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Barrage de Sivens : une autopsie prévue lundi

Le corps d'un homme a été retrouvé sur le site de Sivens dans le Tarn[PASCAL PAVANI / AFP]

Il est "impossible" en l'état de déterminer les causes de la mort de Rémi, ce manifestant de 21 ans retrouvé mort dans la nuit de samedi à dimanche sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn), a déclaré le procureur d'Albi Claude Dérens.

 

Les résultats préliminaires de l'autopsie du corps, prévue lundi à la mi-journée, devraient permettre d'en savoir plus, a expliqué le procureur à la presse. Il a déploré que les gendarmes chargés de l'enquête, "confrontés à l'hostilité" des manifestants, n'aient pu effectuer dimanche "la moindre constatation technique sur le lieu où le corps a été retrouvé".

"Selon les premiers éléments que nous avons recueillis, la mort a eu lieu dans le contexte d'affrontements avec les gendarmes vers 02H00 du matin", a de son côté déclaré à l'AFP Ben Lefetey, porte-parole du collectif Sauvegarde de la zone humide du Testet, qui regroupe la majeure partie des opposants au projet de barrage

"Nous ne disons pas que les forces de l'ordre ont tué un opposant, mais un témoin nous a dit que le décès s'était passé au moment d'affrontements", a-t-il souligné. "Un témoin dit avoir vu quelqu'un s'effondrer lors d'affrontements et être enlevé par les forces de l'ordre".

Les collectifs des opposants au barrage avaient appelé à un rassemblement en sa mémoire à Gaillac (Tarn) à 18H00.

Dimanche en milieu d'après-midi, les seules informations officielles sur ce décès émanaient d'un communiqué de la préfecture du Tarn, annonçant la découverte du corps vers 02H00 du matin.

Côté gendarmerie, le lieutenant-colonel Sylvain Renier, commandant du groupement de gendarmerie du Tarn qui supervisait sur place les opérations, a simplement indiqué que le calme était revenu "vers 21H00".

Mais, a expliqué M. Lefetey, des affrontements, plus sporadiques, sont survenus plus tard dans la nuit.

 

- Des 'anarchistes' -

La journée de samedi avait pourtant bien débuté, les opposants au barrage mobilisant quelque 2.000 personnes dans le calme. Parmi les manifestants, des soutiens de poids s'étaient déplacés, tels que le dirigeant du Parti de Gauche Jean-Luc Mélenchon et le député européen écologiste José Bové.

Interrogé par l'AFP, M. Bové a déploré dimanche la mort du jeune homme et regretté plus généralement la manière dont avait été mené ce projet accompagné de "violences policières importantes" au fil des dernières semaines.

"Il y a eu une espèce de gradation permanente pour que le projet aille jusqu'au bout et qu'au moment où le rapport (du ministère) serait rendu (lundi), le terrain soit dégagé et qu'il n'y ait plus de possibilité de marche arrière", a-t-il jugé.

Un rapport d'experts, commandé par la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, doit être rendu public la semaine prochaine.

Selon M. Bové, les heurts entre manifestants et forces de l'ordre ont débuté samedi en milieu d'après-midi mais en marge du rassemblement, "à environ 1 kilomètre" de l'estrade où se faisait les prises de parole. 

Selon le lieutenant-colonel, "100 à 150 anarchistes encagoulés et tout de noir vêtus ont jeté des engins incendiaires" et autres projectiles sur les forces de l'ordre.

Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes, de grenades assourdissantes et de flash-balls, a expliqué le lieutenant-colonel, précisant que des négociations avaient été entamées, en vain, entre un représentant pacifique des opposants au barrage et un des assaillants, qui avait alors dit qu'ils se réclamaient de "l'anarchisme".

Interrogé sur les manifestants les plus virulents, M. Lefetey a simplement évoqué "des radicaux qui voulaient s'attaquer aux équipements de chantier".

Selon une source proche de l'enquête, la victime "faisait partie de ceux qui étaient au milieu des échauffourées hier soir" (samedi).

Le projet de barrage-réservoir de 1,5 million de m3 d'eau stockée fait de plus en plus figure de "Notre-Dame-des-Landes du Sud-Ouest", en référence au site de Loire-Atlantique où une importante mobilisation a provoqué le gel en 2012 de la construction d'un nouvel aéroport.

Depuis le début des travaux de déboisement le 1er septembre, les échauffourées et les rassemblements se sont multipliés aux alentours du chantier. Le projet de retenue d'eau est soutenu par le conseil général du Tarn, qui le juge indispensable pour irriguer les terres agricoles. Mais les opposants dénoncent un projet coûteux destiné, selon eux, à un petit nombre d'exploitants pratiquant une agriculture intensive.

 

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