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Comment les cyberjihadistes ont attaqué TV5

Le siège de TV5Monde à Paris.[Pierre Verdy / AFP/Archives]

L'attaque cyberjihadiste contre TV5 met en lumière la vulnérabilité des sites de médias, mais présente aussi un caractère inédit puisqu'elle visait à la fois l'antenne TV, le site internet et les comptes de réseaux sociaux de la chaîne. Voici comment les "hacktivistes" semblent s'y être pris.

 

"C'est une action coordonnée et préméditée, on ne peut pas faire tomber ces canaux simultanément sans être très bien préparé", explique à l'AFP Gérôme Billois, expert en cybersécurité chez Solucom. Cette combinaison de cibles implique en effet une sophistication bien plus grande que les milliers de défaçages de sites (modification malveillante de la présentation de sites web) intervenus dans le cadre de "OpFrance" après les attentats de janvier à Paris. Il existe toutefois plusieurs précédents en terme de perturbation des programmes d'une chaîne, à l'origine par le biais du signal radio.

"Cette attaque est néanmoins impressionnante par le symbole qu'elle représente", indique Laurent Heslault, directeur des stratégies de sécurité Symantec et Norton pour l'Europe du sud. L'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) a indiqué jeudi qu'elle apportait "son soutien technique aux équipes de TV5 Monde pour analyser l'attaque et permettre à la chaîne de rétablir le service dans de bonnes conditions de sécurité".

 

Une interview par Skype 

Le site spécialisé breaking3zero.com affirme de son côté avoir déjà identifié deux des pirates responsables de l'attaque, l'un basé en Algérie et l'autre en Irak où il combattrait au sein du groupe Etat islamique. Selon le site, "le but de l'opération était de prendre le contrôle de l'antenne de TV5" afin d'y diffuser un film de propagande de l'Etat islamique et seule la réaction rapide des équipes techniques de la chaîne a stoppé ce projet.

Les pirates auraient d'abord accédé au réseau de l'entreprise en récupérant une adresse IP (de protocole internet) au cours d'une interview menée par un journaliste de TV5 avec un jihadiste via Skype. "L'attribution est compliquée, il faut attendre la fin des investigations", avertit cependant David Grout, directeur Europe du Sud d'Intel Security.

 

Les médias mal préparés ?

"La problématique pour les médias est qu'aujourd'hui, ils ne perçoivent pas la sécurité informatique et physique comme une priorité pour eux et n'ont pas forcément réalisé les investissements ad hoc", souligne David Grout. "Les intrusions dans des systèmes informatiques de sociétés bien organisées sont légions car en général elles ne sont pas un défi insurmontable pour des hackers correctement instruits, motivés, et outillés", renchérit Jérôme Robert, directeur marketing de la société Lexsi.

"Même s'il ne souffre pas d'une fragilité intrinsèque, le secteur des médias ne constitue pas le plus mature du point de vue de la sécurité informatique contrairement à ceux de l'énergie ou de la banque par exemple", précise-t-il. Aucune chaîne de télévision ni média n'apparaît donc à l'abri, une organisation interne solide pouvant simplement rendre une attaque extérieure plus compliquée.

 

 

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