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Arnaud Montebourg président de la République : quelles conséquences ?

[L'ancien ministre du Redressement productif est parmi les favoris de la primaire de la gauche CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP]

Arnaud Montebourg, chantre du «Made in France», est l'un des favoris de la gauche pour 2017. Mais à quoi ressemblerait la France présidée par celui qui souhaite notamment une refondation des institutions ?

Prendre le pouvoir pour redresser la France. L'ancien ministre de l'Economie Arnaud Montebourg, en ballotage favorable dans les sondages de la Primaire de la gauche face à François Hollande et Benoît Hamon, veut tout changer. Démocratie, Economie, Europe... tout y passe, ou presque. Revue de détails de ce que serait la France gouvernée par l'homme de Saône-et-Loire.

Réformer les institutions

C'est l'un de ses combats depuis vingt ans. En cas de victoire en 2017, Arnaud Montebourg souhaite un passage à la VIe République. Comme il l'a souvent souligné, l'ancien avocat plaide pour une réforme des institutions, à l'instar de Jean-Luc Mélenchon. Et en premieu lieu de l'Assemblée nationale et du Sénat, coeur de la fabrique de la loi. Arnaud Montebourg propose ainsi l'entrée de citoyens à la chambre basse avec un système de tirage au sort. L'ancien député milite également pour la réduction du nombre d'élus à la chambre haute avec la mise en place de la règle de la proportionnelle intégrale.

Il souhaite également mettre en place un septennat unique pour le président, et instaurer le droit de vote des étrangers aux élections locales. 

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Autre idée de l'ancien ministre du Redressement productif, l'instauration d'un «Spoil system» à la française, qui prévoit la démission automatique de la haute administration en cas d'alternance. Quand il était à Bercy, Arnaud Montebourg s'est en effet souvent plaint de «résistances administratives», notamment au plus haut niveau.

Pour mettre en oeuvre ces réformes institutionnelles, Arnaud Montebourg peut soit compter sur le soutien d'une éventuelle majorité parlementaire, députés et sénateurs confondus, pour voter une révision constitutionnelle, ou alors recourir à un référendum en demandant aux Français de changer la Constitution.

Difficile dans le premier cas d'imaginer que les parlementaires, fraîchement élus, décident de se faire Hara-Kiri, soit en votant pour la diminution e leur nombre à l'Assemblée (de 577 à 400) ou alors en choisissant d'être remplacés au Sénat par des citoyens tirés au sort. Dans le même sens, le recours à un référendum, pourrait, comme sur les précédentes consultations, se retourner contre son organisateur et déboucher sur un vote défavorable et synonyme d'abandon de la réforme institutionnelle.

Emploi : Augmenter les salaires

Comme Benoît Hamon, Arnaud Montebour souhaite abroger la Loi Travail mise en place par Myriam El Khomri. Il veut également contraindre les patrons à augmenter les salaires des employés de l'entreprise lorsqu'ils s'augmentent eux-mêmes. 

Autre mesure, il veut développer le télétravail grâce à des incitations financières. Le candidat veut également instaurer un système dit des «trois contrats» : le contrat de travail, le contrat de formation et le contrat d'activité à l'adresse des chômeurs de longue durée, afin de de «rendre solvables des activités que le marché ne parvient pas à rendre rentables». 

La hausse des salaires nets serait également favorisée par une baisse de la Contribution sociale généralisée sur les revenus jusqu'à 1,4 Smic (soit environ 2.000 euros nets), qui serait compensée par une taxe sur les «super-profits» des banques pour récupérer près de 5 milliards d'euros. 

Relancer l'économie

Il promet un chamboulement de la vie économique. Avec lui et ses équipes au pouvoir, Arnaud Montebourg espère faire «redécoller» la France, notamment grâce au «Made in France», son mantra économique. Il propose de réserver 80% des marchés publics aux PME qui travaillent en France. Parallèlement, Arnaud Montebourg souhaiterait aller au bras de fer avec l'Union européenne sur la directive concernant les travailleurs détachés (400.000 en 2016), quitte à mettre fin unilatéralement à ce système et à violer les traités européens.

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A l'Elysée, Montebourg sera également synonyme de baisse d'impôts pour les classes moyennes et populaires. C'est en tout cas ce que le candidat ne cesse de répéter, dénonçant les hausses de la fiscalité entre 2012 et 2014, période à laquelle il était pourtant aux affaires... Mais au-delà de cet élément, le locataire de l'Elysée devra préciser qui, et à hauteur de combien, il souhaite sortir de l'impôt. Car avec les nouvelles baisses de 2016 votées par le gouvernement Hollande, plus de la moitié des contribuables français ne sont déjà pas imposés, soit plus de 19 millions de personnes.

Arnaud Montebourg entend également refuser les traités de libre-échange CETA et Tafta, mettre en place une loi de séparation bancaire et interdire les activités spéculatives. 

Enfin, il entend investir 20 milliards d'euros dans les infrastructures. 

Changer L'Europe

C'est ce qui l'a poussé à quitter le gouvernement en 2014. L'ancien député européen veut mettre fin à la «politique d'austérité» qui mine, selon lui, l'Europe depuis plusieurs années. Pour ce faire, Arnaud Montebourg, élu à l'Elysée, voudrait s'affranchir de la politique des 3% de déficit public, prévu dans le cadre du traité sur le pacte budgétaire européen (TSCG), adopté fin 2012.

Autre projet fort de son quinquennat, un «mandat de dépassement des traités européens et de refondation de l'Union européenne». S'il était élu, Arnaud Montebourg s'appuierait sur sa légitimité démocratique pour demander une refondation de l'Union européenne sur des bases nouvelles : plus de solidarité et plus de coopération entre les pays de l'espace européen.

Problème pour ce projet, Arnaud Montebourg devra convaincre tous ses partenaires européens. Car pour remettre en cause le plafond des 3% de déficit public, inscrit dans les traités européens, il faudrait que tous les pays de l'UE ratifient un nouveau traité qui met fin à ces dispositions. En cas d'échec de ces renégociations, il ne resterait au nouveau Président que la possibilité de ne pas respecter les textes européens et de s'exclure de fait de l'Union européenne...

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