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Affaire Théo : Cazeneuve appelle au calme après les incidents en banlieue

Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a appelé au calme. [PASCAL LACHENAUD / AFP]

Les incidents se sont multipliés dans la nuit de dimanche à lundi en banlieue parisienne, dans le sillage de l'affaire Théo, jeune homme victime d'un viol présumé lors d'une interpellation. Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a lancé un appel au calme.

«L'émotion légitime» suscitée par l'affaire Théo «ne saurait en rien justifier» les «violences inacceptables» qui se sont produites le week-end dernier à Bobigny et à Argenteuil. Le Premier ministre, qui recevait les associations de lutte contre le racisme, «a rappelé le devoir d'exemplarité des forces de l'ordre» devant prévaloir «en toutes circonstances et pour toutes leurs interventions» et il a «insisté sur la volonté du gouvernement de poursuivre le travail de renforcement de la confiance entre la police et la population», selon un communiqué publié à l'issue de la rencontre.

«Je condamne de la façon la plus forte toutes les violences qui ont eu lieu durant le week-end», avait dit pour sa part le ministre Bruno Le Roux, en citant Argenteuil (Val d'Oise) et Bobigny. «J'appelle au calme», «à la responsabilité, à la sérénité, à la confiance dans la justice».

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Dimanche, pour la première fois depuis la brutale interpellation le 2 février de Théo, un jeune homme noir de 22 ans, des violences urbaines ont eu lieu en dehors de la Seine-Saint-Denis. A Argenteuil dans le Val-d'Oise, onze personnes, dont huit mineurs, ont été interpellées, après des heurts avec les forces de l'ordre, l'incendie d'un véhicule et le caillassage d'un bus.

En Seine-Saint-Denis, dix jeunes, tous mineurs, ont été interpellés. Originaires du Blanc-Mesnil, ils ont été arrêtés après des dégradations à Drancy, la commune voisine, a indiqué une source policière. 

Dans la cité des 3.000 d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), où a eu lieu l'interpellation de Théo, des projectiles ont été lancés en direction des policiers en faction devant le poste de police.

Des violences ont aussi éclaté dans les Yvelines: quatre véhicules ont été incendiés et plusieurs échauffourées ont eu lieu à Dannemarie ou Sartrouville, à la suite de jets de projectiles et d'incendies de poubelles. A Mantes-la-Jolie, un policier a été légèrement blessé à un tibia. 

Aux Ulis (Essonne), une patrouille de police a dû se réfugier dans le commissariat après avoir essuyé des jets de pierre et de bouteilles.  D'autres heurts ont eu lieu dans les Hauts-de-Seine, à Nanterre, en Seine-et-Marne à Torcy, ainsi qu'en province, à Villeurbanne (Rhône), Chambéry (Savoie) et Rodez (Aveyron).

Dans ce contexte délicat, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a reçu lundi matin à Matignon des associations, dont SOS Racisme, la Licra et la Ligue des droits de l'Homme (LDH). La manifestation organisée samedi à Bobigny pour réclamer «justice pour Théo», qui a dégénéré en multiples dégradations, reste au coeur des débats.

Trente-sept personnes ont été interpellées dans les heures qui avaient suivi. Une personne doit être jugée en comparution immédiate pour ces faits lundi à Bobigny, et trois autres pour des violences récentes.

La banlieue s'invite dans la campagne présidentielle

S'étonnant du «silence du ministre de l'Intérieur durant le week-end, le candidat de la droite à la présidentielle François Fillon a mis en cause dimanche «la responsabilité du gouvernement» et estimé que la manifestation de Bobigny n'aurait pas dû être autorisée. «Non, c'était une manifestation dont les organisateurs voulaient qu'elle soit pacifique et qui a été pourrie par des groupes de casseurs», a répliqué lundi Bruno Le Roux. 

La candidate du FN Marine Le Pen avait jugé que les incidents étaient «la conséquence du laxisme qui diffuse dans la société française, qui est la responsabilité des politiques qui nous ont gouvernés pendant des années"». 

Une déclaration dénoncée lundi par le candidat PS Benoît Hamon, qui a accusé Mme Le Pen de «jeter de l'huile sur le feu». «Une fois encore elle provoque le désordre, elle encourage les violences par son discours de haine et ses indignations sélectives», a-t-il accusé.

Moins de douze ans après les émeutes urbaines de 2005, le candidat EELV Yannick Jadot a averti qu'«il y a un risque d'embrasement parce que ça fait des années et des années qu'on ne traite pas la question des quartiers populaires».

Des médias portent plainte

RTL a porté plainte pour l'incendie d'un de ses véhicules samedi à Bobigny en marge des manifestations de soutien à Théo, et BFM Paris va faire de même après l'agression d'un journaliste dimanche à Argenteuil, ont indiqué les deux médias lundi à l'AFP.

Un journaliste de BFM Paris a été agressé dimanche alors qu'il quittait Argenteuil après avoir terminé son reportage, et il va porter plainte ainsi que la chaîne, a précisé une porte-parole de BFM Paris.

Des heurts se sont produits dans cette ville du Val-d'Oise entre jeunes et forces de l'ordre, «sans doute» liés à l'affaire Théo, un jeune homme victime d'un viol présumé par un policier lors de son interpellation en Seine-Saint-Denis le 2 février. La veille, de violents incidents avaient éclaté à Bobigny en marge d'un rassemblement de 2.000 personnes réclamant «justice pour Théo».

RTL a déposé plainte après avoir perdu un véhicule technique, incendié parmi d'autres voitures à Bobigny. La radio a indiqué que son équipe sur place avait été «choquée mais pas blessée». Elle a condamné «cet acte de violence», assurant «qu'elle ne cédera à aucune forme d'intimidation». 

Samedi également, une camionnette aux couleurs d'Europe 1 a été la cible d'un pavé qui a brisé une vitre et un journaliste de l'AFP s'est fait arracher sa caméra alors qu'il filmait les incidents. Le journaliste a déposé plainte pour vol.

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