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L'ex-maire de Tours retrouvé mort le jour de son procès

Jean Germain, l'ex-maire de Tours, a été retrouvé mort.[GUILLAUME SOUVANT / AFP]

L'ancien maire socialiste de Tours, Jean Germain, a été retrouvé mort mardi matin après avoir laissé une lettre d'adieu au moment où il devait comparaître devant la justice dans l'affaire des "mariages chinois" organisés dans sa ville.

 

Jean Germain "a été retrouvé mort près de son domicile" de Tours, a déclaré à l'AFP une source policière. "Selon les tout premiers éléments de l'enquête, il s'agirait d'un suicide", a précisé cette source.

Le sénateur PS, âgé de 67 ans et considéré comme proche de François Hollande, était poursuivi pour "complicité" dans l'organisation de mariages simulés célébrés par lui-même à la mairie de Tours et qui ont donné lieu à des malversations.

Mais alors que le procès devait s'ouvrir mardi matin et pour trois jours au palais de justice de Tours, son avocat, Dominique Tricaud, a annoncé lors de l'appel des accusés que son client avait "disparu en laissant une lettre d'adieu".

 

"Martyr de la République"

"Jean Germain est mort, c'est un martyr de la République. Dans cette affaire, il a été jeté aux chiens et comme il l'a écrit dans la lettre qu'il a laissée, leur conscience les poursuivra", a ensuite déclaré Me Tricaud après l'annonce de la découverte du corps.

La présidente du tribunal a annoncé le renvoi du procès "en raison de circonstances insurmontables".

"Je sais le mal que je vais faire, la peine que je vais diffuser à ceux qui m'aiment mais on ne peut laisser la chasse systématique aux politiques se dérouler normalement, quotidiennement", écrivait M. Germain dans sa lettre d'adieu.

"Il est des êtres, j'en suis, pour lesquels l'injustice et le déshonneur sont insupportables", ajoutait l'ancien maire. "Soyez sûrs que je n'ai pas détourné un centime, que je ne me suis pas enrichi que j'ai toujours oeuvré pour ce que je pensais être le bonheur des Tourangeaux", assurait-il.

 

"Forfaiture"

Dans ce courrier, M. Germain disait s'attendre à ce que le ministère public requière à son encontre "pour des raisons plutôt politiques". "C'est insupportable", ajoutait-il, avant de poursuivre: "autant je peux reconnaître des erreurs, des manques de discernement, autant il m'est impossible d'accepter sans broncher cette forfaiture".

Le dossier des "mariages chinois" tire son origine dans l'organisation entre 2007 et 2011 pour une clientèle chinoise de "Noces romantiques en Touraine". Celles-ci comprenaient des visites de châteaux de la Loire, ainsi que de la ville de Tours, dont le maire, ceint de son écharpe tricolore, posait pour la photo lors de simulacres de mariages.

 

Une touche d'exotisme à la française

Des dizaines de couples chinois sont ainsi venus chercher, sur les bords de la Loire, une touche d'exotisme à la française.

Une ancienne membre du cabinet du maire de Tours, Lise Han, est mise en examen pour escroquerie dans l'affaire des mariages chinois. La justice la soupçonne d'avoir été la gérante de fait de la société qui organisait ces mariages.

M. Germain, poursuivi pour "complicité de prise illégale d'intérêts et détournement de fonds publics", a fait savoir qu'il ignorait les agissements de Mme Han. Sa conscience "la poursuivra", a-t-il écrit à son sujet dans sa dernière lettre.

Jean Germain a été battu aux dernières élections municipales, alors qu'il briguait un quatrième mandat. "Tombeur" de Jean Royer, qui avait dirigé la ville pendant 36 ans, M. Germain a été maire de Tours de 1995 à 2014. Cet ancien universitaire, fils de pâtissier, était sénateur d'Indre-et-Loire depuis 2011.

Après avoir soutenu Ségolène Royal lors de la campagne présidentielle de 2007, il s'est rallié à François Hollande pour les primaires socialistes de la dernière présidentielle. Il conseillait alors le futur président de la République pour les questions d'éducation.

 

Valls et Hollande bouleversés

Manuel Valls s'est dit mardi "bouleversé" par la mort de ancien maire de Tours. Arrivant à une réunion du groupe PS à l'Assemblée nationale, le Premier ministre a lancé devant la presse: "Je perds un ami. Il se trouve que nous étions très liés avec Jean Germain" qui a été "un élu extraordinaire" et a "changé en profondeur" sa ville.

"C'est un drame terrible qu'un homme puisse se supprimer parce qu'il ne veut pas que son honneur soit atteint, (...) un grand élu vient de disparaître dans des conditions qui sont particulièrement cruelles", a souligné de son côté le président François Hollande.

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