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CGT : qui est Philippe Martinez ?

[DANIEL MAUNOURY / AFP]

Philippe Martinez, 53 ans, qui a toutes les chances de devenir mardi numéro un de la CGT, est un métallo comme son prédécesseur Thierry Lepaon, un homme de terrain réputé bosseur. Il a fait ses armes chez Renault.

 

L'homme n'est pas d'un charisme débordant mais il a de l'humour. Il l'a montré lors de sa première apparition devant la presse en janvier.

Alors que sa moustache inspire de nombreux commentaires, il lance aux journalistes que ce premier rendez-vous leur "donne aussi l'occasion de vérifier qu'(il a) des moustaches, et que ce sont des vraies", ajoutant sur un ton monocorde: "je préfère les tirer moi-même, plutôt que vous ne tiriez chacun à votre tour!".

Thierry Lepaon, qui l'a adoubé, n'est pas à ses côtés, où est-il ? "Dans ses chaussures", "vous demandez pourquoi il n'est pas là alors que depuis des mois vous dites pourquoi il est là!", tacle Philippe Martinez.

Longtemps réticent à parler de lui, méfiant envers les médias, le candidat "pressenti" a rapidement montré qu'il n'était pas là pour faire de la figuration, enchaînant les sorties. Après avoir représenté la CGT aux voeux de François Hollande à l'Elysée, il a aussi battu le pavé contre la loi Macron et avec les cheminots.

Le nouvel homme fort de la CGT est un inconnu du grand public. Né le 1er avril 1961, il a fait sa carrière à Renault Boulogne-Billancourt où il est entré en 1982. Originaire de la banlieue ouest de Paris, il est "toujours aux effectifs de Renault", comme technicien, tient-il à préciser.

Il est délégué syndical central lorsqu'en 1997 le constructeur ferme son usine belge de Vilvoorde. "Une forte expérience de lutte" à dimension "européenne" qui l'a "marqué".

Depuis, Philippe Martinez a gravi les échelons au sein de la fédération métallurgie, la troisième plus importante à la CGT (60.000 adhérents), qu'il dirige depuis 2008. Sa compagne, Nathalie Gamiochipi, est à la tête de la deuxième fédération, celle de la Santé.
   

La ligne Boulogne-Billancourt

Il n'est membre de la Commission exécutive de la confédération, l'exécutif élargi, que depuis le congrès de mars 2013 à Toulouse.

"C'est un gros bosseur, qui maîtrise parfaitement tous les dossiers industriels" et "se déplace beaucoup" sur le terrain, raconte Christian Garnier, délégué central chez Alstom, qui lui reconnaît d'autres qualités: il "écoute beaucoup", sait "déléguer", "ne fait pas de bling-bling".

Pour Jacques Bauquier, responsable régional de la CGT en Franche-Comté, il est "sérieux, rigoureux, intelligent et modeste".

A l'extérieur du syndicat, le responsable de la fédération CFE-CGC métallurgie Gabriel Artero évoque quelqu'un de "discret" mais "déterminé".

Toutefois, pour un connaisseur de la centrale, il n'a pas réussi à développer sa fédération et a "le charisme d'une pompe à essence". Il pratique "la langue de bois" du "syndicalisme CGT classique" qui "ne fait pas bouger les gens".

"Philippe Martinez, c'est la ligne Boulogne-Billancourt", en phase avec le Parti communiste, dont il aurait la carte, relève un autre observateur.

Fin 2014, le patron des métallos a fini par demander la démission collective du bureau confédéral. Mais il ne fait pas partie de ceux qui ont tiré à boulets rouge sur l'ex-numéro un : "jamais je ne laisserai dire que Thierry Lepaon est un voleur".

Les révélations qui ont poussé dehors son prédécesseur ont soulevé des questions allant "au-delà du seul secrétaire général" et "d'un seul dysfonctionnement", relevait-il avant sa désignation, en prônant plus de rigueur dans la gestion de la confédération.

Avoir "quelqu'un qui coordonne" et "veille à ce que cela ne parte pas en vrille", "c'est peut-être ce qui manque aussi dans la maison", ajoutait-il alors.

 

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