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Valls évoque "un apartheid territorial, social, ethnique"

"Je suis Charlie" n'est "pas le seul message de la France au monde" pour Manuel Valls.[AFP]

"Je suis Charlie", le slogan emblématique de soutien à la liberté d'expression après les attentats en France, "n'est pas le seul message de la France au monde", a affirmé mardi Manuel Valls lors de ses voeux à la presse.

 

"Il ne faut pas réduire la France à un seul message. La France porte la liberté d'expression partout, mais elle défend aussi d'autres valeurs qui nous sont chères: la paix, le respect des convictions, le dialogue entre les religions", a déclaré le Premier ministre, alors que plusieurs manifestations anti-françaises se sont déroulées ces derniers jours dans le monde musulman.

Le Premier ministre a salué le "cri de ralliement" qu'a constitué le slogan d'hommage aux victimes de la tuerie de Charlie Hebdo et des attentats en région parisienne, un message "qui a réuni tous les Français, beaucoup de Français".

"Nous devons toujours éviter ce piège des amalgames, des identités irréconciliables. Ce piège que nous tendent les terroristes", a-t-il toutefois souligné dans un discours prononcé à Matignon.

 

"Un apartheid territorial, social, ethnique"

Manuel Valls a estimé mardi qu'il existait en France "un apartheid territorial, social, ethnique".

"Ces derniers jours ont souligné beaucoup des maux qui rongent notre pays ou des défis que nous avons à relever. A cela, il faut ajouter toutes les fractures, les tensions qui couvent depuis trop longtemps et dont on parle uniquement par intermittence", a-t-il déclaré lors de ses voeux à la presse.

"Après on oublie, c'est ainsi... Les émeutes de 2005, qui aujourd'hui s'en rappelle et pourtant... Les stigmates sont toujours présents", a-t-il ajouté.

Manuel Valls a insisté sur "la relégation péri-urbaine, les ghettos -ce que j'évoquais en 2005 déjà- un apartheid territorial, social, ethnique, qui s'est imposé à notre pays".

Il a évoqué aussi "la misère sociale" à laquelle "s'additionnent les discriminations quotidiennes parce que l'on n'a pas le bon nom de famille, la bonne couleur de peau, ou bien parce que l'on est une femme".

"Il ne s'agit en aucun cas, vous me connaissez, de chercher la moindre excuse, mais il faut aussi regarder la réalité de notre pays", a ajouté le chef du gouvernement en soulignant "cette peur collective face au chômage de masse, au chômage de longue durée, au chômage des jeunes, face à la vie trop chère, au risque de déclin, à l'angoisse du déclassement individuel qui pousse au repli sur soi, à l'angoisse des parents pour l'avenir de leurs enfants".

 

L'intégration "ne veut plus rien dire"

La lutte "avec acharnement" contre les inégalités, "est au coeur de cet enjeu fondamental qu'est la citoyenneté. C'est-à-dire ce sentiment d'appartenir à une même Nation, d'avoir un destin commun, d'avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs", a déclaré le Premier ministre lors de ses voeux à la presse à Matignon.

"Cette citoyenneté - ne parlons pas d'intégration, oublions les mots qui ne veulent plus rien dire - nous le sentons bien, (...) a besoin d'être refondée, renforcée, relégitimée", "peut-être d'autant plus" depuis la grande manifestation d'hommage aux victimes des attentats le 11 janvier.

"Nous devons combattre chaque jour ce sentiment terrible qu'il y aurait des citoyens de seconde zone ou des voix qui compteraient plus que d'autres. Ou des voix qui compteraient moins que d'autres", a dit le Premier ministre.

"Dans de nombreux quartiers, chez de nombreux compatriotes, ce sentiment s'est imposé qu'il n'y a plus d'espérance et la République doit renouer avec l'espérance", a-t-il ajouté.

Manuel Valls a fait part de sa "constance", notamment "pour être fidèle à l'esprit du 11 janvier" et a lancé un appel à la "fierté" d'être citoyen français, un message déjà porté dans sa carte de voeux pour 2015.

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