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Marseille : le parquet demande la détention de l'adolescent

Benjamin Amsellem, l'enseignant victime de l'agression évoque une "situation très difficile". [BORIS HORVAT / AFP]

Le parquet de Paris a ouvert mercredi une information judiciaire concernant l'agression d'un enseignant juif lundi à Marseille et demandé que le mineur soupçonné soit placé en détention provisoire.

L'information judiciaire a été notamment ouverte pour tentative d'assassinat aggravée en raison de la religion et en relation avec une entreprise terroriste, a précisé le parquet. Le parquet a requis le placement en détention provisoire du suspect, un Turc d'origine kurde, âgé de 15 ans, qui a dit avoir agi «au nom d'Allah» et de Daesh.

L'adolescent a été déféré ce mercredi au tribunal à Paris, en vue d'une mise en examen par des juges antiterroristes.

L'adolescent a exprimé une «certaine fierté»

Lors de ses auditions, l'adolescent a «revendiqué son geste et exprimé une certaine fierté», affirmant «qu'il avait agi seul», a précisé une source proche de l'enquête. Sa victime a pu se défendre et s'en est finalement sortie avec des blessures légères.

L'enquête se poursuit pour «tentative d'assassinat aggravé en raison d'une appartenance religieuse en lien avec une entreprise terroriste». Dès son arrestation, l'adolescent avait précisé aux policiers avoir agi «au nom d'Allah» et de Daesh. En raison de son âge, 15 ans pour quelques jours encore, sa garde à vue ne peut excéder 48 heures.

Sans antécédents judiciaires ni psychiatriques, il est issu d'un milieu «classique et normal», a de bonnes notes au lycée et se serait radicalisé «via Internet», selon le parquet marseillais.

Le président du consistoire israélite de Marseille, Zvi Ammar, devant l'école "La Source", le 11 janvier 2016 à Marseille [BERTRAND LANGLOIS / AFP]
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Le président du consistoire israélite de Marseille, Zvi Ammar, devant l'école "La Source", le 11 janvier 2016 à Marseille

 

Dans ce contexte, le président du consistoire israélite de Marseille, Zvi Ammar, a «incité» mardi ses coreligionnaires à «enlever la kippa dans cette période trouble, jusqu'à des jours meilleurs». Une décision qui lui fait «mal au ventre», a expliqué ce responsable de l'une des plus importantes communautés juives d'Europe, avec quelque 70 000 membres. «Il faut prendre des décisions exceptionnelles, et, pour moi, la vie est plus sacrée que tout autre critère», a-t-il justifié auprès de l'AFP. «On est obligé de se cacher un petit peu», a-t-il déploré.

Un appel similaire à ôter la kippa avait déjà été lancé par l'enseignant victime de l'agression, via son épouse. «Aujourd'hui, il a mis sa casquette, et il encourage la communauté à faire comme lui», avait-elle dit.

Les propos de Zvi Ammar sont «un cri d'émotion compréhensible», a estimé le grand rabbin de France, Haïm Korsia, mais «nous ne devons céder à rien, nous continuerons à porter la kippa». De son côté, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Roger Cukierman, a jugé qu'il ne s'agissait «certainement pas (d'une) bonne idée». «Cela traduit une attitude défaitiste, de renoncement», a-t-il déclaré à l'AFP.

Signe que la question divise, la présidente du Crif Marseille-Provence, Michèle Teboul, a estimé qu'il fallait «vivre normalement», mais qu'elle ne pouvait que se «plier» à cette décision «si c'est pour assurer la sécurité des juifs».

Une «situation très difficile" pour l'enseignant victime

La garde des Sceaux, Christiane Taubira, a martelé que, «comme tout citoyen français, les juifs de France doivent se sentir en sécurité» et doivent «bien entendu» pouvoir porter la kippa dans la rue. «Nous devons réaffirmer, nous devons garantir au quotidien, partout sur le territoire, la liberté de chaque citoyen, sa liberté, y compris de vivre sa croyance. C'est ça une République laïque», a ajouté la ministre de la Justice, à sa sortie d'une réunion à Matignon.

Sénateur-maire de Marseille, grand port de la Méditerranée qui met volontiers en avant son cosmopolitisme, l'élu Les Républicains Jean-Claude Gaudin a assuré la communauté juive de sa solidarité. Sur la question de la kippa, «c'est à la communauté de prendre ses dispositions», a-t-il dit.

L'enseignant victime, Benjamin Ansellem, qui selon son avocat a eu «le sentiment» que son agresseur voulait le «décapiter», a été entendu mardi par les enquêteurs. «Je me sens très fatigué, c'est une situation très difficile», a-t-il dit, visiblement très ému, boitant et portant une casquette sur la tête, à sa sortie du commissariat.

L'agression antisémite est survenue quelques mois après deux autres visant la communauté juive de Marseille.

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