Le Premier ministre réunit vendredi matin plusieurs membres de son gouvernement à Matignon, afin de trouver les moyens d’enrayer la mortalité routière.
Une telle mobilisation n’avait pas eu lieu depuis quatre ans. Manuel Valls appelle en effet au branle-bas de combat pour la sécurité routière, en réunissant un comité interministériel composé, entre autres, de Bernard Cazeneuve (Intérieur), Christiane Taubira (Justice), Marisol Touraine (Santé) et Alain Vidalies (Transports). But de la manœuvre : trouver les moyens d’enrayer la hausse du nombre de tués sur les routes.
Vingt mois de hausse
En affichant sa détermination face à ce problème, l’Etat prend acte de son ampleur. Car, alors qu’elle restait sur douze années consécutives de baisse, la mortalité routière a connu, en 2014, une remontée inquiétante (+3,5 % avec 3 384 décès). Les statistiques ne se sont pas améliorées depuis : sur les huit premiers mois de 2015, le nombre de tués a augmenté de 4,6 % par rapport à la même période l’an dernier. Et l’été a été meurtrier, que ce soit en juillet (+19,2 %) ou en août (+9,5 %).
Une dégradation qui s’explique par un «sentiment d’impunité sur les routes», selon Emmanuel Barbe, le délégué interministériel à la Sécurité routière. Matignon le confirme : il y a un «relâchement du comportement de certains conducteurs». L’objectif de passer sous la barre des 2 000 tués par an d’ici à 2020, apparaît plus compliqué que jamais.
Le gouvernement, pourtant, a récemment sévi sur les routes. En janvier, Bernard Cazeneuve avait présenté une trentaine de mesures, s’appuyant en grande partie sur la répression.
Ainsi, depuis le 1er juillet, les oreillettes et casques audio sont bannis des habitacles, tandis que le taux maximal d’alcool est ramené, à titre expérimental, à 0,2 g par litre de sang pour les jeunes conducteurs. Sans oublier le test de la limitation de la vitesse à 80 km/h, au lieu des 90 km/h habituels, sur trois tronçons routiers du pays.
Des pistes pour aller plus loin
Parmi les associations, la Ligue contre la violence routière souhaite une généralisation de ces 80 km/h sur l’ensemble du réseau. Mais l’Etat pourrait ne pas aller dans son sens. Manuel Valls a en effet annoncé une «nouvelle stratégie des radars automatisés», qui pourrait signifier un déploiement des radars double face.
D’autres veulent mettre l’accent sur l’alcool. Une limite à 0,2 g pour tous est réclamée par 40 millions d’automobilistes, tandis que la Prévention routière prône la mise en place d’éthylotests anti-démarrage dans les voitures. Une mesure qui, selon un sondage YouGov dévoilé hier par Le Huffington Post, est soutenue par 58 % de la population.
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