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Une prime d'activité pour 4 millions de salariés

La future prime d'activité disposera d'un budget e 4 milliards d'euros par an.[Fred Tanneau / AFP]

Manuel Valls a précisé mardi les contours de la nouvelle prime d'activité, qui sera destinée aux travailleurs à revenus modestes et remplacera les actuels dispositifs, jugés trop complexes et peu efficaces, à partir du 1er janvier 2016. Entre 4 et 5 millions d'actifs pourront y prétendre.

 

Le Premier ministre présentait la "feuille de route 2015-2017" du plan quinquennal de lutte contre la pauvreté mis en oeuvre en 2013, devant le Conseil national des politiques de lutte contre l'exclusion (CNLE) et une dizaine de ministres, réunis au ministère des Affaires sociales

A cette occasion, il a fustigé l'usage du mot "assistanat" à l'encontre des bénéficiaires d'aides sociales, dénonçant "une vision stupéfiante de la pauvreté, comme s'il s'agissait d'une situation choisie". "J'entends parfois critiquer les minima sociaux, et depuis plusieurs années s'est installé ce mot terrible d'+assistanat+, qui a pénétré la société et les consciences", a-t-il déclaré.

Attendue depuis deux ans, la réforme des deux dispositifs d'aide aux travailleurs pauvres, la prime pour l'emploi (PPE) et le RSA-activité, avait été confirmée en août par François Hollande: le chef de l'Etat avait annoncé leur fusion dans une "prime d'activité", ce que préconisait dans un rapport le député PS Christophe Sirugue.

La PPE a en effet pour défauts d'être versée avec un décalage d'un an, comme tout crédit d'impôt, et d'être distribuée très largement (plus de 5 millions de ménages bénéficiaires en 2013), ce qui aboutissait à un "saupoudrage". Quant au RSA-activité, qui sert de complément à un petit salaire pour quelque 750.000 ménages bénéficiaires, il n'est demandé que par un tiers des personnes qui y ont droit, en raison notamment de sa complexité.

La future prime d'activité, qui doit figurer dans le projet de loi sur le dialogue social, a été déjà saluée comme "une vraie évolution" par le collectif d'associations Alerte. Elle disposera d'un budget de 4 milliards d'euros par an.

 

"Une autre répartition de la misère"

Manuel Valls a promis "un dispositif simple, qui représentera pour ses bénéficiaires un gain systématique au moment de la reprise ou de l'augmentation d'activité, dès les premiers euros et jusqu'à 1,2 SMIC, soit 1.400 euros", a-t-il ajouté.

Selon le Premier ministre, "entre 4 et 5 millions d'actifs seront éligibles à cette nouvelle prime d'activité, dont 700.000 à un million de jeunes", les 18-25 ans pouvant y prétendre à l'inverse du RSA activité. Elle sera versée tous les mois et "son montant sera fixé pour trois mois, ce qui permettra d'éviter les problèmes de régularisation et les rappels incessants".

Manuel Valls compte sur un "effet double": "Ce sera, d'une part, un coup de pouce pour le pouvoir d'achat des travailleurs aux revenus modestes, pour le pouvoir d'achat aussi de ceux qui reprennent une activité; ce sera, également, un dispositif incitatif, un dispositif qui encourage et accompagne la reprise d'activité."

Il a expliqué que la prime pourrait atteindre "par exemple 130 euros mensuels pour un célibataire travaillant à temps plein au SMIC, 220 euros pour une mère isolée avec un enfant qui travaille à tiers temps, et 230 euros pour un couple avec deux enfants dont un parent est à plein temps au SMIC et l'autre à mi-temps".

Le syndicat étudiant Unef a demandé que les apprentis et les étudiants puissent aussi en bénéficier. Manuel Valls a assuré que "certains sujets restent ouverts à la discussion". "La question sera posée pour les apprentis mais également pour les étudiants".

Le chef du gouvernement a également estimé "important de travailler à la création d'un minimum social simplifié, rénové, issu de la fusion du RSA social et de l'Allocation spécifique de solidarité (ASS) servie aux chômeurs en fin de droits", là encore pour mettre en place "un dispositif simple et efficace". Des propositions seront faites "d'ici l'été", a-t-il indiqué.

Mais pour le numéro un de la CGT Philippe Martinez, "on va prendre aux moins pauvres pour donner aux plus pauvres, c'est une autre répartition de la misère". FO de son côté a mis en garde contre "le principe d'institutionnaliser un complément salarial" qui risque "d'encourager, en la subventionnant, la pauvreté salariale".

 

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