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Affaire Théo : l'exécutif tente d'éviter l'embrasement

François Hollande à Aubervilliers, près de Paris, le 14 février 2017  [STEPHANE DE SAKUTIN / POOL/AFP] François Hollande à Aubervilliers, près de Paris, le 14 février 2017 [STEPHANE DE SAKUTIN / POOL/AFP]

Hollande veut «que la justice passe», Le Roux se pencher sur le «lien police et population»: l'exécutif tentait mardi, sur le terrain, d'endiguer la vague d'incidents dans les banlieues, qui ont fait irruption dans la campagne présidentielle en réaction à l'affaire Théo.

«Il faut que la justice passe», a déclaré le chef de l'Etat mardi matin lors d'un déplacement dans une mission locale d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), à l'issue d'une nouvelle nuit de violences qui a débouché sur au moins 25 interpellations. «On ne peut pas accepter, à cause d'un drame que j'ai moi-même dénoncé, qu'il y ait de la casse», a ajouté François Hollande, qui s'était rendu la semaine dernière au chevet de Théo, jeune noir de 22 ans victime d'un viol présumé lors d'une interpellation le 2 février et toujours hospitalisé.

Véhicule incendié lors de violences ayant émaillé une manifestation le 11 février 2017 à Bobigny  [Patrick KOVARIK / AFP]
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Véhicule incendié lors de violences ayant émaillé une manifestation le 11 février 2017 à Bobigny

 

L'affaire Théo a cependant connu un nouveau développement mardi avec le témoigne à l'Obs d'un ami du jeune homme, Mohamed K.. Celui-ci affirme que l'un des policiers impliqués dans l'interpellation violente de Théo l'avait déjà passé à tabac une semaine plus tôt. «Immédiatement informé, le ministre (de l'Intérieur Bruno Le Roux) a saisi l'IGPN», la police des polices, selon l'Intérieur.

A lire aussi : Un ami de Théo témoigne de son passage à tabac par la police

Signe de la tension ambiante, une habitante a lancé sur le passage du président : «police, violeurs, assassins». «Il aurait dû venir avant», a de son côté estimé Nadia, 50 ans, mère de 4 enfants. «Il n'y a rien pour nos enfants ici. Les jeunes du 93 galèrent trop.» «Conscient» de venir en Seine-Saint-Denis «dans un moment particulier», François Hollande a longuement plaidé en faveur du «respect», soulignant qu'il «n'y a pas de vie en commun, s'il n'y a pas de respect».

Le président François Hollande au chevet de Théo à l'hôpital Robert Ballanger le 7 février 2017 à Aulnay-sous-Bois  [Arnaud Journois / LE PARISIEN/AFP]
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Le président François Hollande au chevet de Théo à l'hôpital Robert Ballanger le 7 février 2017 à Aulnay-sous-Bois

 

«Le respect, c'est celui qui est dû à ces jeunes quand ils sont contrôlés, lorsqu'ils sont eux-mêmes confrontés à des situations de violence», a-t-il poursuivi. Mais pour Sarah, une jeune fille qui faisait face au chef de l'Etat dans une table ronde consacrée à l'insertion professionnelle des jeunes, «c'est la faute de la police» et «il faut dire la vérité: à chaque arrestation, il y a toujours un policier qui lève la main sur la victime». Depuis l'interpellation de Théo, les violences urbaines qui avaient éclaté à Aulnay-sous-Bois se sont étendues à la Seine-Saint-Denis comme à d'autres banlieues.

«S'amuser, piller, agresser»

En déplacement à la mi-journée dans le département voisin du Val-d'Oise pour évoquer le «lien police-population», le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux, a jugé que «ceux qui manifestent en cassant ne servent en rien les intérêts qu'ils prétendent mettre en avant». Le ministre s'est rendu à Sarcelles puis à Villiers-le-Bel, où la mort de deux jeunes dans la collision de leur mini-moto avec une voiture de police en 2007 avait déclenché une nouvelle vague de violences urbaines après celles de 2005.

A lire aussi : Affaire Théo : le commissaire d'Aulnay aurait été condamné en 2008

L'exécutif craint une multiplication des incidents dans les banlieues déshéritées, jusque-là pratiquement hors du champ des débats de la présidentielle. Douze jours après le début de l'affaire Théo, 245 personnes ont été interpellées selon l'entourage du ministre de l'Intérieur, dont au moins 25 personnes dans la nuit de lundi à mardi en banlieue parisienne, dont douze en Seine-Saint-Denis pour des jets de projectiles et d'engins incendiaires, 17 véhicules étant partis en flammes.

La pétition du FN

A Epinay-sur-Seine, où huit personnes ont été interpellées, un appel à l'affrontement avec les forces de l'ordre avait été relayé sur les réseaux sociaux. Contrairement à ce qui a été indiqué lundi soir de source préfectorale, Neuilly-Plaisance n'a en revanche pas été touché par les incidents. Onze autres interpellations ont eu lieu dans le Val-d'Oise et deux dans les Yvelines.

«En l'état je crois qu'ils se fichent pas mal du cas de Théo et (...) qu'en fait, c'est un prétexte utilisé pour pouvoir s'amuser, piller, agresser», a estimé la députée Front national du Vaucluse, Marion Maréchal-Le Pen. La veille, le FN avait déjà lancé une pétition en ligne «pour soutenir la police». Après l'interpellation brutale de Théo, l'un des quatre policiers ayant procédé à son interpellation a été mis en examen pour viol. Les trois autres pour violences.

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