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Patrick Kanner : "Place à la fête pour l'Euro"

Le ministre estime que l'Euro peut être un vrai moment de rassemblement pour le pays. Le ministre estime que l'Euro peut être un vrai moment de rassemblement pour le pays. [© Nicolo Revelli-Beaumont/Sipa/ pour DirectMatin]

A la veille du coup d’envoi de l’événement, le ministre incite les Français à se rassembler derrière les Tricolores, et à ne pas avoir peur.

A quelques heures du lancement de l’Euro, dans quel état d’esprit êtes-vous ? 
Je suis impatient, car je suis convaincu que demain, l’esprit sera à la compé­tition, à la joie. Il faut dépasser les ­polémiques et les débats anxiogènes. Personne ne nie qu’il existe une ­menace terroriste sur notre pays, mais comme elle existait sur la COP21, sur le Festival de Cannes, sur les matchs au Stade de France depuis le 13 novem­bre, sur le marathon de Paris, sur Roland-Garros… Pas question de s’arrêter de vivre.

La France est donc prête, aujourd’hui, pour l’événement…
Nous sommes concentrés, respon­sables, avec tous les moyens de sécurité. Mais maintenant, place à la fête, place au bonheur d’être rassemblés ! Je ne suis pas naïf, ce ne sera pas la solution à tous nos problèmes, qu’ils soient économiques, sociaux ou autres, mais une belle organisation, un parcours sans faute des Bleus, de beaux matchs, cela peut créer une dynamique favorable. Cet Euro 2016 sera, si nous le voulons, un moment de rassemblement derrière notre maillot bleu, nos couleurs. Nous devons donc nous projeter, car la France va être regardée par le monde entier.
 
Malgré les inondations, et le conflit social qui perdure, la ferveur va-t-elle être au rendez-vous ?
Il faut une victoire demain soir. La pression sur les Bleus est forte, mais ils la maîtrisent bien, notamment avec leur dernière victoire sur l’Ecosse (3-0). Les joueurs sont capables de former un groupe très soudé. Ils prennent plaisir à être ensemble. Et j’aimerais que ce plaisir se répande sur l’ensemble du pays, que les Bleus propagent leurs ondes positives.
 
Ne craignez-vous pasdes grèves durant la compétition ? 
J’appelle à la responsabilité : chacun a le droit d’émettre ses revendications, mais ne gâchons pas la fête. L’Euro 2016, ce seront des moments d’union nationale, de «communion» laïque nationale. L’intérêt général doit, au moins pour un temps, l’emporter sur les intérêts catégoriels. Pour le pays, pour son développement, l’Euro représente un tel enjeu qu’il faut montrer le meilleur de nous-mêmes. Nous devons envoyer une image de sérénité aux millions d’étrangers qui vont venir dans les prochaines semaines.
 
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© Nicolo Revelli-Beaumont/Sipa/ pour DirectMatin
 
L’équipe de France est aujourd’hui rajeunie, ses cadres ont changé. Que renvoie-t-elle à la population ?
Les Français aiment leur équipe, l’image qu’elle donne. J’ai beaucoup apprécié l’attitude des joueurs après l’inter­vention de Karim Benzema. Ils ne se sont pas fait embarquer dans une ­polémique stérile, sont restés concentrés sur le cœur de leur métier. Didier Deschamps les protège, au meilleur sens du terme. L’épisode de Knysna, en 2010, est derrière nous. Aujourd’hui, les Bleus sont ensemble. Ils ont besoin du soutien de toute la nation. C’est le message que nous devons leur adresser. Les Bleus doivent se sentir aimés, même par les personnes éloignées du football. Car chacun sait qu’ils représentent ­davantage que ce sport lui-même. 
 
A partir de quel résultat final de l’équipe de France peut-on considérer que cet Euro sera une réussite ?
Avec la Roumanie, l’Albanie et la Suisse dans son groupe, la France est, me semble-t-il, capable de terminer première. Bien sûr, il peut y avoir des accidents, car toutes les formations présentes sont de bonnes équipes. En tant que ministre des Sports, je ­souhaite bien sûr que l’équipe de France aille le plus loin possible, au moins jusqu’en demi-finale. Puis une finale de rêve France-Allemagne. Car la Mannschaft est championne du monde, c’est un symbole.
 
Vous évoquiez la menace ­terroriste qui plane sur l’Euro, après les attaques de novembre. Quel est son niveau aujourd’hui ?
La menace pèse, nous en sommes conscients. Nous organisons un événement hors normes, dans une situation hors normes. Avec l’état d’urgence en place, un niveau de sécurisation maximal, le message du gouvernement est de dire : «on tient bon».
 
Notamment pour les fan-zones, qui ont beaucoup fait parler d’elles ces dernières semaines… 
Bien sûr, au lendemain des attentats de novembre, nous nous sommes posé la question. Faut-il maintenir les fan-zones ? Nous les avons maintenues et renforcées. Elles sont désormais une sorte de stade sans joueurs, mais avec les mêmes outils de sécurité : pal­pation, vidéosurveillance, déminage, ­détecteurs, consignes à bagages… Pour ces emplacements, nous prendrons les décisions qui s’imposent si le danger est avéré. Je rappelle que leur budget a été doublé, et que nous ­mobilisons 3 000 policiers en plus pour la zone de Paris. Il y a donc 100 % de précaution de la part des autorités, même si le risque zéro n’existe pas. Pour citer Confucius, il faut «se préparer au pire, espérer le meilleur, et prendre ce qui vient». Tout est fait pour que ce qui vient soit positif.

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© Nicolo Revelli-Beaumont/Sipa/ pour DirectMatin

En dehors des stades et des fan-zones, les supporters seront présents partout, notamment sur les terrasses des bars. Est-ce un défi sécuritaire insoluble ? 
La question serait alors : fallait-il supprimer l’événement ? Ça n’a pas été notre choix, et les Français peuvent être confiants. Ne pas faire l’Euro, ce serait donner raison aux terroristes, ce serait affaiblir notre pays, ce serait considérer que nous ne sommes pas une démocratie capable de se défendre. Ce serait donc négatif à tous les niveaux. Nous parions sur le positif avec raison, la mobilisation est maximale. Sans oublier le travail de fond, celui du renseignement, du démantèlement des filières, qui continue.
 
Quels autres problèmes ­pourraient survenir durant la compétition ? 
Il n’y a pas que le terrorisme, il y a aussi le hooliganisme. Pour cela, nous aurons des agents étrangers, des connaisseurs des publics de leurs pays, qui seront présents en France, à raison de huit ­officiers de liaison par formation.
 
En plus de cet Euro, la France ­postule pour les JO de 2024. Faut-il y voir la volonté d’en faire un très grand pays de sport ? 
Le sport, c’est un enjeu considérable pour la santé, pour notre économie, pour la cohésion nationale, pour la transmission de valeurs citoyennes. Mais le sport est aussi un élément 
de puissance diplomatique. Ces grands événements, tous les pays se battent pour les avoir. Car c’est l’activité humaine la plus populaire au monde.

 

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