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Policiers : le mouvement fait tache d'huile

Près de 500 policiers se sont rassemblés dans la soirée du 20 octobre 2016 place du Trocadéro à Paris avant de partir en cortège sauvage vers les Champs-Élysées pour continuer d'exprimer leur mécontentement [BERTRAND GUAY / AFP] Près de 500 policiers se sont rassemblés dans la soirée du 20 octobre 2016 place du Trocadéro à Paris avant de partir en cortège sauvage vers les Champs-Élysées pour continuer d'exprimer leur mécontentement [BERTRAND GUAY / AFP]

Le mouvement ne cesse de faire tache d'huile depuis quatre nuits. Plusieurs dizaines de rassemblements de policiers ont été recensés dans la nuit de jeudi à vendredi un peu partout en France. Ils expriment leur mécontentement, douze jours après l'attaque contre des policiers à Viry-Châtillon. François Hollande a annoncé qu'il recevrait les organisations professionnelles de policiers en «début de semaine».

Les policiers étaient près de 500 à Paris sur l'esplanade du Trocadéro à entonner la Marseillaise avant de prendre la direction des Champs-Élysées puis de tenter de rejoindre le ministère de l'Intérieur avant d'être bloqués par les gendarmes. La manifestation d'agents, tous en civil, certains portant un brassard ou un foulard masquant en partie leur visage, se déroulait dans le calme. Les manifestants ont entonné à plusieurs reprises la Marseillaise et scandé "Policiers en colère", "Cazeneuve, démission", "Falcone démission", du nom du directeur général de la police nationale (DGPN) Jean-Marc Falcone, avant de prendre la direction des Champs-Élysées en marchant sur la chaussée.

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Après avoir annoncé qu'une délégation serait reçue place Beauvau vendredi, les manifestants se sont dispersés dans le calme peu avant 01H00 du matin. Près de 800 fonctionnaires ont défilé entre la place Bellecour et l'hôtel de ville de Lyon, quelque 400 à Melun, 120 à Évry, une centaine d'agents à Bobigny, Toulouse, Carcassonne et Bordeaux, une cinquantaine à Montpellier et à Tarbes. A Marseille, près de 200 policiers se sont rassemblés à 23H00 sur le Vieux Port avant de rallier le palais de justice, sirènes hurlantes et gyrophares allumés.

La manifestation d'agents, tous en civil, certains portant un brassard ou un foulard masquant en partie leur visage, se déroulait dans le calme le 20 octobre 2016 [BERTRAND GUAY / AFP]

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La manifestation d'agents, tous en civil, certains portant un brassard ou un foulard masquant en partie leur visage, se déroulait dans le calme le 20 octobre 2016

 

Cramer un mec et ne rien risquer

"La France est le seul pays où on peut cramer un mec et ne rien risquer", a affirmé à l'AFP un manifestant, sous couvert d'anonymat, qui comme ses collègues veut "des moyens sur le terrain" et des crédits pour remplacer des matériels hors d'âge.

Depuis Bruxelles où il assistait à un sommet européen, le chef de l'Etat a assuré que le gouvernement et lui étaient "dans une démarche de dialogue". "Je recevrai les organisations représentatives de policiers dans le début de semaine", a ajouté M. Hollande, jugeant "important (de) donner une perspective et une réponse immédiate" au mouvement des policiers né d'une violente attaque au cocktail Molotov contre 4 policiers à Viry-Châtillon (Essonne) le 8 octobre.

Depuis Francfort où il était en déplacement, le Premier ministre Manuel Valls a exhorté jeudi les policiers à "continuer le dialogue" entamé avec le gouvernement. Mercredi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait promis aux syndicats policiers, eux-mêmes dépassés par leur base, qu'une concertation serait lancée dès lundi dans les départements, venant compléter un plan "de sécurité publique" prévu en novembre. Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a, lui, promis "la plus grande fermeté" envers ceux qui s'en prennent aux fonctionnaires de police. Il a dit dans un entretien à La Croix vouloir remédier au "manque d'informations" sur les suites judiciaires données aux interpellations afin de démontrer qu'il n'y pas de laxisme de la justice.

Passes d'armes politiques

Sur la défensive, le gouvernement pointe la responsabilité vers la droite, qui a supprimé selon lui 10.000 postes sous la présidence de Nicolas Sarkozy. "Mensonges", a rétorqué l'ancien chef de l'État, candidat à la primaire de droite. "La Cour des comptes a publié un rapport démontrant qu'en décembre 2015 il y avait 868 policiers et gendarmes de moins à l'époque de M. Hollande qu'avec moi", a-t-il affirmé. "Nous avons créé près de 6.500 emplois, il en reste 2.500 à créer en 2017", a riposté Bernard Cazeneuve, en marge d'un déplacement à Villeneuve-d'Ascq (Nord). 

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