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Bourreaux d’EI : le parquet confirme

La maison de Maxime Hauchard, bourreau présumé de l'Etat islamique.[CHARLY TRIBALLEAU / AFP]

Un Normand de 22 ans a participé "directement" à la décapitation de prisonniers syriens par le groupe État islamique (EI), mettant en lumière l'engagement jihadiste de Français en Syrie où ils représentent l'un des plus gros contingents d'Européens.

 

Un haut responsable français de la lutte antiterroriste a confirmé lundi à l'AFP que Maxime Hauchard était l'un des jihadistes filmés lors de la décapitation d'au moins 18 prisonniers syriens, dans une vidéo du groupe diffusée dimanche.

Le parquet de Paris avait déjà assuré un peu plus tôt que "des indices circonstanciés confirment l'implication d'un Français". Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait parlé, lui, d'une "très forte probabilité". Dans cette vidéo diffusée dimanche, les jihadistes de l'EI revendiquent aussi la décapitation de l'otage américain Peter Kassig.

Maxime Hauchard, originaire de l'Eure, est parti en Syrie en août 2013, après un séjour en Mauritanie fin 2012, a déclaré M. Cazeneuve. Il est visé depuis août par une enquête préliminaire pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, a-t-on appris de source judiciaire.

Dans la vidéo de l'EI, on voit un jihadiste jeune et barbu, ressemblant fort à ce jeune Français, vêtu comme ses compagnons d'un treillis camouflage. Au milieu d'une file, il conduit de la main gauche un prisonnier avant de saisir un couteau de commando.

Les prisonniers sont alignés à genoux, un jihadiste derrière chacun d'eux. L'homme ressemblant à Maxime Hauchard porte un couteau dans la main droite et pose la gauche sur le col du prisonnier. On ne le voit pas exécuter l'otage, mais on distingue ensuite la tête de la victime détachée de son corps.

"Leur faire faire ce genre d'horreur est à la fois un test - vont-ils en être capables? - et vise à les fidéliser au sein du groupe", a commenté un haut responsable français de la lutte antiterroriste. "Une fois qu'ils sont apparus commettant ce genre d'acte à visage découvert, il n'y a plus de retour en arrière possible. C'est une façon de les prendre eux aussi en otage."
   
 

Un deuxième Français?

 Mi-juillet, Maxime Hauchard a témoigné via Skype sur BFMTV à visage découvert depuis Raqqa, fief du groupe EI en Syrie. Il y raconte s'y être rendu depuis Paris via Istanbul, après avoir acheté un billet "pas cher", sans prendre soin de se "cacher".

Converti à 17 ans à l'islam, il explique s'être radicalisé avec des vidéos sur internet, affirme être parti seul, puis avoir été rapidement pris en charge en Syrie. "L'objectif personnel de chacun ici, c'est le chahid (celui qui tombe en martyr, NDLR). C'est la plus grande récompense", assure-t-il.

Les services spécialisés s'attachent à vérifier l'éventuelle présence d'un second Français sur la vidéo diffusée dimanche. "Il y a des vérifications en cours", selon une source proche du dossier. Ils sont convaincus de la participation de Français à des atrocités commises par différents groupes jihadistes. Comme cet homme actuellement détenu, qui a confessé après son retour en France avoir pris part à des exactions en Syrie, selon une autre source proche du dossier.

Un millier de Français sont impliqués dans le jihad en Syrie et environ 375 d'entre eux sont actuellement présents dans ce pays ou en Irak, faisant d'eux l'un des plus importants contingents occidentaux. Au moins 36 Français y ont déjà trouvé la mort.

Loin des caricatures, ces jihadistes ne sont pas forcément des jeunes fragilisés socialement, mais sont majoritairement issus de classes moyennes, selon une étude du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam (CPDSI). Et à l'image de Maxime Hauchard, ils sont recrutés à 91% sur internet.

Au total, quelque 3.000 ressortissants européens étaient partis fin septembre faire le jihad, selon le coordinateur européen pour la lutte antiterroriste Gilles de Kerchove. Bernard Cazeneuve a appelé les jeunes Français, "qui sont la cible privilégiée de la propagande terroriste, à ouvrir les yeux sur la terrible réalité des actions de Daesh", acronyme arabe de l'EI, les qualifiant de "prêcheurs de haine" qui "érigent en système la barbarie".

 

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