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Chômeurs, la rigueur ?

Image d'illustration [Fred Tanneau / AFP]

C’est le deuxième pavé dans la marre en une semaine. Emmanuel Macron a jugé nécessaire de réformer le système d’assurance chômage, dans une interview au Journal du Dimanche. 

 

"Il ne doit pas y avoir de tabou ni de posture", a déclaré le ministre de l’Economie, désireux de voir les partenaires sociaux "faire avancer les choses".

Il a ainsi emboîté le pas à Manuel Valls qui, lundi dernier, avait lui aussi estimé que la question du montant et de la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi devait "être posée".

Mais tous deux ont été recadrés au sein de leur camp par le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, qui ne veut pas en entendre parler.

 

Le système pointé du doigt

Serpent de mer, la refonte de l’indemnisation des chômeurs est prônée notamment par la droite et les organisations patronales, qui mettent en avant son coût élevé, surtout en cas d’inactivité forte : 33,6 milliards d’euros d’indemnités ont ainsi été versés en 2013 par l’Unedic.

Cet organisme chargé de la gestion de l’assurance chômage accuse un déficit de près de 4 milliards d’euros en 2014. La faute, selon ses détracteurs, à un système trop généreux.

Actuellement, un demandeur d’emploi éligible touche la même somme chaque mois pendant toute la durée de son indemnisation, qui peut aller jusqu’à deux ans, voire trois s’il a plus de 50 ans.

En outre, l’allocation maximale dans l’Hexagone est de plus de 7 000 euros mensuels bruts, beaucoup plus que dans les autres pays européens. Des largesses qui n’inciteraient pas à retrouver vite un emploi.

Les partisans d’une réforme proposent donc d’instaurer des allocations dégressives et/ou de réduire la durée d’indemnisation pour limiter les dépenses de l’Unedic et encourager un retour à l’emploi. Mais celui-ci reste compromis.

Dans le Sud, une expérimentation menée par Pôle Emploi montre que si 20 % des chômeurs ne cherchent pas activement un poste, c’est plus par découragement ou manque de savoir-faire.

 

Un débat épineux

Le recadrage d’Emmanuel Macron illustre l’explosivité du dossier au sein de la majorité. Le député socialiste européen Emmanuel Maurel a ainsi parlé, dimanche, de "provocation", tandis que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, appelait à "prendre le temps de la réflexion".

Et les syndicats montent au créneau. "Je ne sais pas si ce sont des annonces ou des ballons d’essai mais la réponse de la CFDT est là : c’est non", s’était emporté récemment Laurent Berger. La CGT avait, elle, dénoncé une "stigmatisation" des chômeurs.

Les Français se prononcent, eux, majoritairement (59 %) pour introduire des allocations dégressives, selon un sondage Odoxa publié ce week-end.

Quoi qu’il en soit, une réforme ne pourrait s’envisager qu’à l’horizon 2016, date à laquelle les partenaires sociaux devront s’atteler à une renégociation de la convention d’assurance chômage. 

 

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