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Les éleveurs normands attendent le ministre de l'Agriculture

Des éleveurs bloquant l'A84 à Breteville-sur-Odon dans le Calvados le 20juillet 2015.[CHARLY TRIBALLEAU / AFP]

Des centaines d'éleveurs en colère contre l'effondrement des prix de vente de leurs productions bloquaient lundi 20 juillry les entrées de Caen avec leurs tracteurs pour réclamer la venue du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.

 

Stéphane Le Foll leur a proposé de les recevoir jeudi à Paris, quand il aura pris connaissance du rapport que le médiateur des prix, qu'il a désigné, doit lui remettre mercredi à 17H00"On reste sur notre position, on veut un ministre de terrain", a répondu Jean-Yves Heurtin, président de la FDSEA du Calvados.

Même écho chez les Jeunes Agriculteurs (JA) dont le responsable sur place, Samuel Bidert, considère cependant la proposition ministérielle comme "une avancée"". On voit que ça le préoccupe ce qui se passe sur le terrain. Mais nous on l'attend ici, on a demandé qu'il vienne et réunisse tous les acteurs de la filière, nous les producteurs, mais aussi les industriels des abattoirs et des laiteries et les centrales d'achat des distributeurs".

 

Les éleveurs veulent faire leur propre marge

"Le dialogue ne peut pas fonctionner ainsi", a réagi Manuel Valls lundi matin. "La porte du bureau du ministre de l'Agriculture est ouverte en permanence, Stéphane Le Foll va au contact régulièrement des éleveurs mais là, il s'agit de trouver d'abord des solutions concrètes et précises pour les filières".

Pour Samuel Bidert, les éleveurs "ont besoin d'y voir clair: nous, on connaît les prix à la sortie de nos fermes et les prix aux consommateurs, mais entre les deux, chaque intermédiaire fait sa marge, sauf l'éleveur".

 

Le prix du lait s'est effondré en décembre

Le litre de lait lui est payé 300 euros la tonne (30 centimes le litre): "Il m'en faudrait 370 pour vivre dignement sans dépendre de ma femme et 340, 350 pour payer mes charges, sans me verser de salaire". Le prix du lait se tenait bien en 2014 avant de s'effondrer en décembre, rappelle-t-il.

Le rapport du médiateur est très attendu car depuis la conclusion mi-juin par toute la filière d'un accord sous l'égide du ministère visant à augmenter les prix payés aux producteurs de viande bovine, les prix n'ont pas significativement augmenté.

 

Environ  400 exploitations bretonnes au bord du dépôt de bilan

Les éleveurs de porcs subissent une crise similaire depuis plusieurs mois et 400 exploitations bretonnes seraient au bord du dépôt de bilan, selon la FNSEA. Le ministère de l'Agriculture estime que 20.000 exploitations, soit 10% des éleveurs, sont en difficulté.

Le médiateur doit comprendre qui des industriels ou des distributeurs freine les hausses de prix convenues.

 

 "Le pot aux roses"

 La grande distribution désigne ouvertement les industriels. "Nous avons accepté d'augmenter les prix d'achat de manière importante (...). La seule chose, c'est que visiblement cet argent ne va pas dans la poche des éleveurs", a jugé sur iTÉLÉ Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD, les principales enseignes sauf Leclerc et Intermarché).

"Au terme de la loi, la GMS (les Grandes et moyennes surfaces, ndlr) peut vérifier si les industriels respectent l'accord de hausse" et de même "si un industriel dit avoir du mal à répercuter la hausse aux distributeurs, le médiateur peut intervenir", explique le président de la Fédération nationale bovine, Jean Pierre Fleury. Lui aussi attend mercredi: "On va découvrir le pot aux roses".

 

L'embargo russe affecte le marché

"La distribution a choisi une voie extrêmement dangereuse avec une logique de prix bas, les industriels s'y sont pliés et aujourd'hui c'est la catastrophe", regrette-t-il. L'économiste et président de l'observatoire des prix, Philippe Chalmin, juge "facile" dans un entretien lundi au Figaro de désigner la grande distribution, "bouc émissaire idéal", mais ce n'est pas si simple.

"Le prix payé aux agriculteurs dépend moins du rapport de force avec la distribution que de la situation agricole au niveau européen, voire mondial. Le prix du lait dépend des ventes du néo-zélandais Fonterra, celui des céréales des aléas climatiques, celui de la viande de porc est affecté par l'embargo russe...", assure-t-il.

 

250 tracteurs aux abords de Caen

Selon la Préfecture du Calvados, 250 tracteurs sont rassemblés lundi autour de Caen et une cinquantaine autour de Lisieux. "Ca se passe plutôt bien", juge-t-elle. Dans l'Eure, plusieurs dizaines d'éleveurs ont également bloqué lundi matin les abattoirs du Neubourg et trois grandes surfaces.

 

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