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Mort de Rémi Fraisse : violente polémique entre les écologistes et le gouvernement

Bernard Cazeneuve.[AFP]

Une violente polémique a éclaté mardi entre écologistes et gouvernement, deux jours après la mort de Rémi Fraisse lors d'une manifestation sur le site du barrage Sivens (Tarn), Bernard Cazeneuve dénonçant une "instrumentalisation politique" après la mise en cause par EELV des forces de l'ordre.

 

Un "scandale absolu", une "tache indélébile sur l'action de ce gouvernement", une première depuis la mort de Malik Oussekine lors d'une manifestation étudiante à Paris en 1986: la députée écologiste Cécile Duflot a laissé éclater sa colère, mardi matin sur France Info, après la mort de Rémi Fraisse, victime d'une explosion sur le site de Sivens dont l'origine reste à déterminer.

"Il y a 48 heures, un jeune étudiant de 21 ans dont l'activité bénévole était de faire découvrir la nature a été tué dans des conditions qui sont encore à éclaircir mais qui posent des questions extrêmement lourdes. Et depuis 48 heures, aucun membre de ce gouvernement qui avait pourtant, théoriquement, fait de la jeunesse une priorité, ne s'est exprimé pour présenter ses condoléances, pour dire qu'il regrettait infiniment ce qui s'est passé", a dénoncé la députée de Paris, qui a quitté le gouvernement en avril.

La famille de la victime compte déposer plainte mardi à Albi pour homicide volontaire commis "par une ou plusieurs personnes dépositaires de l'autorité publique". Son avocat, Arié Alimi, a dit mardi privilégier la thèse d'un "tir d'arme" par les gendarmes, jugeant "affligeant" qu'une information judicaire n'air pas été ouverte.

Lundi soir, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, avait condamné dans un communiqué les "violences inacceptables" survenues "en marge des mobilisations pacifiques dans le Tarn". "Je pense à la famille et aux proches de Rémi Fraisse, touchés par ce drame, et à leur peine. Ce gouvernement est attaché à ce que toute la lumière soit faite sur les circonstances de de drame", a poursuivi le ministre.

Mardi matin, la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, a évoqué une "tragédie" et présenté ses "condoléances".

Un simple "communiqué de presse de Cazeneuve pour dire qu'il y avait eu des affrontements", a dénoncé, de concert avec Mme Duflot, la secrétaire nationale d'EELV Emmanuelle Cosse. "Depuis 1977, il n'y avait pas eu de mort dans des manifs écolos" (mort de Vitali Michalon sur le site de Creys-Malville, NDLR). Et "depuis 1986 et Malik Oussekine, il n'y avait pas eu de mort dans une manifestation", a-t-elle souligné.

Au-delà des critiques sur la réaction du gouvernement, les écologistes attaquent les "modalités d'intervention des forces de l'ordre". L'eurodéputé José Bové a dénoncé une "erreur lourde" de Bernard Cazeneuve, qu'il accuse d'avoir "mis délibérément des gendarmes pour garder une zone dévastée sans aucun engin (de chantier), uniquement pour créer de la tension".

"Je vois beaucoup d'accusations alors que des enquêtes judiciaires sont en cours et je trouve cela assez peu responsable et assez peu digne", a répliqué mardi matin M. Cazeneuve, qui a recensé 56 policiers et gendarmes blessés depuis septembre autour de ce site de Sivens et dénoncé une "instrumentalisation politique".

Ces attaques très sévères des écologistes, qui souhaitent la création d'une commission d'enquête parlementaire, surviennent le jour où l'Assemblée nationale se prononce sur le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2015. Le résultat sera de nouveau examiné de près, une semaine après l'adoption à une courte majorité de la partie recette du budget de l'Etat ponctuée de 39 abstentions chez les députés socialistes et 14 chez les écologistes.

A droite, François Fillon (UMP) a évoqué la "part de responsabilité" de ceux qui utilisent "la violence politique", en particulier "les Verts". La mort de Rémi Fraisse est "un drame" et "je pense à lui et à sa famille d'abord". "Je ne dis pas que ce sont les Verts qui soutiennent ces extrémistes mais enfin, ils sont ensemble, d'une certaine manière, ils agissent ensemble", a déclaré l'ancien Premier ministre.

Pour le PS, le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis s'est dit "profondément attristé" et a dit souhaiter, dans un communiqué laconique, "que l'enquête établisse rapidement les circonstances exactes de ce drame".

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