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Ajaccio : un arrêté d'interdiction de manifester

Le préfet de Corse Christophe Mirmand a reçu une délégation de manifestants pour leur demander de cesser ces mouvements. [Pascal Pochard Casabianca / AFP]

Le préfet de Corse a interdit jusqu'au 4 janvier les manifestations dans le quartier populaire des Jardins de l'Empereur à Ajaccio, où un calme mâtiné d'inquiétude est revenu, après deux jours de manifestations et dérapages racistes.

Un arrêté qui "prend effet aujourd'hui (dimanche, ndlr) et durera jusqu'au 4 janvier au moins" a été pris, a précisé Christophe Mirmand : "il concerne toutes les manifestations et les rassemblements, et les contrevenants sont passibles de sanction pénale".

"Il faut que ces comportements cessent, ils altèrent l'image de la Corse", a ajouté le préfet, pointant "des propos choquants et inacceptables qui sont successibles de tomber sous le coup d'incrimination d'incitation à la haine à la xénophobie".

Vendredi et samedi, des manifestants avaient défilé dans le quartier des Jardins de l'Empereur, scandant "On est chez nous", "Arabes dehors", après l'agression dans ce quartier de deux pompiers et un policier durant la nuit de Noël.

Un dispositif conséquent de gendarmes mobiles et CRS veillait à empêcher tout débordement dans cette partie de la ville où de nouvelles manifestations sont prévues ce dimanche à 14h00

Vendredi, aux Jardins de l'Empereur, une salle de prière musulmane avait été saccagée, en marge d'une première manifestation.

Condamnation unanime de la classe politique

Ces actes ont été unanimement condamnés : le Premier ministre Manuel Valls qui a dénoncé une "agression intolérable de pompiers" et une "profanation inacceptable d'un lieu de prière musulman", tandis que Bernard Cazeneuve (Intérieur) évoquait "(des) exactions intolérables, aux relents de racisme et de xénophobie, (qui) ne sauraient rester impunies" et que la garde des Sceaux, Christiane Taubira, twittait "la lumière sera faite, les auteurs en répondront".

"A Ajaccio, pompiers agressés, lieu de culte saccagé, plus qu'un appel au respect de la loi, on attend de l’État autorité et fermeté", a twitté Alain Juppé (Les Républicains).

Le Front national a estimé que "quand les citoyens ont le sentiment légitime que l'Etat ne fait plus régner l'ordre républicain, quand ils voient des pompiers et des policiers pris en embuscade dans un des innombrables ghettos que compte la France, il y a le risque évident qu'ils veuillent se faire justice eux-mêmes (...)".

De son côté, le porte-voix du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon,  a déclaré que ces actes de violences étaient le résultat d'un "nationalisme exacerbé et (de) la culture de la violence" dans l'île, condamnant en particulier " (l')ivresse ethniciste" des dirigeants nationalistes qui viennent de prendre les rênes de la collectivité territoriale de Corse.

"Dérapages racistes"

L'Observatoire national contre l'islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM) a dénoncé une agression "qui se déroule en un jour de prière pour les musulmans et pour les chrétiens", Noël tombant cette année juste après le Mouloud, la fête musulmane qui commémore la naissance du prophète Mahomet. Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande mosquée de Paris, a lancé un appel au "calme, au sang-froid et à l'apaisement".

Les dirigeants nationalistes ont aussi fermement dénoncé ces violences : le président du conseil exécutif, Gilles Simeoni, a condamné une "agression initiale scandaleuse" affirmant "(qu')il est impensable d'imaginer qu'il existe des zones de non droit dans l'île". M. Simeoni a stigmatisé les "dérapages racistes. Ces agissements sont contraires aux valeurs du peuple corse". Le président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, a également fustigé sur Twitter "l'importation d'idéologies complètement étrangères à la tradition politique corse".

Les incidents avaient débuté dans la nuit de jeudi à vendredi, lorsqu'un incendie avait été "volontairement allumé" dans les Jardins de l’Empereur, "pour attirer les forces de l’ordre et les pompiers dans un guet-apens", a indiqué la préfecture.

Selon le témoignage de l'un des deux pompiers blessés dans cette agression, ils ont d'abord rencontré cinquante à soixante individus qui se trouvaient autour d'un feu et leur ont lancé des projectiles. Puis, alors qu'ils rebroussaient chemin, les pompiers ont a nouveau été pris à partie par un petit groupe  "dans un véritable guet-apens par une vingtaine de personnes armées de barres de fer, de battes de baseball, cagoulées", a relaté le pompier sur iTELE.

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