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Otages : la France reste sous la menace

Serge Lazarevic à sa descente de l'avion le ramenant en France, le 10 décembre 2014. [MARTIN BUREAU / AFP ]

Serge Lazarevic était le dernier otage français dans le monde. Mais sa libération ne réduit pas les menaces pesant sur les Français à l’étranger.

 

"Nous sommes dans un monde dangereux". Après l’émotion et la joie provoquées par la libération de Serge Lazarevic, le Président François Hollande a très rapidement rappelé, hier, aux ressortissants français, les dangers qu’ils encourent dans certaines zones du monde.

Que ce soit pour leur symbole ou pour leur valeur, ils représentent en effet un bien convoité par les différents groupes jihadistes. Si bien que Serge Lazarevic pourrait très vite ne plus être le dernier otage français dans le monde.

 

La France particulièrement visée

"Faites en sorte de ne pas aller où vous pouvez être enlevés». On ne peut plus clair, le message de François Hollande s’adresse à tous les touristes et ressortissants français présents dans les zones à risques. Outre les pays en guerre totale comme l’Irak ou la Syrie, ces zones comportent, selon le Quai d’Orsay, «une trentaine de pays», essentiellement dans la zone sub-saharienne.

Pour les groupes jihadistes présents dans ces régions, la France reste une cible de choix pour plusieurs raisons. Historiquement, le pays tient un rôle très important en Afrique et au Moyen-Orient, ce que certains lui reprochent et veulent lui faire payer. En raison de cette Histoire commune, Paris reste très proche de nombreux gouvernements, et peut donc avoir une certaine influence sur eux, ce que le ravisseurs peuvent être tentés d’exploiter.

Enfin, et surtout, elle s’est illustrée ces dernières années par de nombreuses interventions militaires qu’elle a initiées (Mali, Centrafrique) ou auxquelles elle a grandement participé (Irak, Syrie).

François-Bernard Huyghe, directeur de recherches à l’IRIS et auteur de "Terrorismes. Violence et propagande" (Gallimard), fait toutefois la différence entre les groupes comme Aqmi, "qui ont une tradition de prise d’otage et de négociations", et ceux comme Daesh, "qui appellent à littéralement “massacrer” des Français".

D’autres groupes jihadistes, comme Boko Haram ou les Shebab somaliens, visent quant à eux tous les Occidentaux sans distinction.

 

Un risque encore accru

La politique internationale de la France en a donc fait une cible privilégiée des groupes jihadistes. Et paradoxalement, la libération de Serge Lazarevic, dernier otage français dans le monde, pourrait accroître encore un peu plus la menace.

Car si, officiellement, sa libération est le fruit d’un "engagement personnel" des présidents du Mali et du Niger et de "très longs mois" de discussions, du côté malien on assure qu’un "échange de prisonniers" aurait bien eu lieu.

Dénoncée par certaines organisations de défense des droits de l’Homme, cette méthode pourrait se retourner contre la France. "Le fait que le cas Lazarevic se soit bien terminé pour Aqmi pourrait les inciter à recommencer", assure François-Bernard Huyghe.

L’expert estime également que certains groupes, qui agissent de manière opportuniste, pourraient vouloir capturer un nouveau Français "pour se faire de la publicité". Dans ce cas, les ravisseurs attireraient en effet l’attention de tout le pays.

 

 

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