En direct
A suivre

Prêtre égorgé : le témoignage des sœurs retenues en otage

Le prêtre Jacques Hamel, assassiné à Saint-Etienne-du-Rouvray, avait 84 ans.[CHARLY TRIBALLEAU / AFP]

Les trois sœurs qui étaient présentes lors de l'assassinat du père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) ont rapporté au magazine chrétien La Vie leur échange avec les deux assaillants.

Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean se sont introduits mardi 26 juillet, vers 9h30, dans l'église où officiait le prêtre en présence de quatre autres personnes. Huguette Péron raconte que l'un des terroristes est entré seul dans l'église avant de revenir accompagné : «Il voulait savoir si l'église était ouverte. Je lui ai dit de repasser dans dix minutes après la messe.»

A lire aussi : Prêtre égorgé : ce que l'on sait du deuxième terroriste

Hélène Decaux, une deuxième religieuse, décrit l'arrivée des deux hommes. «Ils avaient le style des terroristes qu'on voit à la télé. L'un portait un calot noir sur la tête et la barbe bien fournie. J'ai tout de suite compris.»

«J'ai eu droit à un sourire du second» assaillant

«Ils étaient très énervés. Ils ont proféré une sorte de slogan en arabe puis nous ont reprochés en français le fait que "nous les chrétiens nous ne soutenions pas les Arabes"», rapporte Huguette Péron.

Après le premier coup porté à la gorge du père Hamel à genoux dans la nef de l'église, seule Danielle Delafosse parvient à s'échapper et à donner l'alerte. Le paroissien, forcé à filmer l'assassinat du prêtre, est poignardé.

A lire aussi : Saint-Etienne-du-Rouvray : le père de l'un des terroristes témoigne

Une fois le meurtre commis, Huguette Péron note que les deux hommes changent brusquement d'attitude. «J'ai eu droit à un sourire du second. Pas un sourire de triomphe, mais un sourire doux, celui de quelqu'un d'heureux», raconte-t-elle. L'échange surréaliste entre les religieuses et les deux hommes va se poursuivre, avec pour thèmes la situation en Syrie ou encore la religion.

«La paix, c'est ça qu'on veut»

Hélène Decaux est interrogée sur sa connaissance du Coran. «Oui, je le respecte, réplique-t-elle, comme je respecte la Bible, j'ai déjà lu plusieurs sourates. Et ce qui m'a frappé en particulier, ce sont les passages sur la paix.»

L'un des assaillants rebondit sur sa réponse en affirmant qu'il agit contre les frappes françaises en Syrie: «La paix, c'est ça qu'on veut. Quand vous passerez à la télévision, vous direz à vos gouvernants que tant qu'il y aura des bombes sur la Syrie, nous continuerons les attentats.» Quand il lui demande si elle craint la mort, la religieuse lui répond «non».

A lire aussi : Saint-Etienne-du-Rouvray : un proche d'un des tueurs arrêté à Genève avant l'attentat

Otages et terroristes parlent ensuite des religions musulmane et chrétienne. «Jésus ne peut pas être homme et Dieu. C'est vous qui avez tort», lance l'un des tueurs. «Peut-être, mais tant pis», répond Huguette.

«Ils allaient au devant de la mort»

Dans leur tentative de fuite, Abdel Malik Petitjean et Adel Kermiche, qui seront abattus par les hommes de la BRI, se servent de leurs trois otages comme bouclier humain. «Ils ne se sont pas mis totalement derrière nous. A croire qu'ils allaient au devant de la mort», confie Hélène Decaux.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités