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Antisémitisme : L'Etat dit stop

Alors que les attaques visant la communauté juive se sont multipliées en France ces derniers temps, l’exécutif a décidé de durcir le ton. [VALERY HACHE / AFP]

Alors que les attaques visant la communauté juive se sont multipliées en France ces derniers temps, l’exécutif a décidé de durcir le ton.

 

Face à ce qu’il décrit comme une "réalité insupportable", François Hollande veut répondre par la fermeté absolue. Le chef de l’Etat, présent hier au Mémorial de la Shoah, à Paris, puis au 70e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, en
Pologne, a annoncé qu’un plan global de lutte contre le racisme et l’antisémitisme serait présenté d’ici à la fin février.

Une initiative qui intervient alors que les actes visant la communauté juive se sont multipliés ces derniers mois en France, faisant grandir l’inquiétude.

 

Une réponse judiciaire

Sitôt après l’attaque menée dans l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, les lieux de culte et les écoles juives ont tous été placés sous protection policière. Mais François Hollande veut aller plus loin en investissant le terrain judiciaire.

Pour juguler la haine de l’autre, il entend généraliser la circonstance aggravante de racisme et d’antisémitisme, qui rend les peines plus lourdes, pour tout délit. Comme l’expliquait récemment la garde des Sceaux, cette initiative ferait sens pour certaines infractions comme les agressions sexuelles, le harcèlement moral, la séquestration, ou encore le bizutage.

Autre volonté du président : intensifier la répression des injures et diffamations à caractère raciste ou antisémite, en accélérant des procédures judiciaires qui les concernent.

Mais en plus de punir, le gouvernement veut aussi faire réfléchir, des peines alternatives pédagogiques pour ceux qui ont commis ce type d’actes seront prononcées.

Soulignant l’importance de l’Education nationale face à ce fléau, grâce notamment à l’enseignement de la Shoah, le chef de l’Etat souhaite enfin s’en prendre aux théories du complot et aux thèses négationnistes propagées sur la Toile, particulièrement depuis les derniers attentats. Il veut placer les gestionnaires des réseaux sociaux face à leurs responsabilités au niveau européen, et faire bloquer les sites véhiculant des messages racistes.

 

Les actes ont doublé en 2014

Cette fermeté des autorités vient en réponse à la peur que ressent aujourd’hui la communauté juive de France, la plus importante d’Europe (entre 500 000 et 600 000 personnes). Traumatisée par l’affaire Halimi, les attaques de Merah ou de Coulibaly, elle a vu le nombre d’actes antisémites multiplié par deux (851, +101 %) en 2014 par rapport à l’année précédente, a annoncé hier le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Une flambée qui a connu des pics lors de l’affaire Dieudonné, en janvier 2014, ou lors de l’offensive israélienne à Gaza, l’été dernier, au sein de laquelle les actions directes (violences, incendies, dégradations, vandalisme…) ont augmenté de 130 %.

Un constat accablant qui fait dire au Crif que "le point critique a été largement dépassé". Son président, Roger Cukierman, constate ainsi avec amertume que "(l’antisémitisme), cette bêtise, ce cancer, n’est pas éradiqué". Conséquence, "une partie de la communauté juive ­hésite à sortir, à porter les kippas, à aller dans ses lieux de culte", selon le conseiller régional Julien Dray. Preuve, s’il en est besoin, qu’il y a urgence à agir.

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