Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.
LUNDI 5 OCTOBRE
Tintin vaut un million d’euros – ou plutôt neuf millions vingt-cinq dollars de Hong Kong. Je regarde la reproduction de ce dessin acquis par un Asiatique anonyme, lors d’une vente aux enchères d’Artcurial, du 5 au 6 octobre, à Hong Kong. C’est, comme toujours avec Hergé, la «ligne claire» qui fascine, cette école belge de dessin, immortalisée par l’inventeur de Tintin : personnages, décors, action et atmosphère intelligibles pour tous. On y voit la force du récit, une apparente simplicité du trait, mais si simple, ce trait, ce petit bonhomme transporté en pousse-pousse dans une rue de Shanghai, qu’on y cherche un mystère. C’est cadré comme un plan de cinéma, le célèbre artiste sachant faire sortir une voiture du champ de vision, installant un policier au coin de la rue (surveille-t-il Tintin ?) et un seul piéton, vu de dos, sous une pancarte publicitaire en caractères chinois, bien sûr, blancs sur fond noir. Le tout a été créé par Hergé en 1936, avec encre de Chine et gouache. Selon l’expert en BD d’Artcurial, Eric Leroy, cette vente représente «l’universalité du 9e art».
Des inondations dans le sud de la France à la chemise déchirée d’un DRH d’Air France, de la destruction de l’arc de triomphe de Palmyre par Daesh aux frappes de l’aviation russe en Syrie pour le compte de Bachar al-Assad, l’actualité a été terriblement triste. Aussi bien, ce dessin original, modèle de clarté et de pureté, fait l’effet d’un souffle de fraîcheur. Tintin vaut un million ? Bonne nouvelle !
MARDI 6 OCTOBRE
Dans la grande série «le politique se vautre dans le show-business», voici qu’Hillary Clinton se prête, aux Etats-Unis, au divertissement. Dans une saynète diffusée par NBC dans Saturday Night Live, la sérieuse candidate à la Maison Blanche pour 2016, est apparue déguisée en barmaid, derrière un comptoir, face à une cliente interprétée par une actrice, Kate McKinnon, qui joue son clone. Accompagnée de rires complices, Hillary interprète un dialogue écrit par une batterie de «gagmen» – pour tenter de dissiper l’image d’une femme politique qualifiée souvent de «rigide», «distante». La même Hillary fait la une du National Enquirer, hebdomadaire à scandale, ragots, et fausses infos. Le titre : «Il lui reste six mois à vivre.» Elle aurait un cancer du cerveau et aurait abusé de l’alcool. Jusqu’où peuvent aller ces pratiques indignes qui augurent mal de la course à la présidence ? La correspondante de Canal+ et iTélé à Washington, Laurence Haïm, envoie cette reproduction du tabloïd américain avec la mention : «Ici tout le monde enquête, en vain.» On ne peut guère faire confiance à un torchon pareil, mais Laurence Haïm ajoute, après ses réserves d’usage : «Le National Enquirer a parfois sorti de vraies infos – style Monica Lewinsky.»
DIMANCHE 11 OCTOBRE
La Coupe du monde du rugby commence vraiment dimanche prochain, à 17 heures, à Cardiff, avec la rencontre France-Irlande, pour la première place de la poule. Tout le monde donne l’Irlande gagnante. Dans une compétition de cette nature, «on ne sait rien», prévient Pascal Praud, plus souvent attaché à commenter le football, mais qui, en bon journaliste, s’intéresse à l’actuel Mondial. «Attention, on parle d’un XV de France sans éclat, qui joue mal ! On observe le coach, Philippe Saint-André, avec commisération. D’accord. Sauf que, souvenez-vous d’une autre Coupe du monde, de football, celle-là, en 1998, en France. L’entraîneur Aimé Jacquet était, lui aussi, victime de critiques. Eh ! bien, grâce à Deschamps, Zidane et cie, il est devenu, aux yeux même des ricaneurs, le meilleur coach du monde. Seule la victoire est belle. »