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Centrafrique : l'armée française face à une nouvelle enquête pour viol

Une centrafricaine portant un bébé passe devant des soldats français de l'opération Sangaris en patrouille à Bangui le 20 mai 2015 [PATRICK FORT / AFP/Archives] Une centrafricaine portant un bébé passe devant des soldats français de l'opération Sangaris en patrouille à Bangui le 20 mai 2015 [PATRICK FORT / AFP/Archives]

La justice française a ouvert vendredi une enquête préliminaire après des accusations d'une jeune femme centrafricaine affirmant avoir été violée dans son pays à l'été 2014 par un soldat de la force française Sangaris.

 

L'armée française est désormais confrontée à trois enquêtes judiciaires pour des faits de viols présumés après des accusations portées contre ses soldats en Afrique. Les deux premières enquêtes concernent des mineurs.

Ouverte pour viol par personne usant de son autorité, l'enquête ouverte vendredi a été confiée à la gendarmerie prévôtale, le service chargé des investigations concernant les forces militaires françaises engagées à l'étranger, a annoncé à l'AFP une source judiciaire.

Cette décision fait suite à un signalement des faits présumés par le ministère de la Défense, qui a reçu des informations des Nations unies.

 

Un enfant serait né du viol

Cette jeune femme, dont l'âge n'est pas déterminé, a accusé un militaire de la force française Sangaris de l'avoir violée à l'été 2014. De ce rapport forcé serait né en avril un enfant, selon ses déclarations. L'ONU a évoqué jeudi une "jeune fille probablement en fin d'adolescence au moment des faits allégués".

Ces accusations, recueillies par des fonctionnaires onusiens, ont été transmises au Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme le 30 août, a précisé la source. Jeudi, l'ONU a transmis ces informations au ministère français de la Défense.

"Dès réception de ces éléments, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a immédiatement saisi le parquet de Paris en vertu de l'article 40 du Code de procédure pénale", a déclaré un peu plus tôt le ministère.

L'enquête préliminaire visera notamment à étayer, ou non, les accusations portées par la jeune femme.

 

Une dizaine de soldats français visés 

La France enquête déjà sur des accusations de viols entre décembre 2013 et juin 2014, portées par des enfants en Centrafrique. Ces allégations visent notamment 14 soldats français, qui n'ont jusqu'à présent pas été entendus.

L'affaire avait longtemps été tenue secrète, suscitant des critiques contre les autorités françaises quand le quotidien britannique Guardian avait révélé les faits en avril, près d'un an après qu'elles en avaient été informées.

Agés de huit à 13 ans, les enfants auraient également été violés par des soldats du Tchad et de Guinée équatoriale.

 

L'ONU et son "cancer" 

L'ONU a annoncé fin août la mise en cause de trois casques bleus dans trois nouveaux cas de viols en Centrafrique, dont un concernant une victime mineure. Ces faits ont été signalés par les familles des victimes présumées à la Minusca, la force des Nations unies déployées en Centrafrique, dont le chef Babacar Gaye a récemment dû démissionner.

Ces agressions sexuelles présumées par des soldats de la paix sont un "cancer dans notre système", a récemment déclaré le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.

Autre scandale visant des soldats français, deux soldats des forces spéciales soupçonnés d'attouchements de deux petites filles au Burkina Faso ont été immédiatement suspendus et transférés en juillet en France où l'un des deux a été mis en examen, sur la foi d'images vidéo.

L'opération française Sangaris, qui n'est pas sous commandement de l'ONU, a été déclenchée en 2013, pour stabiliser la situation en Centrafrique alors en proie au chaos, et tenter d'enrayer les tueries entre communautés chrétienne et musulmane. Au plus fort de sa présence elle a compté 2.000 hommes, des effectifs désormais réduits de plus de moitié.

La Centrafrique a plongé dans la tourmente après le renversement du président François Bozizé par une rébellion à dominante musulmane, la Séléka, en mars 2013.

Cette rébellion a été évincée du pouvoir en janvier 2014 après l'intervention de l'armée française, consécutive à un cycle sanglant de violences et de représailles entre combattants de la Séléka et milices antibalaka à dominante chrétienne.

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