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Carlton de Lille : poursuite du procès après une requête en nullité du dossier

Dominique Strauss-Kahn. [MANDEL NGAN / AFP]

L'ancien patron du FMI comparaît à partir de lundi dans ce procès fleuve, qui devrait durer au moins trois semaines.

 

Des 14 prévenus qui comparaissent devant le tribunal correctionnel, il sera sans aucun doute le plus scruté. Près de quatre ans après le scandale du Sofitel qui avait coupé court à ses ambitions politiques, Dominique Strauss-Kahn doit répondre à partir de lundi de "proxénétisme aggravé" commis "en réunion" dans l’affaire du Carlton de Lille.

Les juges d’instruction en charge du dossier ont en effet estimé qu’il était au coeur de l’organisation de parties fines avec des prostituées dans l’établissement. Si l’ancien directeur du FMI n’a jamais nié son goût pour le libertinage, et reconnu avoir fréquenté régulièrement ces soirées, il a en revanche toujours affirmé qu’il ne savait pas que les jeunes femmes qu’on lui présentait étaient des prostituées rémunérées.

Une version soutenue également par le parquet, qui avait requis un non lieu en juillet 2013. Les juges d’instruction ne l’ayant pas suivi, DSK encourt dix ans de prison et 1,5 million d’euros d’amende. 

 

L'audience

Ouvrant l'audience, peu après 14H00, le président du tribunal, Bernard Lemaire, a commencé à égréner les noms des prévenus, de leurs avocats et des parties civiles, ainsi que les chefs de poursuite, devant une salle comble où figuraient nombre de journalistes de la presse nationale et internationale.

Il a notamment indiqué qu'un cadre d'Eiffage, Jean-Luc Vergin, n'était finalement pas poursuivi, lui, pour proxénétisme mais pour complicité d'escroquerie et d'abus de biens sociaux, ayant signé les notes de frais d'un de ses subordonnés, l'un des 13 autres co-prévenus.

DSK avait pénétré dans la salle avec son avocat, Me Henri Leclerc, octogénaire ténor du barreau, près de trois quarts d'heure avant le début du procès, qui doit durer trois semaines.

Son témoignage n'est cependant pas prévu avant le milieu de la semaine prochaine.

DSK comparaît aux côtés notamment d'un hôtelier, d'un policier, d'un avocat et d'entrepreneurs, ainsi que du médiatique "Dodo la Saumure", tenancier revendiqué d'établissements "de plaisir" en Belgique.

Quelques minutes après qu'une voiture aux vitres fumées fut entrée rapidement par un accès latéral dans le parking souterrain du palais de justice, DSK apparaissait dans la salle d'audience.

Costume noir et cravate foncée, l'ancien patron du FMI est apparu devisant l'air sérieux, détendu, mais les traits marqués, les mains dans les poches, avec son avocat Me Henri Leclerc, selon les images télévisuelles en circuit fermé.

Plus tard, quand les portes de la salle se sont ouvertes, Dodo la Saumure assis avec sa compagne Bea Legrain, également prévenue, s'est retourné paisiblement pour regarder la salle se remplir.

Le tribunal correctionnel de Lille devra, avant tout débat sur le fond, régler des questions de procédure. L'avocat du policier Jean-Christophe Lagarde a d'ores et déjà déposé une requête en nullité, que le tribunal a commencé à examiner vers 15H00.

Se fondant sur les déclarations d'un ancien commissaire de la police judiciaire de Lille, Joël Specque, dans un livre autobiographique, Me Olivier Bluche estime qu'une enquête "officieuse" a été menée dès juin 2010, bien avant l'ouverture de l'enquête préliminaire en février 2011.
    
"On demande au tribunal de juger d'une affaire en lui cachant huit mois d'investigation", avance-t-il, bafouant ainsi, selon lui, le droit à un procès équitable.

Les avocats peuvent déposer une "QPC", question prioritaire de constitutionnalité, devant le tribunal, qui doit l'examiner. S'il l'estime valable, les débats sont le plus souvent suspendus jusqu'à ce que la question soit tranchée, ce qui peut prendre plusieurs mois.

Demande de huis clos et nullité du dossier
 
Par ailleurs, l'avocat d'anciennes prostituées qui se sont portées parties civiles a demandé le huis clos. Le tribunal s'est aussitôt retiré pour statuer. Elle a fini par rejeter la demande.

Plus tard dans la journée, on apprenait que  "Le tribunal joint l'incident sur le fond". Une déclaration du président Bernard Lemaire, après une brève interruption de séance. Plusieurs avocats de la défense avaient longuement plaidé la nullité du dossier, estimant qu'on leur avait caché un pan de l'enquête, en l'espèce des écoutes administratives.

 

L'affaire

L'affaire remonte à février 2011, alors que la police judiciaire de Lille ouvre une enquête préliminaire sur les fréquentations de deux hôtels de luxe de Lille, dont le Carlton. Moins de deux mois plus tard, une information judiciaire est ouverte.

Le premier mis en examen est René Kojfer, chargé des relations publiques à l'hôtel Carlton et personnage central de l'affaire, accusé d'être la cheville ouvrière des rencontres tarifées.

La surveillance mise en place permet aux enquêteurs de remonter un réseau de notables qu'ils soupçonnent de profiter des filles mises à leur disposition.

Le nom de Dominique Strauss-Kahn est apparu fortuitement au cours de l'instruction, lui donnant ainsi un retentissement qu'elle n'aurait pas eu autrement.

Selon l'accusation, des soirées libertines ont été organisées dans le Nord mais aussi à Paris, ou même, à trois reprises, à Washington, alors que DSK était encore à la tête du FMI.

 

 

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