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La semaine de Philippe Labro : violences d’aujourd’hui, mobilisation pour demain

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste.[THOMAS VOLAIRE]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

DIMANCHE 1ER MARS

Retour à Paris après huit jours de vacances dans un pays suffisamment éloigné pour que, malgré iPad, iPhone, TV et journaux, on ait pris quelques distances avec ce qu’on appelle «l’actu».

Il m’arrivait, cependant, de prendre des notes. Que conserver ? Entre les cinq milliards de pertes d’Areva et les gros chiffres des entrées d’American Sniper d’Eastwood, ainsi que ceux du Dernier loup de Jean-Jacques Annaud ; entre les Assyriens enlevés en Syrie et la visite de quatre parlementaires chez Bachar al-Assad (étaient-ils des «gugusses», ou des maladroits visionnaires ?) ; entre la fin du Salon de l’agriculture et la nouvelle parution de Charlie Hebdo ; le meurtre de Nemtsov à Moscou, la manifestation qui s’en est suivie, les indignations multiples et justifiées qui ne semblent affecter en rien Poutine ; quels faits auront une durabilité longue, une influence significative ?

On eut droit, aussi, à du superficiel – l’écume de la vague de «l’actu» : de la chute de Madonna sur une scène de spectacle (était-ce bien intéressant ?) à la disparition du Vulcain aux oreilles pointues, M. Spock, incarné pendant des décennies à la télévision par un acteur nommé Leonard Nimoy – 83 ans, salué par le président des Etats-Unis, Barack Obama.

Ce qui a fait froncer quelques sourcils : faut-il donc que le chef d’Etat le plus puissant du monde rende hommage à un héros de feuilleton télé ? Ce geste ne faisait qu’illustrer à quel point la culture de masse a pénétré la communication politique et comment des «héros» qui nourrissent les enfances de millions de gens ont suffisamment de poids et d’importance pour que, entre deux réunions consacrées à l’Iran ou l’Ukraine, un conseiller en com’ avisé, souffle à l’homme de la Maison Blanche : «Mister President, il faut saluer Spock.»

De tout ce bombardement d’images, faits, événements, ce qui m’aura particulièrement stupéfié fut cette vidéo diffusée par les jihadistes de Daesh, la destruction des sculptures et statues au musée de Mossoul. Un professeur d’histoire, Gabriel Martinez-Gros, interrogé par Le Monde, disait : «Il y a là quelque chose de suicidaire, apocalyptique, c’est un mouvement extraordinairement violent et qui, pour la première fois depuis deux siècles, nous défie nettement.»

 

LUNDI 2 MARS

J’assiste à la conférence de presse du Sidaction tenue par Pierre Bergé, président, et Line Renaud, vice-présidente. Il s’agit, devant tous les responsables des chaînes de télévision et de radio (23 médias), et leurs animateurs qui, depuis 1994, accompagnent l’association, de préparer les trois journées d’action du 27, 28 et 29 mars prochain.

Pierre Bergé, comme Line Renaud, le font avec sérieux et limpidité, au moyen de projections de clips, résumés d’actions, chiffres divers. Sobrement, à voix lente et posée, dans un grand silence suivi par tout le monde des médias, Pierre Bergé rappelle le besoin de dons (appeler le 110, numéro gratuit ouvert jusqu’au 17 avril – ou sur sidaction.org), car c’est grâce aux dons que l’action et l’information peuvent avancer.

C’est le slogan de l’année : «La seule arme qui peut vaincre le sida, c’est la recherche.» Tel est le mot clé : la recherche ! «Refusons la banalisation. Nous sommes loin d’en avoir fini.» En quelques mots, tout a été dit par cet homme et cette femme qui, accompagnés de chercheurs (45 pour 43 projets) et quelque 3 000 bénévoles, vont se mobiliser pendant trois jours. Ils méritent tout notre respect et notre entier soutien.

 

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