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Portraits : les marins de la frégate «Chevalier Paul»

Andy, 20 ans, est l'un des 185 marins qui composent l'équipage du "Chevalier Paul". [Debora Ramos]

La frégate "Chevalier Paul" est l'un des fleurons de la marine nationale, sur lequel on retrouve quelque 185 membres d'équipage, âgés de 30 ans en moyenne, et représentant 40 métiers différents. Direct Matin a pu passer une journée avec eux.

En ce mois de novembre, le bateau effectuait une sortie en mer de trois jours au large de la rade de Toulon, afin de procéder aux derniers ajustements avant la prochaine mission. Le "Chevalier Paul" pourrait escorter le porte-avions Charles De Gaulle, en route vers la Syrie pour lutter contre Daesh. Le type d'opération dont rêvent les marins, guidés par la soif d'aventures, de voyages, et l'envie de servir leur pays. (Crédits photos : Debora Ramos)

Emmanuel, 45 ans, commandant de la frégate Chevalier Paul

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"Je suis ingénieur diplômé des arts et métiers. Après avoir effectué mon service militaire, je voulais faire quelque chose d'exceptionnel. Je faisais de la voile, donc j'étais déja attiré par la mer. Dans la marine, j'ai eu la possibilité d'être chef de quart sur un petit bateau impliqué dans des opérations de lutte contre le trafic de drogue. Puis j'ai participé aux opérations au Kosovo. Plus tard, j'ai pu faire une équivalence avec mon diplôme, et je suis devenu officier de marine engagé. J'ai passé dix-sept ans sur des bâtiments de combat, dont un an dans un sous-marin nucléaire, et six à terre. Je suis commandant du "Chevalier Paul" depuis un an, et désormais ma mission touche à sa fin. Alors que 40% des effectifs ont changé depuis un an, je devais mettre le bateau en état de fonctionner. C'est chose faite, la frégate et son équipage sont prêts à repartir en mission".

Clémence, 28 ans, chef de service

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"Après avoir obtenu un Mastère en Finance de marché à Paris, j'ai décidé de changer de voie, car j'étais en recherche d'aventures. Pendant mes études, j'avais effectué un stage à l'école de Maistrance (l'école des officiers mariniers, ndlr) qui m'a convaincu de m'engager dans la Marine. J'ai ainsi été embauchée comme officier sous contrat, avec un CDD de 8 ans auquel il faut ajouter un an de formation. Cela me convient, car notre génération ne se projette pas dans les quarante prochaines années. Je suis arrivée sur le "Chevalier Paul" l'été dernier. Ici, on est challengé en permanence, et j'ai des responsabilités que je n'aurais jamais pu espérer ailleurs à mon âge. Pour la vie de famille, il faut composer, mais je me suis mariée avec un marin il y a un mois". 

Alexandre, 23 ans, cuisinier - boulanger

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"J'ai une formation de boulanger. Avant de m'engager dans la marine j'ai travaillé six ans dans le civil, dans le secteur de la restauration gastronomique. Ici, ce n'est pas le même travail ! On est cinq en cuisine, et on doit servir 220 repas par jour le midi et le soir, donc la cusine fonctionne en permanence. J'ai également une formation de pompier, en cas de problème je suis chargé d'intervenir. Ici, à bord, nous sommes tous polyvalents et occupons différentes fonctions. Si je me suis engagé, c'est surtout pour l'ouverture au monde. On bouge. J'ai notamment pu participer à la campagne en Syrie en 2013".  

Remy, 35 ans, technicien aéronautique spécialiste avionique

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"Après un Bac électrotechnique et un BTS informatique, j'ai fait l'école de Maistrance pendant six mois avant de partir pour l'école de Rochefort, spécialisée dans l'aéronautique. Je n'avais pas envie de rester devant un écran d'ordinateur, et j'avais un père marin, qui m'a donné envie de m'engager. Je travaille désormais à Hyères, détaché sur le "Chevalier Paul". Je suis en charge de l'hélicoptère MH90 que l'on retrouve sur la frégate. Mon rôle est de contrôler l'appareil, de faire du dépannage électronique, et de la radio. Lorsqu'on est spécialisé sur ce type d'hélico, on travaille constamment en prise avec le secteur industriel, Thalès, entre autres. L'appel des sirènes existe donc, mais ici il y a un esprit qu'on ne retrouve pas ailleurs. Donc tant que je peux évoluer, je ne me vois pas partir vers le privé".  

Jeremy, 40 ans, chargé du bureau opérations

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"J'ai passé les concours de l'armée de Terre et de la marine, et j'ai eu les deux. J'ai choisi la Marine pour la mobilité, et parce que mon père était dans la marine. Je suis entré en service en 1996, et je suis parti sur le Foch pendant la crise au kosovo en 1998. J'ai participé à toutes les opérations depuis , dans le Golfe, en Syrie, en Libye, en Afghanistan, en Irak... Je me suis découvert une vocation pour la défense aérienne, et j'ai eu l'opportunité de passer un brevet supérieur avec une spécialité sur les radars 3D. Je suis sur le "Chevalier Paul" depuis 2011, où je suis "l'oeil technique" du radar. Ici, nous sommes en évolution permanente, avec des changements de situation, les missions ne sont jamais les mêmes".

Andy, 20 ans, équipier propulsion

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"J'étais en échec scolaire, quand j'ai vu un reportage sur la marine à la télévision, qui m'a convaincu de m'engager. Je voulais voyager, voir du pays. Je suis entré dans la marine à 16 ans après l'école des mousses en Bretagne. Là bas, on fait de tout, on voit tous les métiers afin de pouvoir choisir. On apprend aussi à saluer et à marcher au pas. J'ai appris la mécanique sur le "Chevalier Paul", où je suis arrivé il y a trois ans. Je suis responsable de l'entretien des moteurs et des turbines à gaz. Ce que j'aime ici, c'est qu'on est soudés, il y a un vrai esprit d’équipe, car on est 24/24 ensemble, y compris quand on fait des sorties à l'extérieur."

Nicolas, 35 ans, médecin major

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"Je suis le médecin de famille du bateau, chargé de veiller à la bonne santé de l'équipage. Je fais passer environ 150 consultations par mois, pour divers problèmes, avec une grande part de prévention. Après avoir été diplômé de l'école de médecine, j'ai passé un brevet de médecine navale. Je suis arrivé sur le "Chevalier Paul" en Septembre. Ici, on a la capacité de prodiguer la plupart des soins, y compris de la dentisterie. S'il faut une intervention chirurgicale, on évacue le patient. Je suis aussi amené à apporter une aide psychologique, il m'arrive de m'isoler avec un marin pour discuter de ses problèmes. Ici, il existe toujours le risque que quelqu'un craque et se jette par-dessus bord, donc il faut être attentif. J'ai fait de la médecine car j'aime l'être humain, et le milieu militaire me permettait de bouger plutôt que de rester derrière un bureau. C'est mon côté aventurier." 

Lisa, 18 ans, officier sous contrat opérations

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"Je viens d'Alsace, loin de la mer, mais j'avais de la famille et des amis dans l'armée, et ce milieu m'a toujours intriguée. En sortant du lycée j'ai commencé une formation de trois ans en octobre 2014, et je suis sur le "Chevalier Paul" depuis janvier. J'ai ciblé plusieurs spécialités, et je me suis tourné vers la détection. Je suis chargée de surveiller les radar, les sonar. J'aime le côté opérationnel, on voit des choses que tout le monde ne voit pas. On bouge, on ne fait jamais la même chose. Et puis on est entre nous, des liens se créent. En tant que fille, il suffit de montrer qu'on sait faire la même chose que les autres pour se faire respecter."

Andy, 31 ans, Technicien aéronautique spécialiste avionique

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"Je suis entré à la flottille en 2014. Après un bac pro maintenance de systèmes mécaniques, j'ai commencé par réparer les machines dans les usines. Mais je n'ai pas réussi à trouver de CDI, et ma soeur m'a convaincu de m'engager dans la marine. Je voulais voyager et travailler sur des avions ou des hélicoptères. J'ai commencé par travailler sur la maintenance à la base aéronavale de Nantes, puis je suis parti en Bretagne pour travailler sur les hélicoptères. Je voulais partir en vol, être pilote ou copilote, mais je n'avais pas les capacités nécessaires, je suis plus quelqu'un de physique. Donc j'ai pu devenir plongeur hélicoptère. Je suis amené à porter secours aux marins en perdition, a participer à des missions de "search and rescue". J'ai un contrat de dix ans, mais si je peux rester au-delà, je le ferai."

Mathieu, 19 ans, adjoint du commissaire

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"J'effectue un stage dans la marine dans le cadre de ma première année à l'Ecole polytechnique. J'avais envie de voyager, de découvrir un milieu qui m'intrigue. Je suis sur le "Chevalier Paul" depuis trois jours, après un mois de formation. Je dois y rester cinq mois. En tant qu'adjoint du commissaire, je l'aide dans les tâches administratives. Cela me permet d'acquérir une expérience en management, j'ai des hommes à gérer. Je suis jeune, et ce type d'expérience fait grandir. ici, j'ai des responsabilités, j'ai même été amené à faire décoller et atterrir des hélicoptères. J'ai hâte de voir une véritable opération de l'intérieur."

Rémi, 32 ans, expert systèmes de combat

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"Après le Bac, j'ai fait une prépa dans un lycée militaire. J'ai ensuite passé les concours pour les trois écoles militaires (air, marine et terre), que j'ai tous réussis. J'ai un frère à Saint-Cyr, qui dépend de l'armée de Terre, je connaissais un peu l'armée de l'air, mais je n'avais jamais mis les pieds sur un bateau. C'est le challenge qui m'a motivé. La marine m'a permis d'obtenir des responsabilités très jeune. Je me suis ensuite spécialisé en tant qu'artilleur, avant d'arriver sur le "Chevalier Paul" en août 2014. Ce bâtiment est au cœur des opérations, et il présente un haut niveau de technicité. Cela me plaît."

 

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