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La semaine de Philippe Labro : Les enfants de foenkinos, les hommes de poutine

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste. [THOMAS VOLAIRE]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

LUNDI 17 NOVEMBRE

On va sans doute me taxer de favoritisme à propos de Johnny Hallyday dont je parlais déjà, ici, la semaine dernière –, mais il se trouve qu’ayant reçu son nouvel album Rester vivant, je ne peux m’empêcher, en guise d’introduction, de signaler la qualité de ce CD

Musique, arrangements, sonorité, paroles de douze titres particulièrement bien écrits, et puis cette belle voix qui peut se faire douce, tendre, intime, autant que forte, voire violente. J’ai tout aimé, avec un faible pour Seul, On s’habitue à tout, Une lettre à l’enfant que j’ai été, Te manquer.

Les radios jouent le plus souvent Regarde-moi, car il est de tradition qu’on distingue un titre pour promouvoir l’ensemble, et il devient un tube (et il le vaut bien), mais tout l’album mérite votre écoute. Il connaîtra, je pense, un grand succès.

 

MARDI 18 NOVEMBRE

On apprend que David Foenkinos vient d’être sacré prix Goncourt des lycéens pour son beau livre, Charlotte (Gallimard) – comme quoi les lycéens vont plus clairement vers leurs choix, sans se préoccuper d’autre chose que du contenu d’un roman.

Il avait déjà reçu le Renaudot, et j’imagine que ce vote de jeunes gens qui savent et aiment lire lui aura procuré autant, sinon plus, de satisfaction. On a tellement parlé de ces prix littéraires, que ces quelques arbres cachent la forêt proposée depuis quelques mois.

En effet, pas un jour ne passe sans qu’un nouvel ouvrage – pas forcément romanesque – vienne augmenter la pile sur mon bureau. C’est une avalanche. Aussi bien en ai-je distingué deux, cette semaine, mais d’autres viendront plus tard.

Un léger, l’autre lourd. D’abord, il y a le nouveau Daniel Lacotte, son trentième livre autour des mots et de notre langue. Il y a eu son Petit précis des mots gaillards et polissons, son Dictionnaire des mots retrouvés, et ses Bizarreries de la langue française.

Ce coup-ci, dans une collection dirigée par Philippe Delerm (Points), Lacotte a recensé Les proverbes de nos grands-mères. Il y en a plus de 175 qui vont de A, comme «Abondance de biens ne nuit pas», jusqu’à V, comme «Les voyages forment la jeunesse».

On s’aperçoit qu’on les connaît pratiquement tous – mais Lacotte sait les commenter et les situer dans la littérature ou l’histoire. J’en ai relevé deux inconnus – en tout cas pour moi : «Les tonneaux vides sont ceux qui font le plus de bruit» ou «La lune n’a rien à craindre des loups». Lacotte vous en expliquera le sens mieux que moi.

Tout autre travail, celui-ci bien plus sérieux, documenté, révélateur, profond et brillant, et qui nous éclaire sur le «Système Poutine», intitulé Les oligarques (Robert Laffont), signé de Christine Ockrent.

C’est une série de passionnants portraits de ces aventuriers qui ont construit des fortunes colossales, puis sont tombés, ont été sanctionnés (comme Khodorkovski) et ont été remplacés par ce que la journaliste appelle les oligarques d’Etat, tous au service d’un seul homme, Vladimir Poutine.

L’actualité, depuis les débuts de la crise ukrainienne, sert merveilleusement l’objectif de Christine Ockrent. Ce livre tombe à point nommé pour que nous comprenions encore mieux à quel point le maître du Kremlin tient son pays.

Avec ce douzième ouvrage, Christine Ockrent, entre autres vertus, possède celle de donner toutes les références de sa démonstration. Il n’y a pas un nom, une date, un discours, une intervention ou une anecdote qui ne soient authentifiés. C’est du professionnalisme à son meilleur niveau, un roman vrai, celui du pouvoir absolu de Poutine, dont le monde entier se demande, chaque jour, jusqu’où il saura, pourra ou voudra aller.

 

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