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Meurtre d'Océane : Blondiau rejugé en appel

Une photo d'Océane est placardée dans la rue de la maison familiale.[PASCAL GUYOT / AFP]

La cour d'assises du Vaucluse juge en appel jeudi et vendredi un homme condamné en décembre 2013 à la perpétuité incompressible pour le viol et le meurtre d'Océane, âgée de 8 ans, à Bellegarde (Gard) en novembre 2011.

 

Nicolas Blondiau, 28 ans, avait été condamné par la cour d'assises du Gard à la peine la plus lourde prévue par le code pénal, instaurée depuis 1994 pour les auteurs de viol et de meurtre sur mineur notamment. Me Jean-Pierre Cabanes, son avocat, espère infléchir la décision du jury de la cour d'assises du Vaucluse.

Immédiatement après le verdict de la cour d'assises, les avocats de Nicolas Blondiau avaient annoncé leur intention de faire appel, jugeant que "cette peine extrême" ne correspondait pas au profil de leur client.

Deux hommes, Michel Fourniret et Pierre Bodein, ont été jusqu'ici condamnés à la perpétuité incompressible. Un autre avait vu cette peine allégée en appel.

Le 5 novembre 2011, les parents d'Océane avaient signalé la disparition de leur enfant unique, peu après 19H. La fillette était partie récupérer un jeu vidéo chez un ami de la famille qui habitait à 160 m de leur maison, dans une rue étroite du vieux village de Bellegarde mais n'était pas revenue chez elle.

Gendarmes, proches et villageois s'étaient mobilisés toute la nuit pour la retrouver. Son cadavre avait été découvert le lendemain matin au pied d'un olivier, sur le chemin d'accès à un mas, à trois kilomètres du village.

L'autopsie avait révélé qu'elle avait été agressée sexuellement avant d'être étouffée et poignardée à quatre reprises au coeur.

Nicolas Blondiau, un habitant de Bellegarde, alors âgé de 25 ans et père de trois enfants dont un nourrisson, s'était rendu le 8 novembre à la gendarmerie après avoir appris que des prélèvements ADN allaient être effectués sur les hommes de Bellegarde.

 

La peine des morts-vivants

A l'époque des faits, il vivait de petits boulots, s'était séparé de sa compagne, dormait dans sa voiture ou chez un ami, et consommait une grande quantité d'alcool et de stupéfiants.

Ses proches l'ont décrit comme un père attentionné, un homme gentil, mais menteur, ayant un problème d'alcool. Les experts psychologues ont souligné "des troubles de la personnalité" et un "risque de récidive élevé".

Lors du procès, "assommé de médicaments", selon Me Jean-Pierre Cabanes, l'accusé s'était borné à expliquer d'une voix inaudible son geste par "une pulsion". Il avait rechigné à raconter le déroulement des faits, malgré les supplications des parents d'Océane, oscillant entre douleur et colère.

"La pulsion, c'est la tarte à la crème", estime Me Béatrice Lobier-Tupin, l'avocate des parents d'Océane, interrogée par l'AFP. "Cette peine me paraît justifiée, les crimes d'enfants doivent être punis par des peines dures", dit-elle.

"Ce type de faits est-il susceptible d'être raisonné ?", demande Me Cabanes. "La perpétuité réelle, c'est terrifiant. La mort d'une petite fille, c'est terrifiant aussi. Est-ce qu'il faut que la société se venge ? Bien sûr que oui ! Mais comment ? Qui va faire un effort pour ces gens-là ?", interroge Me Cabanes.

"La perpétuité réelle, c'est la peine des morts vivants, c'est être retranché de la vie. Vous avez le droit de respirer, de manger, de souffrir et de regarder la télé. Et après ?", affirme-t-il à l'AFP.

Dans le cadre de cette peine, après trente ans de prison, un collège d'experts médicaux et de cinq magistrats de la Cour de cassation se prononce sur l'éventualité d'un relèvement de la période de sûreté en fonction de la dangerosité du condamné.

Pour ce nouveau procès, les parents d'Océane seront accompagnés d'une psychologue, comme pour le premier procès. Il leur sera pénible d'entendre à nouveau le calvaire imposé à leur enfant par Blondiau qu'ils connaissaient et qui leur avait présenté ses condoléances quelques heures après la découverte du corps d'Océane.

 

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