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Taxis : Cazeneuve reçoit l'intersyndicale

La mobilisation des taxis contre l'application mobile UberPop provoquait jeudi d'importantes perturbations de circulation à Paris.[THOMAS SAMSON / AFP]

Opérations escargots, blocages des gares et aéroports, voitures de concurrents prises pour cible: près de 3.000 taxis en colère ont dénoncé jeudi la "concurrence sauvage" de l'application mobile UberPOP lors d'une mobilisation émaillée de violences, promettant de "poursuivre le mouvement".

 

Condamnant des violences "inadmissibles", le Premier ministre Manuel Valls, en marge d'un voyage officiel en Colombie, a promis que leurs auteurs, "qui se trouvent dans les deux camps", seraient "poursuivis.

Face aux tensions, le ministre de l'Intérieur a de son côté a multiplié les gestes de fermeté, avec notamment un arrêté d'interdiction de l'activité d'UberPOP dans l'agglomération parisienne. Bernard Cazeneuve a même dû écourter dans l'après-midi son déplacement à Marseille pour rentrer à Paris "poursuivre le dialogue" avec les taxis.

Il doit recevoir à 18H30 place Beauvau une délégation de l'intersyndicale. La plupart des syndicats venaient de boycotter une rencontre à Matignon, faute d'interlocuteur de haut niveau, affirmant leur volonté de "poursuivre le mouvement" mais sans préciser quand ni comment. Le ras-le-bol est tel qu'"on est obligé de passer par cette étape de la radicalité", plaide Abdel Ghalfi (CFDT).

 

Plusieurs incidents

Porte Maillot à Paris, des taxis ont pris d'assaut et incendié deux voitures de transport avec chauffeur (VTC) --pourtant autorisées et n'ayant rien à avoir avec UberPOP--, provoquant l'intervention des forces de l'ordre, dans une odeur âcre de fumée.

Dans la capitale, la circulation a été perturbée dans la matinée. Les accès à la gare du Nord comme à la gare de Lyon ont été bloqués par des dizaines de voitures, dont celle d'Olivier Noblot, taxi depuis 22 ans, "prêt à revenir tous les jours s'il le faut et à bloquer Paris".

Ambiance tendue aussi à l'aéroport d'Orly où des grévistes ont fait la chasse aux chauffeurs clandestins, avant une certaine accalmie. A Roissy, le blocage des accès à plusieurs terminaux a été progressivement levé dans l'après-midi. Dans les deux aéroports, des VTC ont renversé des personnes, les blessant légèrement.

 

Au moins 8 personnes en garde à vue à Paris

A Paris et aux abords de ses aéroports, au moins huit chauffeurs de taxis, VTC ou UberPOP ont été placés en garde à vue jeudi, pour violences ou "exercice illégal de la profession de taxi". Huit interpellations ont été signalées à Lyon, dont celle de trois chauffeurs de taxi qui pourraient correspondre aux auteurs présumés d'une violente agression d'un client UberPOP ce weekend.

Circulation également perturbée à Marseille. Pour Gilles Alonso, du syndicat Alliance Taxi 13, "quand on ne s'acquitte d'aucune charge sociale, c'est facile de faire des courses à 3 ou 4 euros...". Près de 200 taxis ont mené dans l'après-midi une "opération-escargot" sur le périphérique toulousain. 

Au total, 2.800 taxis ont été mobilisés en France avec une "trentaine de points de blocage", selon une source policière.

 

Colère de la star Courtney Love

Certaines situations on fait le buzz, comme les tweets de la chanteuse américaine Courtney Love, veuve du leader de Nirvana Kurt Cobain: "Ils frappent notre voiture avec des barres de fer. C'est la France? Je suis plus en sécurité à Bagdad. François Hollande, où est la p... de police?".

 

 

Bras de fer avec l'Etat

Depuis plusieurs mois, le groupe américain de VTC Uber s'est engagé dans un bras de fer avec l'État, autour de son application mobile UberPOP, service à prix cassés mettant en relation des passagers et des particuliers au volant de leur véhicule personnel.

Uber revendique 400.000 utilisateurs d'UberPOP en France. Mais ses chauffeurs ne payent ni cotisations ni impôts, n'ont pas suivi les 250 heures de formation nécessaires pour obtenir un agrément et ne sont pas assurés professionnellement.

Une enquête préliminaire est en cours depuis fin 2014 au parquet de Paris, de nouveau saisi jeudi par Bernard Cazeneuve pour signaler notamment un "délit d'organisation d'activités illicites de transport de personnes".

Les conducteurs non enregistrés comme chauffeurs de taxi ou VTC encourent jusqu'à un an de prison, 15.000 euros d'amende, la suspension du permis et la confiscation du véhicule.

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