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Les avancées du "dossier Coulibaly"

Le procureur de la République de Paris, François Molins.[AFP]

Quatre hommes soupçonnés d'avoir apporté un soutien logistique à l'un des auteurs des attentats de Paris, Amédy Coulibaly, ont été mis en examen et écroués dans la nuit de mardi à mercredi, première avancée dans l'enquête sur d'éventuelles complicités.

 

Agés de 22 à 28 ans, originaires de la banlieue parisienne, ils faisaient partie des connaissances de l'auteur de la prise d'otages du supermarché casher de la porte de Vincennes, qui a fait 4 morts le 9 janvier, et qui avait tué la veille une policière municipale à Montrouge.

Tous ont été mis en examen pour "association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre des crimes d'atteintes aux personnes" et, pour l'un d'entre eux, détention, port ou transport d'armes, a détaillé lors d'une conférence de presse le procureur de Paris, François Molins.

Les quatre mis en examen, Willy P., Christophe R., Tonino G. et Michaël A., ont été écroués, trois en détention provisoire, et l'un dans l'attente de passer devant un magistrat spécialisé "en fin de semaine".

A ce stade, aucun d'eux n'est poursuivi pour complicité d'assassinat et leur rôle semble pour l'instant cantonné à celui d'un soutien logistique.

"On pense qu'il y a un groupe d'individus qui a apporté des faits positifs, dans le cadre d'une entente, et que tout ça a servi à commettre le projet terroriste", a indiqué François Molins.

 

L'entourage des tueurs passé au crible

"Mais on n'a pas pour le moment de faits de complicité qui auraient pu asseoir une mise en examen", a-t-il déclaré.

Dès le début des investigations, les enquêteurs ont passé au crible l'entourage des tueurs. Mais "force est de constater qu'à ce jour les investigations ont essentiellement progressé" sur le volet Coulibaly "et non sur le volet des frères" Saïd et Chérif Kouachi, les tueurs de Charlie Hebdo, qui ont fait douze morts le 7 janvier.

Mardi, la justice bulgare a ordonné l'extradition en France d'un proche des frères Kouachi, Fritz-Joly Joachin, qui avait été arrêté le 1er janvier à la frontière bulgaro-turque avec son fils de 3 ans, soit six jours avant la première tuerie.

 

- Equipement et véhicule -

Les enquêteurs ont déterminé que Willy P., Christophe R. et Tonino G. "s'étaient rendus à 3 ou 4 reprises à la fin du mois de décembre 2014 dans des armureries de Paris et de la petite couronne afin d'acquérir du matériel pour le compte d'Amédy Coulibaly, plus précisément des gilets tactiques, plusieurs couteaux, un Taser et des bombes lacrymogènes", a expliqué le procureur.

Une partie de cet équipement a été retrouvée sur Coulibaly après la prise d'otages Porte de Vincennes, où il a été abattu dans l'assaut des forces de l'ordre, et dans une planque du tueur à Gentilly.

Les trois individus étaient également "présents lors de l'achat de la Mégane pour le compte d'Amédy Coulibaly". Ce véhicule, dont les clés avaient été retrouvées sur le tueur et était garé à proximité immédiate du lieu de la prise d'otages. A l'intérieur, les policiers ont trouvé une enveloppe contenant la photocopie d'une pièce d'identité de la mère de Willy P., originaire de Grigny où il a grandi avec Amédy Coulibaly, selon des témoignages recueillis par l'AFP.

Quant à Michaël A., son ADN "a été identifié sur la crosse, la culasse, le chien et la détente d'un pistolet automatique et d'un revolver de type Tokarev, deux armes retrouvées au domicile de Coulibaly à Gentilly" et son "profil génétique" a été "mis en évidence sur un gant retrouvé dans l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes", a détaillé François Molins.

De plus, ce suspect était en contact téléphonique régulier avec Coulibaly dans les semaines ayant précédé les attentats, jusqu'à deux jours avant le premier meurtre de Coulibaly.

A l'exception de l'un d'entre eux, Tonino G, qui n'a "aucun antécédent judiciaire", les quatre mis en examen ont déjà été condamnés, notamment pour vols, mais jamais en lien avec des affaires de terrorisme. L'un d'eux, Michael A., aurait rencontré Amédy Coulibaly en détention, selon le procureur.

Les trois tueurs étaient connus pour appartenir à la mouvance islamiste radicale. Chérif Kouachi a été condamné dans un dossier de filière d'envoi de jihadistes en Irak au milieu des années 2000.

Coulibaly était sorti de prison en mai après avoir purgé une peine pour participation à un projet d'évasion d'un auteur des attentats de 1995, Smaïn Aït Ali Belkacem.

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