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Éleveurs : Le Foll est à Caen

Stéphane Le Foll a finalement décidé de filer en Normandie, principal foyer de mobilisation des éleveurs, sans attendre de les recevoir à Paris, comme initialement prévu.[CHARLY TRIBALLEAU / AFP]

Face à la colère des éleveurs, qui étendent leurs blocages à travers la France, le gouvernement a été contraint de passer à la vitesse supérieure en annonçant la présentation mercredi d'un plan d'urgence en Conseil des ministres.

 

Signe de la gravité de la situation, c'est le président François Hollande lui-même, en première ligne dans ce dossier depuis samedi, qui a fait cette annonce. Le Premier ministre est également monté au créneau, Manuel Valls en appelant à "la responsabilité de chacun", en particulier aux "industriels" et à la "grande distribution", pour agir sur les prix et donner un coup de pouce aux éleveurs en colère. Et le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a finalement décidé de filer en Normandie, principal foyer de mobilisation des éleveurs, sans attendre de les recevoir à Paris, comme initialement prévu.

La décision, prise lors de la réunion à Matignon, est un signe, a-t-il reconnu à son arrivée: "On a arrêté un certain nombre de dispositions donc il me paraissait logique de répondre à la demande" des éleveurs normands qui le réclamaient. Arrivé en hélicoptère, dans un quartier entièrement bouclé par les CRS, le ministre a rejoint la Préfectuire sans encombre. Une rencontre directe avec une délégation d'éleveurs était prévue.

 

Un rapport qui sera scruté de près

De retour à Paris il prendra connaissance d'un rapport, très attendu, du médiateur qu'il a désigné sur les prix agricoles. Sa remise a été avancée de 24 heures. Sur le terrain, les éleveurs normands ont étendu leurs blocages et leurs tracteurs bloquent l'accès à Caen et Evreux, au Mont Saint-Michel et aux ponts de Normandie et de Tancarville. Les manifestants ont aussi élevé des barrages sur plusieurs routes ou autoroutes de la région.

Et les actions se sont propagées à d'autres régions. En Bretagne, des blocages s'organisaient à Saint-Malo et un autre a été signalé à Brest. Dans le Sud-Ouest, une vingtaine de producteurs laitiers bloquaient l'accès à la grotte de Lascaux 2, avec cinq tracteurs et deux bennes. En Picardie, quelque 130 manifestants paralysaient tous les principaux axes de la commune d'Abbeville depuis mardi matin, selon une porte-parole de la FDSEA. Tandis qu'à Amiens, la circulation était également très perturbée, notamment sur la rocade nord, par environ 300 manifestants. "Ca peut durer de façon illimitée", a prévenu la porte-parole.

 

Un tir nourri de l'opposition

Les atermoiements du ministre ont alimenté un tir nourri de critiques de l'opposition, tel Bruno Le Maire (Les Républicains) qui y a vu un signe de "mépris". Parmi les annonces attendues, le gouvernement pourrait opter pour des mesures de désendettement des exploitations (un milliard d'euros de dettes cumulées selon la FNSEA) en prenant à sa charge une partie des intérêts. "Il va falloir sortir le chéquier dans la mesure du possible", juge le président de la FNB (fédération des éleveurs bovins) Jean-Pierre Fleury.

Stéphane Le Foll a estimé récemment que 10% des élevages, ou 22.000 exploitations, étaient au bord du gouffre. Le patron des Jeunes Agriculteurs (JA), Thomas Diemer, attend "des annonces fortes sur l'endettement et une mise au pas des acteurs de la filière qui ont refusé de s'engager sur les hausses de prix".

Mesures de long terme

Mais si certaines mesures peuvent être bienvenues, elles ne sont pas la première revendication des éleveurs, rappelle la FNSEA. "Des mesures d'urgence, c'est pas ça qui va sauver l'élevage", a commenté Samuel Bidert, secrétaire général adjoint de la FDSEA du Calvados, interrogé par l'AFP."On veut des mesures sur le long terme pour structurer la filière et l'augmentation immédiate des prix", a-t-il ajouté.

Le rapport du médiateur sera scruté de très près pour déterminer qui, de la grande distribution ou des industriels des abattoirs, manque à sa parole et refuse d'appliquer les hausses de tarifs. Le 17 juin les professionnels s'étaient engagés à les augmenter de 5 centimes par semaine jusqu'à atteindre 4,50 euros le kilo. On en est loin: les prix n'ont gagné que 7 centimes au total.

Pour Thomas Diemer, "le rapport du médiateur n'est pas une fin en soi mais il va nous aider à cibler plus finement les opérateurs en cause". Les troupes n'ont donc pas l'intention de désarmer et les opérations devraient se poursuivre la nuit prochaine contre les mauvais joueurs, prévient-il.

 

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