plissement de nos doigts aurait pu aider nos ancêtres à récolter de la nourriture dans des cours d'eau ou des végétaux humides", estime Tom Smulders.

"Selon nous, il s'agit probablement d'une adaptation au cours de l'évolution, qui peut aussi concerner la locomotion" en offrant une meilleure adhérence sur des surfaces humides, précise-t-il.

"Cela expliquerait pourquoi ce phénomène survient à la fois sur les doigts et les orteils. Il pourrait remonter à un de nos ancêtres, un primate qui marchait à quatre pattes", poursuit l'auteur de l'étude, publiée dans la revue Biology Letters de l'Académie des sciences britannique.

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