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Grève des médecins : pas de ruée aux urgences

Les Urgences de l'hôpital Cochin à Paris. [AFP / Archives]

Pas de ruée aux urgences: la ministre Marisol Touraine ne constatait mercredi "aucun afflux" de patients dans les hôpitaux malgré la grève des médecins libéraux, invités à baisser le rideau pendant les fêtes pour protester contre le projet de loi santé.

 

"Nous n'assistons à aucun afflux de patients en direction des urgences (...) qui fonctionnent de façon normale", a affirmé la ministre de la Santé, en marge d'une visite dans un hôpital parisien.

"Il n'y pas de report vers les urgences de patients qui auraient des difficultés pour trouver un médecin", a-t-elle insisté, ajoutant que "la situation sur le terrain était parfaitement calme et maîtrisée".

Dans la matinée, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), qui appelle généralistes et spécialistes à garder porte close du 24 au 31 décembre, avait annoncé que 70% des médecins en moyenne étaient en grève.

"J'invite à regarder avec précaution les chiffres avancés du nombre de grévistes", a répondu la ministre, pour deux raisons: "les médecins ne sont pas tenus de se déclarer et il y a des cabinets qui sont fermés de toute façon parce que c'est la période des fêtes".

Aux revendications tarifaires des libéraux - les généralistes demandant une consultation à 25 euros, les spécialistes la revalorisation des actes - s'ajoute la contestation du projet de loi santé, dont ils demandent la réécriture, voire le retrait. L'examen du projet par le Parlement est prévu en avril.

En cause, la généralisation du tiers payant d'ici à 2017, une mesure "inutile", "coûteuse" et "irréaliste", selon Jean-Paul Ortiz, le président de la CSMF. Les contraintes techniques du dispositif sont trop lourdes, tandis que les plus pauvres, couverts par la CMU (couverture maladie universelle), bénéficient déjà d'une dispense d'avance de frais, fait-il valoir.

Pour le président de la Mutualité française, Etienne Caniard, elle permettrait au contraire d'enrayer le renoncement aux soins de certains assurés. Un avis partagé par le Ciss, grand collectif d'associations de patients. "Beaucoup de gens se prennent de plein fouet les frais de santé", regrette Christian Saout, secrétaire général délégué du Ciss. 

Egalement dans la ligne de mire des médecins, le pouvoir accru des agences régionales de santé (ARS), chargées d'appliquer la politique sanitaire, synonyme, selon eux, d'"étatisation" de la santé.

Cette loi de santé "organise la médecine de proximité par les ARS", assure M.Ortiz, en référence au service territorial de santé défini dans le projet de loi, destiné à répondre aux besoins des territoires en matière d'offre de soins. Les médecins y voient notamment la fin de leur liberté d'installation.

 

"Réquisitionné le 31 "

Le responsable redoute "une bureaucratisation et une administration de la médecine libérale avec l'hôpital au milieu" et l'exclusion des établissements privés du nouveau service public hospitalier.

Une inquiétude partagée par la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), qui appelle à la fermeture des cliniques à partir du 5 janvier.

Mardi, la CSMF dénonçait "les préférences affichées du gouvernement" envers l'hôpital, après que les urgentistes eurent obtenu des avancées sur leur temps de travail et levé un préavis de grève illimité au bout de 24 heures.

Le même jour, les généralistes avait commencé à se mobiliser, leur principal syndicat MG France annonçant un taux de grévistes de 80%.

De nombreux syndicats de spécialistes (cardiologues, radiologues ou pédiatres) se sont joints au mouvement. "Il y a des spécialités qui seront plus visibles que d'autres", explique Patrick Gasser, président de l'Umespe, branche spécialiste de la CSMF. Par exemple, "impossible de faire fonctionner les maternités sans pédiatre", prévient-il.

La grève des libéraux a ainsi des répercussions dans les établissements de soins privés, assure Jean-Paul Ortiz, annonçant la fermeture de "100% des cliniques et centres de radiologie dans le Languedoc-Roussillon", par exemple.

Mais les ARS peuvent réquisitionner les grévistes pour assurer la continuité des soins promise par la ministre. Ainsi, l'association SOS Médecins, en grève du 29 au 31 décembre, est réquisitionnée du 24 au 6 janvier, selon la CSMF. Les praticiens ne dérogeront pas à leur devoir, promet M.Ortiz, lui-même "réquisitionné le 31 décembre".

Marisol Touraine prévoit de rouvrir les discussions avec les médecins à la rentrée.

 

 

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