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Lancement d'une "instance de dialogue" avec l'islam

Manuel Valls a lancé officiellement ce lundi 15 juin "l'instance de dialogue" avec l'islam.

Image de l'islam, construction de mosquées, formation des imams, pratiques rituelles: le gouvernement a réuni pour la première fois lundi une large "instance de dialogue" destinée à renouer le lien avec des musulmans.

 

Signe des espoirs que l'Etat place dans cette initiative, son lancement a rassemblé sous les ors de la République quatre membres du gouvernement dont son chef Manuel Valls, Bernard Cazeneuve (Intérieur), Najat Vallaud-Belkacem (Education) et Fleur Pellerin (Culture).

"L'islam suscite encore des incompréhensions, des a priori, du rejet chez une partie de nos concitoyens, des amalgames dont vous êtes victimes", a déclaré Manuel Valls place Beauvau. "Or l'islam est en France pour y rester. C'est la deuxième religion de notre pays. Il faut donc mener le combat des consciences et faire jaillir au grand jour ce qu'est la réalité de l'islam de France. Et pour gagner ce combat, c'est à chacun de prendre ses responsabilités", a-t-il dit devant quelque 120 imams, aumôniers, recteurs, responsables associatifs ou personnalités musulmanes de diverses sensibilités - des mystiques soufis aux rigoristes du Tabligh en passant par les Frères musulmans.

 

"Forum d'échanges réguliers"

La création de cette instance avait été annoncée quelques semaines après les attentats jihadistes de janvier qui ont ébranlé la première communauté musulmane d'Europe, estimée à cinq millions de membres, pratiquants ou non.

L'exercice est délicat pour le gouvernement qui, en vertu de la loi de 1905, n'a pas vocation à organiser les affaires internes d'une religion.

"Il ne s'agit pas de créer une organisation nouvelle des Français de confession musulmane", a prévenu le ministre de l'Intérieur dans la lettre adressée aux invités. L'idée est plutôt de "réunir un forum d'échanges régulier" - une voire deux fois par an - en s'inspirant de l'"instance Matignon", réduite à quelques évêques, née en 2002 pour l'Eglise catholique. L'instance musulmane est beaucoup plus large afin de coller à la réalité d'un islam de France très largement sunnite, dépourvu de clergé et fragmenté.

 

Lutter contre les amalgames

Dalil Boubakeur, président sortant du Conseil français du culte musulman, a été le premier à s'exprimer après Manuel Valls, signe du rôle central qu'aura dans l'instance un CFCM pourtant très critiqué pour ses défaillances, ses querelles internes sous le poids des logiques consulaires et son manque de représentativité. 

 "Aujourd'hui, la situation appelle une attention nouvelle des pouvoirs publics. Cette instance nécessaire est pour nous l'occasion d'exprimer notre malaise face aux amalgames", a souligné le recteur de la grande mosquée de Paris, réaffirmant que les auteurs d'attentats jihadistes "appartiennent à un monde qui n'est pas le nôtre".

 

Des annonces de Bernard Cazeneuve ?

Bernard Cazeneuve pourrait conclure cette première réunion dans l'après-midi par quelques annonces, selon son entourage. Le ministre souhaite notamment rendre obligatoire une formation universitaire civique et civile d'un an pour les nouveaux aumôniers, et contrôler la maîtrise du français pour les imams détachés par des pays étrangers.

La sécurité des mosquées, dont un millier sont désormais protégées, et l'image parfois dégradée de l'islam dans les médias et l'opinion font l'objet d'une table ronde. L'inquiétude est grande face à la montée des actes antimusulmans, alors que "depuis le début de l'année, les atteintes aux lieux de cultes musulmans ont été multipliées par trois", a indiqué Manuel Valls.

 

Construction des mosquées

 Un autre atelier devait approfondir la question de la construction et la gestion des mosquées, qui sont au nombre de 2.500 (simples salles de prière comprises), sans compter 300 projets en cours, souvent très difficiles à mener faute de financements.

D'autres travaux concernent la formation et le statut très perfectibles des aumôniers et imams, mais aussi les pratiques rituelles (certification contestée du halal, nombre insuffisant d'abattoirs ou le manque de carrés musulmans dans les cimetières municipaux).

"Les acteurs de l'islam ont tout à fait conscience de vivre un tournant historique à travers cette instance", a assuré à l'AFP le prochain président du CFCM, Anouar Kbibech.

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